Aller sans retour.
7.5 Outre le fait que ce Fleischer se déroule quasi entièrement dans un train, à l’exception de deux escales – les dix premières minutes qui nous y conduisent et une plus brève un peu plus loin – le film parvient à garder un rythme hallucinant d’un bout à l’autre, voguant entre cabines, étroits corridors et voiture bar avec une aisance de déplacement bluffante – accentué par de nombreuses prises caméra à l’épaule. Souvent relayé par de classiques transitions « train en marche » (afin de respirer un peu) et de salvateurs fondus enchainés (les bielles de la locomotive qui se transforment en lime à ongles, notamment) voire des surimpressions permettant de rester sur le même tempo tout en faisant avancer le récit, à l’image des deux/trois scènes de télégrammes ajoutées sur le mouvement du train, L’énigme du Chicago express est une formidable film noir dans la tradition du genre. Le récit est sec, famélique (une banale histoire de protection, le temps d’un voyage ferroviaire, d’une veuve d’un grand bandit, qu’une poignée de malfrats cherche à abattre, qui doit témoigner tout une liste de personnes compromises dans les affaires de son mari) et sans fioritures (1h11) si ce n’est cette fine thématique du double qui provoque un twist gratuit mais bien vu, aux trois quarts. Autrement, les dialogues vont à l’essentiel, Fleischer leur préférant les articulations physiques qui se nouent autour de sept/huit personnages, tout au plus et la tension que l’exiguïté du décor vient renforcer. A part ça, c’est fou ce que January Jones (Mad Men) me fait penser à Jacqueline White, dans ce film tout du moins.
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