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Archives pour juillet 2016

Aquarius – Kleber Mendonça Filho – 2016

16.-aquarius-kleber-mendonca-filho-2016-900x597La maison et le monde.

   9.5   J’ai beaucoup pensé au Tabou, de Miguel Gomes tant le film parvient lui aussi à embrasser une grande densité narrative et à diluer une large temporalité, à foisonner d’idées (des séquences à plusieurs niveaux de réalité, des plans hallucinants, des résurgences folles) tout en se focalisant autour d’un personnage en particulier. C’est à la fois l’histoire d’une famille, celle du Brésil, d’un immeuble, d’une femme. Sonia Braga est époustouflante, elle porte tout le film, irradie chaque plan de sa froide colère et son apaisante détermination. C’est définitivement l’année des femmes au cinéma, inutile de tous les citer, il y en a tellement, du film de Verhoeven à celui de Refn, en passant par ceux de Breton, Almodovar, Hansen-Løve. Aquarius est aussi et surtout un grand ballet musical, balayé au gré des disques écoutés par Clara, ancienne critique musical, entre Queen et Gilberto Gil, bref, un éclectique territoire sonore qui peut au détour d’une séquence lumineuse faire fusionner deux temporalités disjointes, au moyen d’une ellipse fondue, d’une brève apparition. Aquarius c’est aussi un grand voyage dans les quartiers moyens et pauvres de Recife, dont on foule la frontière sinon invisible, marquée par un maigre cours d’eau, sur une plage. Et Aquarius c’est aussi une histoire de cancer. Celui que l’on peut parfois combattre mais qui laisse des traces et celui, prolongement de la société, qui écrase tout, avec ce symbole père/fils, relais de générations de promoteurs à la médiocrité capitaliste dont le seul credo se résume à la réussite coute que coute. C’est Fassbinder au Brésil. C’est aussi un grand récit familial, ses mouvements mystérieux, ses repères douloureux, ses fantômes qui malgré leur absence physique, traversent le temps. De la mère de Clara, ici (Première séquence d’anniversaire sublime, où les discours des enfants se mêlent brutalement au souvenir d’une étreinte) à son mari (qu’on ne verra jamais) jusqu’à l’enfant de la domestique, dont on fête la disparition le jour de l’anniversaire de sa mère. C’est un film en trois chapitres, aux significations mystérieuses, jamais ancrés dans une mécanique attendue. Et c’est un appartement. Celui qui reste, seul contre tous, avec ce hamac devant la fenêtre s’ouvrant sur le front de mer, ce mur de vinyles, cette cuisine donnant sur un hall de secours, cette immense affiche de Barry Lyndon, cette commode sensuelle qui traverse le temps et convoque les souvenirs. C’est le souvenir d’un immeuble voué à disparaitre, avec son arrière cours qui ouvre sur des garages inhabités, cette entrée se jetant sur une plage dangereuse, ses vagues et éventuels requins. Et le monde se consume autour, à l’image de ces matelas brulés, cette fête bruyante dans l’appartement du dessus, avec orgie informe (Qui pourrait déclencher une bataille supplémentaire entre Clara et les promoteurs, mais lui donne plutôt envie de baiser, de son côté) et étrons dans les escaliers. Vestiges d’une société nuisible, d’où la sourde violence n’a d’égal que la quête éternelle du profit. C’est un film-monde, d’une richesse ahurissante, un grand film intime et politique, un acte de résistance tout en vibrations insolites, un grand film corporel d’une sensualité renversante, dont a l’impression qu’il a au moins encore autant à nous offrir dès qu’il s’en est allé.

Toni Erdmann – Maren Ade – 2016

197338_jpg-r_1280_720-f_jpg-q_x-xxyxx-900x506Déséquilibrés.

   7.5   Si le nouveau film de Maren Ade ne va sans doute pas autant me hanter que son précédent, le sublime Everyone else, je retrouve le cinéma qui m’avait séduit, la folie qui l’habite en permanence, les fêlures indicibles et invisibles, les cassures dans l’intrigue, ce mélange de gravité et de drôlerie, l’importance que le film va donner à un objet (C’était un petit bonhomme de gingembre, c’est une râpe à fromage) ainsi que l’immense décalage communicant (Sans doute la cinéaste la plus Antonionienne, aujourd’hui) qui peut régner au sein d’un couple ou entre un père et sa fille.

