Père et fils.
5.5 Je tente une rétrospective Pierre Zucca, celui que Rohmer aimait tant. A première vue Zucca semble avoir pris de Chabrol et Rohmer, justement, puisqu’on y réutilise Bouquet et Luchini, ce dernier que l’on découvrait rapidement dans Le genou de Claire avant qu’il ne soit sur le devant de la scène dans Perceval Le Gallois (Vincent se glisse entre les deux). Les deux sont bien, cabotinent mais pas trop, irradient chaque parcelle du film mais pas trop. C’est pourtant chez Rivette que j’ai tendance à scruter en y regardant de plus près. Le mystère qui entoure le passé de ce père, sa vue en dégénérescence, puis ce curieux allemand qui refait surface. Le film semble s’ouvrir sur l’indomptable, on ne sait vraiment pas où il va. Zucca fut d’abord photographe de plateau chez Rivette, Truffaut et Chabrol entre autre avant de se lancer dans la réalisation. On pourrait grossièrement dire qu’il signe avec Vincent mit l’âne dans un pré une version comique et anecdotique de La maman et la putain d’Eustache. Quelque chose de plus léger sur l’enfant pas tout à fait adulte, qui vit aux crochets de son menteur de père. Le film est d’ailleurs dédié à tous les menteurs. Mais le titre suffit à établir le parallèle comique du projet avec son double sens sous calembour. Il y a une certaine théâtralité dans les dispositifs de Zucca, jusque dans son utilisation des décors, grandes pièces froides, statues en tout genre, que l’on vient briser par une filature en voiture ici, un cache-cache dans un jardin là. Cette manière de déclamer aussi chère à Luchini, à Bouquet aussi. Et il y a la composante très Rivetienne du jeu de piste, que Vincent introduit sans approfondir véritablement, autant dans le passé du père que dans son idylle mystérieuse. Zucca travaille beaucoup sur le hors champ, celui qui empêche pas exemple Vincent de voir ce qui se passe entre son amie et cet agent immobilier dans cet hôtel. Tout le dépasse car rien ne le concerne en fin de compte. C’est tout l’absurdité tranquille du film et semble t-il du cinéma de Pierre Zucca que de traiter un personnage central loin de toute faculté omnisciente. Ça ne va pas me marquer mais c’est à priori intéressant comme un second couteau de la post nouvelle vague.
0 commentaire à “Vincent mit l’âne dans un pré (et s’en vint dans l’autre) – Pierre Zucca – 1976”