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Un village français – Saison 6 – France 3 – 2014/2015

20. Un village français - Saison 6A - France 3 - 2014Désilusions.

   6.0   On prend les mêmes et on continue. A la nuance près que c’est l’heure de la libération, dix mois après les évènements relatés dans la saison précédente. On est en août 1944, les américains ont débarqués depuis un moment, les allemands battent en retraite, les milices prennent le relais des exactions, les résistants s’acharnent et la radio diffuse le discours historique du Général De Gaulle : « Paris ! Paris outragé ! Paris brisé ! Paris martyrisé ! Mais Paris libéré ! » .

     À Villeneuve, pas vraiment d’effusions de joie, la guerre est finie mais elle se poursuit autrement. Si la ville sous l’occupation vit ses derniers instants, les cadavres continuent de s’empiler, les familles sont décimées, certains font profil bas ou s’exilent, d’autres retournent leur veste, font ce qu’ils peuvent pour survivre. Pour le compte des allemands encore présents les miliciens nettoient un maximum de réseaux de résistance (Séquence éprouvante dans une ferme familiale) et poursuivent leur mission de déportation des juifs.

     Raymond Schwartz plus que jamais amoureux de Marie Germain (Lui, aura vraiment fait la totale, entre 1939 et 1944) s’allie au groupe résistant, avec comme seul point de mire d’avoir de beaux jours à venir tranquille. Hortense Larcher abandonne Gustave pour suivre Heinrich Muller qui parvient à leur dégoter un Ausweis pour la Suisse. Suzanne et Antoine, esseulés, sont recherchés par les autorités. Daniel Larcher et Lucienne soignent une unité allemande réfugiée dans l’école. Et Gustave fait du marché noir. Ils ne sont pas au bout de leur surprise ni de leur peine et nous non plus.

     Raisonnablement, la série pourrait s’en tenir à la richesse de son récit choral, éparpillé, mais elle tombe régulièrement dans un sensationnalisme de bien mauvais goût (déjà observé dans les deux saisons précédentes) tout en suspense malvenu ou malhabile, surcharge des éléments de scénario quand ils auraient mérité simplicité. Malgré tout, il y a Marchetti qui de colère incompréhensible vient pendre Marie, à l’école, sans vraiment savoir pourquoi, c’est une grande idée, terrible. Il y a ce jeune milicien en plein doute aussi. Ou cette belle relation entre les deux résistants, Antoine et Suzanne, qui prend trop de place néanmoins. Mais ça passe.

     Le retour de l’allemand chéri de l’institutrice, qui apparaissait sous des bandages comme le grand brulé sans nom deux épisodes durant, c’est vraiment pas possible. Comment ne peut-on pas croire à ce point à la puissance de son récit ? L’attachement de Lucienne à un jeune inconnu mourant suffisait. Alors certes, le dernier épisode offre de beaux instants, avec l’enfant, mais c’est un peu gros. Et s’il n’y avait que ça mais non : On a aussi le droit au retour de Rita, la femme juive dont Marchetti s’était amouraché, avait mise en cloque puis fait échapper. Il y a l’exécution manquée d’Hortense et Muller, sauvée à la toute dernière seconde. La mère Chassagne et Hortense Larche qui se croisent dans une cellule provisoire. Des trucs de remplissage vraiment aberrants, incompréhensibles.

     La série avait su éviter ces poncifs jusqu’alors mais elle se noie dans l’épate, cliffhanger à gogo comme si elle voulait contrebalancer avec la fin de la guerre et sa propre fin, imminente. L’équilibre est rompu. Ella a simplement la chance que l’on soit familier de ses personnages, les pires ordures comme les bons bougres, aussi nuancés puissent-ils être. Et si, pour ces raisons, je pense que c’est la saison la moins homogène depuis sa mise en route, je continue de trouver ça passionnant dans l’ensemble, ne serait-ce que dans son approche de reconstitution et l’idée de centrer cette (demie) saison uniquement sur les quatre jours qui ont suivi l’heure de libération de Paris.

     La seconde moitié de saison est dans la continuité de la première, dans le bon comme dans le moins bon. Tout s’enchaine mécaniquement, trop rapidement, ne reste plus que des éléments de scénario (parfois grossiers) mis bout à bout. Le but est d’en mettre le plus possible. En plus d’avoir perdu en subtilité (J’ai le souvenir de longues séquences dans les premières saisons) la série s’est fragilisée dans son homogénéité à vouloir à tout prix rendre chaque personnage réversible, nous permettre de voir entre 40 et 45 deux versants d’une même pièce, qui s’adaptait au hasard des conséquences de la guerre et dorénavant à ce que leur offre ou laisse la libération. Le personnage de Jules ancien instituteur devenu préfet, humaniste par conviction devenu meurtrier par amour, je n’y crois pas, c’est forcé. La reconversion d’Antoine c’est à peu près n’importe quoi. Attention je ne dis pas que ça n’a pas existé, simplement que c’est mal raconté, leur transformation est trop brutale et semble ne relever que d’une planche de scénario. L’évolution de Raymond durant les trois premières saisons, c’était quand même autre chose. Dommage. Toutefois, le dernier épisode, d’une grande violence, s’avère puissant.

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