7.5 Pas le souvenir d’avoir été aussi exalté en salle par un Woody Allen depuis Scoop – Mon premier cru allenien découvert au cinéma, il y a exactement dix ans. Les deux films n’ont strictement rien à voir si ce n’est leur apparente futilité, la vitalité qui les habite et leur capacité de redistribution des cartes. Ce sont deux comédies, l’une sous forme de mini-polar londonien moderne, l’autre sentimentalo-familiale dans les New York et Hollywood des années 30. Une donnée qui en fait tout son charme puisque rarement Woody n’avait aussi gracieusement traité l’idée de la famille juive, par le prisme du cadet cherchant à s’extirper de ce monde qui l’épuise pour faire ses gammes à Hollywood. Café Society brille par son élégance, son tempo, ses décors (et la fluidité de leur agencement) ainsi que le parallèle permanent entre les paillettes de l’ouest et la post prohibition new-yorkaise de l’autre, ainsi que ce triangle amoureux qu’il met en scène. Je suis ravi d’avoir retrouvé là Kristen Stewart et Jesse Eisenberg, dans une histoire d’amour contrariée qui ressemble fort, dans le fond, à celle qu’ils faisaient exister dans Adventureland, de Greg Mottola. L’ambiance hollywoodienne a remplacé le parc d’attractions paumé mais les aspérités sont les mêmes : Quid de trouver un horizon amoureux, avant tout. A ce petit jeu, la première partie du film est assez réjouissante, dans chacune des compositions de duos à l’intérieur de ce trio, tout en quiproquo et confidences. Moi qui craignait que Steve Carell cherche forcément à dévorer la pellicule – Campant qui plus est un producteur incontournable – je suis ravi de l’avoir vu plus tourmenté qu’excentrique, proche puis lointain d’une seconde à l’autre, à l’image de son entier dévouement aux deux mondes qui font de lui ce qu’il est. C’est une affaire de dosage, parfait durant tout le film, qui réussit tout, même ses running-gags mafieux avec le frangin, jusque dans sa douce ellipse qui coupe le film en deux morceaux distincts. Lorsque Café Society se clos, sur une séquence de nouvel an à la géographie double et des regards fatalistes qui se superposent dans un fondu sublime, je n’en revenais pas qu’il se termine déjà ; J’avais l’impression qu’il venait de commencer. Je n’en demande pas tant à une comédie, surtout quand j’en attends rien comme ici. J’avais appris à ne plus trop attendre grand-chose ni d’un film faisant l’ouverture cannoise ni de Woody Allen, ayant l’impression qu’il ne faisait plus que des sous-produits de ses anciennes réussites. Avec Café Society, on sait dans chaque plan qu’on est dans un Woody Allen, pourtant je n’ai pas l’impression de l’avoir déjà vu faire ça. Je suis donc le premier surpris, je ne suis pas loin d’avoir adoré.
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