Robocop – Paul Verhoeven – 1988

03. Robocop - Paul Verhoeven - 1988L’homme de fer.

   7.0   C’est fou comme c’est un film passionnant ne serait ce que dans sa construction. Déjà d’entrée on nous assène d’images médiatiques sur des violences aux quatre coins du monde, avec moins la conscience du désastre que la passion maladive de l’information totale. De quoi te passer l’envie de mater n’importe quel journal télévisé. Ensuite, de façon plus classique, un personnage, Murphy, intègre le récit, il semble en être le moteur (C’est un flic qui vient de changer de division) et donc le héros ciblé. Il fait équipe avec une fille avec laquelle on pourrait déjà entrevoir un semblant de romance. Ils grimpent tous deux dans leur bagnole de mission, très volontaires ils suivent des caïds jusque dans une zone industrielle dans laquelle notre « nouveau » se fera massacrer, littéralement. Les voyous qu’ils filaient lui font sauter les membres à coup de canons sciés, lui déchiquètent son gilet par balles avant de le finir d’une balle pleine tête. La violence du machin, franchement. Tout conduit à ce que Murphy devienne le fameux Robocop, mi-homme mi-robot, évidemment. Mais il y a la manière de le faire. Qui succède qui plus est à une séquence aussi folle que terrifiante quelques minutes plus tôt, lorsqu’en pleine réunion à L’OCP, en réponse à cette volonté de créer Delta City en lieu et place de Détroit, détruite par le crime, on présente un prototype de robot flic (L’ED-209) qui sur une erreur technique va dézinguer le type qu’on avait pris pour cobaye. Le mec est transpercé de balles ; Un vrai hachis. Ça ne m’étonne guère venant de Verhoeven qui ne fait jamais rien à moitié, mais tout de même, j’avais un peu oublié à quel point le film pouvait être si sale. D’ailleurs, le film est régulièrement entrecoupé d’images de JT et publicités débilitantes de manière à accentuer l’image de cette société gangrenée par la télé poubelle. Tout se déroule dans un Détroit à moitié futuriste dans lequel les plus gros caïds sont au service d’une immense compagnie, qui régit tout y compris la police. Le Robocop est crée par un Numéro deux en réponse au fiasco du ED-209, type qui forcément se fera exécuté sans avoir le temps de profiter de sa nouvelle notoriété. C’est un film très sombre, d’autant que Murphy qui devient Robocop, conserve quelques unes de ses manies (Sa façon de ranger son arme, une réplique d’arrestation toute faite) ainsi que certains de ses souvenirs qui refont surface (Sa femme, son fils) et des flashs de ceux qui l’ont sauvagement abattu. Ironie géniale d’un film aux apparences de Vigilante movie (Forcément, Murphy va trouver le moyen de se venger) qui ne fait que triturer une société décadente, où les humains sont bientôt remplacer par des machines et où les cadavres s’empilent dans un jeu de massacre bien gore – Le futur Romano de Urgences s’en va littéralement fondre au contact d’une citerne de produit chimique (Séquence bien dégueulasse). Le sarcasme va jusqu’à faire de ces machines des pantins archi régressifs : Le système digestif de Robocop n’accepte qu’une purée pour bébé ; Le modèle de base meurt sur le dos ne lâchant plus que des cris d’enfant qui pleure. Et il y a cette arme blanche, régulièrement dégainée par Murphy (Sorte de clé Usb archaïque mais qui en jette) qui fait office de gros d’honneur. Oui, Robocop c’est quelque part un gros doigt d’honneur au tout Hollywood.

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