     Toni Erdmann semble évoluer sur des impulsions, un peu à l’image de son glissement au premier quart (De son quotidien à lui, on débarque dans son quotidien à elle) puis dans la gêne de leurs retrouvailles on évolue vers le jeu de rôle. S’il est sans nul doute millimétré dans son écriture, le film parait bâti à l’arrache ; On ne sait jamais où il va nous emmener. C’était déjà le cas dans Everyone else. Et si sa durée imposante (2h42) lui fait parfois défaut, elle est totalement justifiée car d’une part on a besoin de ce temps pour accepter le lien familial qui les unit, le mystère affectif qui les accompagne ; Et puis d’autre part elle guide le crescendo et permet au film de libérer toute sa puissance autour de quelques séquences fortes : Whitney Houston puis la naked party, en gros.

     La première séquence raconte déjà énormément. Un transporteur sonne à une porte, colis en mains. Un homme lui ouvre, s’indigne de recevoir du courrier et fait appel à son frère, pièce d’à côté, refermant la porte derrière lui. Le frère en question se pointe, même dégaine, une armoire à la tignasse grise, sinon qu’il est muni de lunettes de soleil, d’un tensiomètre et d’un dentier impossible. Il fait d’abord croire que le colis est piégé, qu’on lui a envoyé pour le désamorcer. Puis très vite il avoue la supercherie, explique que le frère c’était lui et s’adresse au transporteur autant qu’à nous « J’imagine que vous aviez compris ». Séquence géniale – construite avec rien, débouchant sur un monde – qui oriente tout le film, dans ce qu’elle apporte de loufoque dans une situation des plus banales, son aisance assez inédite à dialoguer avec l’absurde, et l’imposante durée des enchainements. Un monde violent et doux à la fois, sidérant et caressant, à l’image de son utilisation musicale. Si les films de Maren Ade sont dépourvus de musiques extra-diégétiques, contrairement aux Dardenne ses deux films se ferment sur un morceau qui enveloppe tout, qu’il s’agisse de Cat Stevens dans l’un ou The Cure dans l’autre.

     L’élément qui me chagrine un peu c’est la place offerte aux lieux, à l’espace en général ; Dans Everyone Else j’avais été marqué par cette Sardaigne archi solaire, ces jardins, ces chemins, ces terrains vagues, ces roches à escalader, cet horizon infini et ces maisons dévorées par les paysages. Ici, Maren Ade choisit Bucarest. Dans ce dédale monochrome d’appartements, chambres d’hôtel, Spa, restaurants, salles de réunion elle n’a guère les moyens que faire de ces lieux autre chose que des décors de situation. C’est mon seul regret mais il est imposant puisque là où je me sentais libre, où je respirais et me construisais mon propre film, là j’étouffe, je vois la fabrication, je me sens prisonnier de ressorts.

     Heureusement, le film est comme Toni, ce drôle de père, il a plus d’un tour dans son sac. C’est lui qui guide tout le récit d’ailleurs, affublé de perruque, costumes, petits mensonges, idées insolites, coussin péteur. C’est à la limite du trop-plein, mais le film reste jubilatoire et ressemble finalement pas à ce qu’on a l’habitude de voir. Inutile de préciser que les deux comédiens sont incroyables. Je ne voulais pas trop en dire car le film sort le mois prochain mais évidemment il faut y aller même si le mieux serait d’abord de voir ou revoir ce chef d’œuvre méconnu qu’est Everyone Else.

Le bureau des légendes – Saison 2 – Canal + – 2016

13627109_10153800357192106_2815372411416111681_nSecret défense.

   9.0   La première saison nous avait laissé sur de fines promesses et une bonne dose de frustration : Quelques lourdeurs (une voix off beaucoup trop omniprésente, des personnages fonctionnels et des scènes de formations ou d’interrogatoires un brin mécaniques et illustratives) empêchaient d’y voir ce qu’elle était pourtant déjà : Une mosaïque folle du quotidien des services des renseignements extérieurs français entre création de légende, clandestins envoyés sur le terrain, salle de crise, infiltrations et suspicions diverses autour des éventuels agents doubles.

