L’amour fou.
7.0 Les collines du titre sont celles sur lesquelles s’érigent un couvent. Voichita y a trouvé refuge depuis quelques temps déjà. Le film s’ouvre pourtant sur un quai de gare : Voichita de dos, marche entre les wagons et rejoint son amie, Alina, qui fond en larmes dès l’instant que leurs regards se croisent. Alina revient d’Allemagne et compte bien y repartir mais cette fois accompagnée de son amie. Elle leur a toutes deux trouvé un travail sur un bateau. Mais Voichita a trouvé la foi et avoue à Alina que ses sentiments pour elle ont été modifiés dans la mesure où Dieu a désormais sa place, considérable. Au-delà des collines est un film patient, à l’image de l’intégralité de cette nouvelle vague de cinéma roumain. Patient mais violent. Comme l’était 4 mois, 3 semaines et 2 jours, qui était d’ailleurs repartis de Cannes avec la plus haute distinction. C’est un double prix d’interprétation qui vient consacrer celui-ci, pas volé tant les deux actrices sont merveilleuses, aussi et surtout parce qu’elles sont filmées comme deux divinités prises dans le piège d’un amour impossible. L’écrin tragique qui se noue en crescendo, dans la volonté de l’une de ne pas quitter sa nouvelle maison et l’incapacité de l’autre à accepter leur séparation, crée un vertige absolument bouleversant et d’autant plus éprouvant qu’il est mis en scène avec le brio roumain que l’on appris à apprivoiser, au moyen de longs plans fixes (des dialogues entiers parfois) suivis de panoramiques folles ou de caméra portée visant à faire de ce couvent un vrai territoire de cinéma, dont l’infinité répétitive de lieux (cloitre, puits, chambres, église, clocher, réfectoire, portail, sacristie) dans le lieu n’a d’égal fascination que le tragique incontournable dans lequel cette histoire et la Roumanie toute entière (Les dernières minutes à l’hôpital ou dans le fourgon de police sont hallucinantes) sont happées, inéluctablement.