Conte cruel de la jeunesse.
7.0 Découverte d’une jeune cinéaste serbe qui a pile 30 ans lors de la sortie de Clip, son premier long métrage, pétri de talents et de promesses. C’est un film violent, d’une liberté de montage dingue, qui rappelle d’abord le cinéma de Larry Clark avant de clairement hériter d’Alan Clarke, dans sa folie maitrisée et ses improvisations canalisées. Les scènes de sexe, souvent très crues (Fellations explicites avec éjaculations, entre autre) ne sont jamais complaisantes d’une part car elles sont brièvement rapportées, comme des flashes, entre un repas de famille et une sortie de groupe (Rarement vu des raccords aussi francs) d’autre part car elles sont filmées de la même manière que tout le reste, frontalement, sans concessions. C’est l’énergie d’un Baise-moi avec le talent et le contexte social en plus. L’amour pour son actrice principale, vraiment incroyable, qui m’a rappelé celle de Victoria dans le film de Sébastien Schipper. C’est la cruauté d’un Naissance des pieuvres. Les fulgurances formelles d’un Spring breakers. Ça pourrait être un film de référents, sans personnalité, si Maja Milos n’y avait pas injecté ce sentiment d’urgence et cette énergie si singulière, sans doute très serbe. A la fois dans ces nombreux raccords hallucinants, je le disais, mais aussi dans les différents régimes d’images insérant souvent les images prises par les jeunes se filmant, en classe, dans les fêtes, en baisant, avec leur portable qui devient autant leur bouclier de protection qu’une arme de séduction perverse. Il fallait capter ce truc-là sans basculer dans une dimension putassière. Et Maja Milos l’a fait, haut la main. Réalisatrice à suivre de près.