Publié 12 mai 2016
dans M. Night Shyamalan
Papa, où t’es ?
5.0 Bien qu’il faille être solide pour encaisser l’atroce esthétique qui irrigue parfois le film, notamment dans l’épave du cockpit dans lequel est cloitré le père ainsi que dans les nombreuses apparitions d’animaux, et dépasser tout le début du film, assez désespérant avec son seul credo de faire d’un fils un ranger, et outrepasser les jeux inexpressifs de l’un (Will Smith est toujours aussi mauvais, mais pire cette fois encore puisqu’il doit jouer un personnage qui intériorise la peur tendance « Portait d’un homme constipé » et que c’est quasiment toujours grotesque) comme de l’autre, si l’on réussit à faire abstraction de tout cela, il reste un joli conte, un récit d’apprentissage mêlé à une forte relation entre un père et son fils (hantés par la mort) joués qui plus est par Will et Jaden Smith, père et fils. Tout est bien entendu cousu de fil blanc jusque dans les flashback idéalement disséminés dans le récit, ainsi que dans la dose continue de rebondissements offerts, mais en tant que course en forêt (sur une Terre devenue hostile pour l’Homme à cause, notamment, de ses brutales variations de températures) le film remplit sa mission, proche dans le déroulement d’un jeu vidéo, avec les rencontres par palier (singes, sangsue, aigle et lions) et le manque d’oxygène (Une sorte de jauge vie mise à mal par un manque de capsules d’inhalation) jusqu’au boss final (l’Ursa, qui détecte la peur des Hommes à partir des phéromones) dont on parle en permanence, qui est d’ailleurs la base du trauma familial, donc qu’on attend à voir et exactement de cette façon là – Où enfin, Kitai, parviendra à s’effacer. Cette idée est passionnante dans la mesure où l’effacement se joue aussi pour Will Smith, tête d’affiche qui s’efface, blessé, pour guider son fils dans la mission – Un parti pris de hors champ pur eut été toutefois plus judicieux. Ça reste à mon sens mineur dans la filmographie de Shyamalan, qui joue un peu trop à ne pas faire comme Hollywood, trouve un bon tempo minimaliste et parfois sidérant (Le retour de l’aigle) tout en se noyant en permanence dans un montage parallèle balourd, mais c’est attachant, parfois émouvant et surtout loin d’être la bouse que je m’attendais à voir.
Publié 12 mai 2016
dans Frederic Schoendoerffer
L’indic.
5.0 Avec les nanars que nous a récemment pondu Schoendoerffer (d’Agents secrets à Switch, en gros) ainsi que la présence au casting de Gérard Lanvin et Niels Arestrup en têtes d’affiche, Laura Smet, Anne Consigny et Sylvie Testud en seconds couteaux et ce titre, plaqué sur la durée maximum légale d’une garde à vue, soit donc 96 heures réduites en 96 minutes, ce nouveau cru avait sur le papier tout du best of irrécupérable. Arestrup incarne Kancel, un vieux caïd, qui profite d’une extraction pour kidnapper Carré (Lanvin) le commissaire de la BRB, afin de lui soutirer le nom de l’indic qui l’avait balancé trois ans plus tôt, pour le fiasco de son casse. C’est donc un duel d’intimidation entre un caïd vengeur et son flic otage, rien de plus. Evidemment, certains effets parasitent l’ensemble. Bien sûr, le montage parallèle est parfois chaotique ou fait pour empêcher que l’étirement provoque l’ennui. Pourtant, c’est haut la main ce que Schoendoerffer a réussi de mieux avec Scènes de crime, il y a quinze ans. Moi qui regardais Section zéro à côté je me rends compte à quel point Marchal peut être mauvais en tout quand son pote arrive parfois à trouver un correct juste milieu. Il y a plusieurs exemples : Les dialogues d’abord, chez Marchal c’est comme chez Arcady, c’est tellement grandiloquent, écrit dans la punchline que c’est ridicule en permanence. 96 heures est peu dialogué, juste ce qu’il faut et ça tombe bien car les silences d’Arestrup sont ce que le film trouve de mieux. Ce type peut vraiment être flippant s’il n’en fait pas trop ; Rectification, s’il lâche les chevaux avec parcimonie. L’autre élément c’est la violence, toujours utilisée comme un défouloir bien gras chez Marchal, qui adore ça et cela se voit. Dans 96 heures le premier coup de feu intervient après une heure de métrage et il y en aura à peine plus. Et au-delà de ces remarques, le scénario est simple, précis mais sait ménager ses progressions, ses zones d’ombre avant d’accoucher dans un final suffisamment anxiogène pour déjouer son caractère attendu (La fille qui entre dans la danse, la flic qui arrive à bout de sa quête solitaire, les hommes de main qui se grillent entre eux). Franchement, si l’on enlève les quelques phrases bateau qui ouvrent et ferment le film, on peut presque y voir un débouché d’Engrenages, mode format court en décor quasi unique, dans sa dynamique, son crescendo, ses infimes rebondissements en cascade. La musique signée Max Richter, qui accompagne le film tout du long, lui offre une ambiance froide et carré à défaut de nous propulser dans l’action et/ou l’horreur, et c’est tant mieux.