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Archives pour 15 février, 2016

Knock Knock – Eli Roth – 2015

23.-knock-knock-eli-roth-2015-1024x682Evan et ses deux nénettes.

   6.0   On n’arrête décidemment plus (le come-back improbable de) Keanu Reeves, qui après (l’excellent) John Wick, se retrouve encore dans la peau d’un personnage mis à mal dans son propre foyer. Avec la différence qu’ici, il n’incarne ni un ancien tueur à gages et n’endosse pas de lourd background. C’est un architecte marié et père de deux enfants, archétype du cool guy, qui un soir alors qu’il bosse en écoutant un peu de rock sur sa platine à vinyles (Oui, ça a son importance) et tandis que sa famille se la coule douce le temps d’un weekend à la campagne, accueille deux nymphettes paumées et trempées, qui souhaitent le croit-il n’utiliser que sa connexion Internet pour rejoindre une autre soirée.

     Sans raconter ce qu’il adviendra de cet à priori banal knock knock nocturne et à priori pas vraiment dangereux (Deux nanas, quoi) le film va aller loin, très loin dans l’installation du malaise et de l’excitation (sa partie Nuit) et son versant torture psycho/porn le lendemain (Jour). La partie jeu de massacre est plus foutraque mais il y a des trucs assez dérangeants comme de voir Evan se faire baiser par la plus jeune en tenue d’écolière de sa fille. Le mec va souffrir et être vraiment puni, quoi.

     Roth comme Friedkin dans l’ouverture de Jade, avait bien pris soin de nous faire découvrir la maison, de nous y emmener par les routes de L.A. puis de nous engouffrer dans ses longs couloirs remplis de photos de famille, sculptures et tableaux d’art. Il fermera son film de la même manière, version carnage, comme si l’on sortait du The Party de Blake Edwards. Pas d’éléphant ni de mousse ici mais des tags de bites et d’insultes sur chaque revêtement mural. La dernière réplique du film, signée du gosse, en dit long sur Eli Roth, son humour malsain, sa complaisance horrifique et l’idée que tout est fun et anecdotique.

     Entre-temps le film aura donc détruit Keanu Reeves et le bourgeois fidèle qu’il incarne. Il aura détruit le semblant de trivialité familiale et son bonheur affiché durant les dix premières minutes, pour n’en faire qu’un produit victimisé par le désir et l’hypocrisie, sans possibilité aucune de s’en tirer. La première partie est excellente, jouant sur un crescendo bien malaisant comme il faut, aussi déroutant que peut l’être le personnage qui doit changer de chaise en permanence et nous faire partager sa nonchalance nerveuse et ses rires inquiets. Car Evan avait juste envie de baiser pour la fête des pères. Il sera servi. A prendre comme un Funny Games du Bis, en somme.

Discount – Louis-Julien Petit – 2015

15.-discount-louis-julien-petit-2015Rebelle.

   6.0   Il y a une scène symptomatique de ce cinéma où la gérante du magasin discount convoque une salariée et lui vante les mérites d’un départ volontaire (trop de pression, retour aux origines, penser sa retraite) et où l’on découvre à mesure que son speech s’adresse à tous les salariés puisque d’un plan à l’autre, l’interlocuteur a changé. C’est facile mais ça donne le ton. Tous les personnages sont réduits à être des pions sur un échiquier. Et paradoxalement, ce qui est très beau dans le film de Louis-Julien Petit, c’est que tous ses personnages existent indépendamment des autres, ils ont tous une histoire, une motivation, quelque chose à raconter, jusqu’à celle jouant la gérante (Zabou Breitman) qui est clairement la méchante du film (au service d’un méchant plus grand, indomptable) mais l’est moins dès qu’on s’invite au sein de sa fragilité familiale. Ce n’est pas un grand film, mais je vais m’en souvenir. Disons que c’est davantage un examen de société, mais c’est fait avec panache, c’est finement écrit, bien joué (Masiero, Demolon et l’excellente Sarah Suco, ici au centre) tour à tout drôle et terrifiant, mais c’est surtout suffisamment corrosif pour être un film de son temps. Et ça n’a jamais la prétention bien froide de La loi du marché ou du dernier Jolivet, pour rester dans le plus ou moins même thème. Alors certes c’est assez impersonnel (On n’est pas chez Loach non plus) mais en tant que comédie populaire sociale et réaliste (au sens où son utopie doit forcément mal finir) c’est assez réjouissant. C’est un film qui donne envie de lever le poing un peu comme Ressources humaines de Cantet donnait envie de se rebeller tous ensemble. Et puis surtout, tu ne vas plus jamais à la caisse automatique d’un supermarché en sortant de là. Bref, c’est l’archétype du grand petit film. Et pour un premier film, c’est tout à fait honorable.


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silencio


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