     En filigrane de ce premier jet il y avait l’interrogatoire de Guillaume Debailly aka Paul Lefèvre aka Malotru (Mathieu Kassovitz) par la CIA, qui clôturait la saison et sera une donnée importante de celle à venir. Les dix épisodes de ce nouvel opus sont guidés par une lettre écrite par Malotru à sa fille avant son départ vers Raqqa pour une mission kamikaze. En plus de faire se chevaucher intrigues et personnages, histoires intimes et infiltrations, la série crée un vertige supplémentaire dans la gestion de sa voix off, accentuant la précarité identitaire de ses agents, veilleurs ou clandés.

     Si les intrigues précédentes (Autour de Cyclone, qui est revenu et Nadia El Mansour retenue prisonnière en Syrie, notamment) laissent quelques traces, Le bureau des légendes se concentre sur deux nouvelles sorties : Le départ de Marina Loiseau aka Phénomène (Sara Giraudeau) pour l’Iran où elle incarne une sismologue devant approcher le réseau nucléaire par l’intermédiaire du fils d’un haut dignitaire (De très loin ce que cette saison offrira de plus intense et éprouvant. Et bouleversant tant la relation entre Marina & Shaipur pourraient être l’autre versant de l’amour impossible vécu par Paul & Nadia) ; Et la neutralisation d’un djihadiste français, qui décapite les otages, qui a tout pour devenir un bourreau de Daesh (La séquence de double infiltration vécu par Raymond Sisteron avec la sœur de la cible, épisode 5 je crois, est un sommet de la saison).

     C’est rappeler combien Le bureau des légendes, contrairement aux habituelles séries françaises (à l’exception d’Engrenages) se cale énormément avec l’actualité et n’hésite pas à investir le terrain, à allonger certaines séquences, à créer du rythme avec de faux temps-morts (Nadia en Picardie, Malotru et sa fille), à créer le suspense avec de l’attente ou d’infimes évolutions de scénario (Le texto de Shaipur sur les indications nucléaires, le micro d’Henri Duflot), faire apparaître de nouveaux personnages (le journaliste allemand, incarné par Magne-Håvard Brekke, qu’on avait déjà adoré chez Mia Hansen-Love) et surtout faire naître de longues plages de tension, comme on en voit peu à la télévision – Soyons précis : Comme on en avait jamais vu ailleurs. Le fait que Rochant soit seul showrunner de cette entreprise y joue énormément : L’unité d’ensemble est le gros point fort.

     Et la série s’est construit son monde et sa propre zone d’exigence : Si chaque personnage de la DGSE se dore d’un surnom d’insulte du Capitaine Haddock, l’astuce si elle peut faire sourire, ne se vautre jamais dans le ridicule car tout est comme le reste : tient à merveille sa ligne de conduite, efficace et complexe. Ainsi, il en va de même des différents lieux que la série s’en va fouler : On y parle la langue locale, on y embrasse les coutumes. Et chaque séquence, aussi elliptique puisse-t-elle être offre un équilibre subtil dans chacun de ses récits en étoile.

     Concernant la fin du dernier épisode, aucun reproche à faire, de mon côté. Je trouve l’issue explosive nettement plus forte et mystérieuse que ne pouvait l’être celle de la fin de saison 5 d’Engrenages (qui elle était vraiment ratée) par exemple. Là on ne sait pas tout. C’est comme si plus tôt, on avait vu Marina sortir du camion sans l’interaction qui précède, on aurait trouvé ça peu crédible. Ou si l’on avait revu Shaipur avant sa probable dernière entrevue avec Marina. Je trouve que la série joue beaucoup là-dessus : Sur ce que l’on donne à voir ou non.

