Mon maître d’école – Emilie Thérond – 2016

2048x1536-fit_jean-michel-burel-enseignant-maitre-ecoleHéros malgré lui.

   6.5   C’est une déclaration d’amour à son instituteur. Emilie Thérond était dans cette école de Saint-Just-et-Vacquières il y a près de trente ans et son instituteur d’époque exerce toujours aujourd’hui, dans la même école, le même village dont il est aussi le maire. Emilie Thérond s’en va donc filmer une année durant le quotidien de cet homme qui entame sa trente-neuvième ou quarantième année dans cette école, il ne sait plus exactement. Ce qui est en revanche plus précis c’est qu’il s’agit de sa dernière avant la retraite. Le film on le sent est traversé par cette quête d’éternité et c’est d’autant plus beau de découvrir cela après avoir vu et revu l’intégralité du cinéma de Mikhaël Hers. C’est une fin de cycle pour tout le monde : Les enfants sont en CM2 et filent donc prochainement vers le collège ; Monsieur Burel termine ses quarante années de passion et d’abnégation ; Emilie Thérond retrouve ses dix ans et filme la dernière année d’enseignement de celui qui fut son professeur et qui aujourd’hui, nous avoue-t-il, accueille dans ses classes de nombreux enfants de parents dont il fut l’enseignant jadis. Tout le programme du film tient dans cette grande boucle temporelle, insondable, bouleversante. Pourtant, le film n’est jamais écrasé par son sujet : Il semble simplement faire la chronique d’une année scolaire et nous fait observer la relation privilégiée qui éclot et évolue entre le maître et sa vingtaine d’élèves. Si le film est parfois très beau et très émouvant, autant dans ses gestes les plus anodins (une ballade groupée vers le grand chêne) que dans ses instants plus lourds (Les festivités d’adieu) on pourra toujours regretter une fabrication assez peu aventureuse, la crainte de la séquence longue et une utilisation lourdingue de la musique de Yodelice. Faire un film sur un enseignant si peu soucieux des règles pédagogiques coutumières, en le traitant avec un formalisme si fade gâche un peu sa puissance, qui l’empêche d’atteindre les cimes bouleversantes et fascinantes d’un Etre et avoir. Evidemment, ça ne m’aura pas empêché d’avoir les yeux brillants voire embués tout du long.

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