     Bref, on sait combien les suites sont dangereuses, combien elles peuvent briser l’ambiance originale et/ou tenter d’en faire trop, s’éparpiller et perdre en caractère. Et c’est une saison hallucinante pour ma part. Aussi bien dans la mission de Phénomène que sur celle autour du djihadiste. Tout est complexe, dense mais hyper fluide (cette fluidité qui manquait un peu à Baron Noir). Certains épisodes étaient pas loin de me faire défaillir tant ils sont tendus, éprouvants et menacent de tout faire écrouler d’un claquement de doigts.

Irresponsable – Saison 1 – OCS – 2016

irresponsable-serie-francaise-ocsRetour gagnant.

   8.0   En voyant récemment Le Nouveau, de Rudi Rosenberg, je me disais qu’il représentait bien et de façon assez singulière et pertinente ce que c’est que d’avoir 14 ans. Et en allant voir La loi de la jungle, d’Antonin Peretjatko, j’avais l’impression que pour la première fois on nous disait de but en blanc, que dans la société d’aujourd’hui, la majorité des stagiaires ont 35 ans. Irresponsable arrive dans cette veine là à relier ce double ancrage moderne. Il est donc possible d’avoir 30 ans, d’être père sans le savoir et d’avoir un CV à néant. C’est lorsqu’il postule comme pion dans son ancien lycée que Julien va croiser son amour de jeunesse et fumer un joint avec un élève dont il apprendra bientôt qu’il est son fils. C’est un pitch aussi génialement impossible que le scénario sera hautement probable, au sens où l’on finit par croire, au-delà du geste comique, à cette folle histoire, sans doute parce que les créateurs y croient dur comme fer aussi.

     Le premier épisode est très intelligent car il installe toute l’intrigue sans qu’on ait une impression de surcharge. Les suivants se positionnent dans sa roue ; Il y a une puissance dramatique en sourdine tant les premiers épisodes semblent relativement inconséquents (à l’image de celui de la « fugue » nettement en-dessous du lot) mais le crescendo émotionnel va s’installer progressivement et finir de l’emporter par ko.

     L’épisode du diner marque la rupture. Jacques n’apparait pourtant pas dans cet épisode mais il est partout car c’est ici que la comédie de remariage explose et prendra son envol sublime lors des trois derniers. En effet, comment s’attendre à celui qui s’offre derrière, celui de l’anniversaire de Jacques, avec un marivaudage de grande classe lui permettant d’être à la fois au milieu de ses parents que de ses grands-parents respectifs ? Comment parvenir à créer cette union magnifique autant qu’insolite dans cette cuisine, autour d’un texto et d’une cigarette ? La cuisine confirme d’ailleurs aussi l’alchimie délicate mère/fils qui règne entre Julien et sa mère, ce même si leur relation peut parfois sembler houleuse ou s’aventurer dans le dialogue de sourds. Et que penser alors de ce plan panoramique dans la rue où la perfection de la reconstruction est désamorcée par cet humour bien caractéristique « Putain tu pues des cheveux. Je t’aime mais tu pues des cheveux » ?

     C’est une série aussi très drôle, qui trouve de vraies trouvailles comiques où les petits détails importants sont légion et finissent d’emporter l’adhésion, comme la bière posée sur le lit qu’on finit forcément par renverser ; La portière de voiture qui reste fermée car « J’ai ouvert quand t’as ouvert » ; Le « Best grand’ma » sur le tablier ; La petite cabane dans les bois ; La capote ; Les couleurs des manteaux ; Et puis le générique est très beau, ça m’a plu de l’entendre et de le regarder dix fois.

     Et tous les personnages, j’ai bien dit tous (même Adrien, si si) m’ont plu et surtout les femmes. La mère dégage un truc qui me plait beaucoup, un truc de mère dépassée et de grand-mère décomplexée (Ce qui est assez étonnant étant donné les évènements) que je trouve assez réjouissant. Elle n’est jamais un faire-valoir, mais un vrai personnage, comme pouvait l’être la mère d’Hervé dans Les beaux gosses. Et Emma est géniale. Elle est belle, elle a quinze ans, elle a donc tout pour être la pétasse écervelée du lycée – Celle qu’on nous offre régulièrement dans les fictions stéréotypées – mais c’est en fait la plus lucide, intelligente, ouverte. Et puis il y a Marie. Ah, Marie. Je suis amoureux.

     C’est bien simple, j’ai adoré. C’est une vraie bouffée d’oxygène, aussi bien dans le paysage de la série française que dans le format série tout court, à ranger sans forcer aux côtés de Love, la dernière production Apatow. Et je suis ravi de revoir Sèvres ou proche Sèvres (Chaville en l’occurrence) à l’écran depuis le sublimissime Memory Lane, de Mikhaël Hers. Belle et mystérieuse à la fois, solaire/automnal d’un côté ou lumineuse/hivernale de l’autre, il y a dans ces deux approches formels des lieux quelque chose qui me touche beaucoup. On a l’impression qu’on n’avait jamais filmé ces lieux comme ça. Qu’on ne les avait jamais vus sur un écran avant. Bref, la saison 2016/2017 commence de fort belle manière. Vivement la suite !

La porte du Paradis (Heaven’s Gate) – Michael Cimino – 1981

06.-la-porte-du-paradis-heavens-gate-michael-cimino-1981-900x599Désillusions en terre promise.

   9.0   Voilà un moment que j’envisageais de voir la version longue de La porte du paradis, la seule approuvée par l’auteur. J’avais découvert il y a quelques années la version amputée d’une heure, dans laquelle de nombreux personnages étaient sacrifiés, le rythme décousu, dans laquelle il manquait clairement une unité. La disparition de l’auteur, outre de m’avoir donné envie de revoir The deer hunter, m’a rappelé que j’avais cet énorme morceau sous le coude. Impossible d’évoquer Heaven’s gate de Cimino sans parler de ce qu’il représente dans l’histoire du cinéma : la fin du Nouvel Hollywood, puisque à l’instar du Sorcerer de Friedkin, son échec cuisant vient rompre l’élan seventies, démesuré, téméraire, flamboyant.

     Rien d’étonnant à voir cette ouverture aussi visionnaire que pragmatique dans laquelle des étudiants de Harvard reçoivent et fêtent leur diplôme puis dansent la valse sur Le beau Danube bleu dans un immense jardin universitaire – Combien de figurants ici à Harvard, combien plus loin durant la bataille en plein champ de poussières ? Et pourtant, jamais Cimino ne va les utiliser pour accentuer la fresque, ils sont accessoires dans la construction voire parfois leur brèves apparitions crée un mouvement mystérieux. C’est la fin d’une époque et pas n’importe laquelle puisque nous sommes en 1870 et si un énorme écriteau floral annonce le début des Seventies, c’est la rupture du prologue nous propulsant vingt ans plus tard, qui enterre autant les aspérités que les enchantements et clôt une trouée folle d’un siècle, le récit s’amalgamant malgré lui à celui du cinéma des années 70.

     Le montage extrêmement syncopé du discours devant l’assemblée universitaire focalise trois visages, celui de deux hommes que le temps va finalement opposer et celui d’une femme qui disparaitra du film avant de revenir dans un bel épilogue, d’une tristesse absolue. Entre 1870, Harvard, Massachussetts et 1903, Rhode Island, il y aura 1890, époque noire durant laquelle de riches éleveurs du Wyoming envisagent et mettent au point une stratégie pour se débarrasser des voleurs de bétail, en embauchant des mercenaires, évidemment soutenus par le gouvernement. 125 noms sur une liste. Des immigrés de l’Europe de l’Est principalement ; Maris et femmes, parfois. On plonge en pleine guerre civile et ce par le prisme d’un triangle amoureux composé de James Averill (Kris Kristofferson), Ella Watson (Isabelle Huppert) et Nate Champion (Christopher Walken) – Tous trois étincelants – qui transforme peu à peu le western fordien et la fresque griffithienne en grand mélodrame Sirkien – Le beau Danube bleu au ralenti après la grande bataille finale, mon dieu.

     Une séquence sublime et folle rappelle combien Cimino n’a que faire du naturalisme, une séquence qui symbolise à elle seule le pouvoir sidérant du film et son refus de l’académisme. C’est une scène dansante, quasi centrale. Dans un hangar nommé Heaven’s gate, les immigrés dansent sur les planches, chaussés de patins à roulettes devant un petit orchestre. C’est le dernier moment de joie du film, complètement suspendu mais qui à l’instar de la scène du prélude de Chopin dans Voyage au bout de l’enfer vient scinder le film non pas par une ellipse tonitruante mais par une rupture impossible, quasi onirique : Jeff Bridges s’en va vomir dehors. Isabelle Huppert et Kris Kristofferson quittent leur danse et vont le rejoindre. Déjà, cet instant est parcouru d’une angoisse qui n’avait pas encore eu lieu – On s’attend à voir débarquer les mercenaires d’un moment à l’autre. Puis ils le laissent et reviennent dans le hangar. Là, la foule a disparu. Ne reste plus que le petit orchestre. Ils dansent tous deux la valse, seuls, un long moment. Puis ils s’échappent calmement – La musique comme le brouhaha de la foule précédemment, s’est éteinte progressivement – et viennent fouler les rives d’un lac comme pour se recueillir, déjà. Je me demande si Cimino fera mieux que ça dans toute sa carrière. D’une part c’est magnifique, beau à chialer. D’autre part, c’est tout le Nouvel Hollywood qui s’en va ici, disparait sous des lettres peintes sur un hangar, un coucher de soleil derrière une montagne.

     Pourtant, si par-delà la fresque opératique Cimino extraie quelques éléments centraux, l’opacité de leurs liens, de leur passé, de leurs motivations crée un trouble identificateur qui peut aussi être la cause de son échec. Ainsi, comment être ému par la mort de Nate qui deux heures plus tôt tuait de sang-froid un immigrant ? Qu’en est-il du passé d’Ella ? Et de cet entre-deux permanent dans lequel Averill construit son tombeau ? Quelle passerelle existe-t-il entre ces échanges de regards initiaux (qui annoncent des retrouvailles) et cette cigarette sur le yacht à la fin ? Et plus tôt, vers quelle horizon ouvre la diatribe interminable d’Irvine (l’ami de Averill) sinon celui du conservatisme rance, de la démocratie contrôlée, quand bien même son aisance oratoire paraisse accompagnée d’un vent de jouvence libre et humoristique. La porte du paradis est un film riche mais aux divisions secrètes, dont on ne peut jouir pleinement de leurs ramifications en un unique visionnage, aussi parce que le film refuse constamment autant une linéarité dramatique préconçue qu’une danse rythmique ordinaire.

     La version amputée m’avait surtout fait oublié combien Heaven’s gate est un puissant mélo traversé par le bruit et la poussière ; Autant que The der hunter était une fresque intime tout en vodka et roulette russe. C’est un chef d’œuvre absolu, incontestable. D’une beauté inouïe.

La loi de la jungle – Antonin Peretjatko – 2016

03. La loi de la jungle - Antonin Peretjatko - 2016Si vous n’aimez pas la Guyane, si vous n’aimez pas les mygales, si vous n’aimez pas la boue, si vous n’aimez pas rire, allez vous faire foutre !

   7.0   C’est toujours très délicat de confirmer les promesses d’un premier long métrage aussi beau et singulier, mais Antonin Peretjatko s’il faisait des courts métrages avant La fille du 14 juillet a continué d’en faire après ce qui lui a permis de préserver sa fougue, son humilité, son envie. La loi de la jungle devait préalablement être un court métrage d’ailleurs. Il en a les contours mais le format long lui sied à merveille. Ici, le monde semble laissé aux mains des stagiaires. Et Châtaigne, stagiaire au ministère de la norme se voit contraint de voyager en Guyane pour vérifier la mise aux normes du chantier Guyaneige : Le projet d’une future piste de ski indoor créée dans le but de relancer le tourisme. Mais Châtaigne est poursuivi par les huissiers car pas de bol, son homonyme s’est trouvé une spécialité : Faire croire qu’il est mort. Un problème parmi d’autres.

     La fille du 14 juillet et La loi de la jungle se ressemblent comme deux gouttes d’eau, ce sont les deux versants d’une même personnalité (un bordel organisé face à une organisation bordélique) et sa représentation du road-movie d’une part puis sa démarche politique ensuite même si l’on voit que l’un ne va pas sans l’autre, que l’un pioche dans l’autre et vice-versa ; Qu’ils forment tous deux une sorte de dytique ; Que ce sont des farces tout en étant de vrais films politiques. Dans les deux films ce sont d’ailleurs Vimala Pons (clope au bec) et Vincent Macaigne (en costard) qui sont les vedettes (Pator & Truquette sont remplacés par Châtaigne & Tarzan) nos nouveaux représentants comiques, bien qu’ils évoluent dans un repère plus fermé que ne pouvait l’être Belmondo aux époques De Broca. C’est d’ailleurs à ce dernier qu’on pense avant tout devant La loi de la jungle (Ainsi qu’à Rappeneau pour Le sauvage) sans doute parce que l’action y est tournée en décors naturels mais aussi parce que le montage ne lésine pas à entrecroiser les saynètes sur un mode quasi épileptique, parfois trop d’ailleurs.

     Et si l’on pense parfois à Rozier notamment dans ces magnifiques échappées romantiques et poétiques (On se souvient de ces trouées Tchekhovienne dans le précédent) on peut croire qu’une source d’inspiration est à chercher du côté de Godard (La superbe bande-annonce était calquée sur A bout de souffle) dans la mesure où tous deux racontent beaucoup, chacun à leur manière, du monde actuel ; Et tout le paradoxe est là puisqu’il s’agit de taper volontiers sur la cinquième république en général, les tableaux de Mitterrand ici et Chirac là l’attestent, on a souvent même l’impression d’être sous mandat De Gaulle – Cette liberté politique dans le récit est  définitivement la marque du cinéaste. En ce sens La loi de la jungle rappelle inévitablement la folie qui habitait le OSS 117 de Michel Hazanavicius, et si tous deux pensent le gag et les tiroirs scénaristiques de manières presque opposées il y a cette excentricité dans l’écriture et la construction qui ne manque pas de dépoussiérer la comédie française.

     Alors on pourra toujours critiquer les problèmes de rythme (Qu’on avait déjà pu observer dans La fille du 14 juillet) mais ce serait vraiment lui ôter son caractère explosif et sa volonté de transcender le genre. Le film est d’ailleurs souvent drôle et s’il l’est moins ou foire parfois ses tentatives, il ne bascule jamais du mauvais côté, ni dans la facilité outrancière ni dans la vulgarité. Chaque élan est immédiatement compensé par un nouvel enchainement. Le film ne se pose jamais (il est d’ailleurs légèrement accéléré) et il est rare en 2016 de voir une comédie pure qui tente autant de choses, alors qu’importe si elle réussit brillamment une séquence aphrodisiaque ici, s’envole littéralement durant celle des arbres là, rate un peu son combat à la Bud Spencer, est un peu lourde dans son running-gag fléchettes ou ne propose pas grand-chose de neuf lors d’une partie de golf sinon que le green est rempli de mygales, c’est son foisonnement permanent qui séduit et file une pêche d’enfer.

Le Nouveau – Rudi Rosenberg – 2015

13654323_10153808296732106_6361415771425425757_nBande de loosers.

   7.0   C’est un tout petit film, d’une humilité incroyable (1h17) qui raconte tellement et se permet à la fois d’être très drôle, touchant et cruel. En ce sens il saisit à merveille cet âge ingrat – Classe de quatrième, pire moment de scolarité ever, non ? On pourrait voir ça comme les origines des Beaux gosses. Voire de Projet X. Voire de Supergrave. Car oui, il y a du Apatow là-dedans, dans le rythme, les tentatives, la générosité. En France on n’a jamais vu ça comme ça, en tout cas. Le film n’est pas si sage, il n’hésite ni sur la violence des mots ni sur les saillies trash ; Il n’est jamais populiste ; Il n’en fait pas trop ni dans le langage, ni dans les postures ni dans la cool-attitude pour séduire les gosses de la génération Facebook. Par ailleurs si le récit se déroule aujourd’hui, rien ne vient placarder une temporalité précise. Ça semble aussi bien représenter la génération d’Hier que d’Aujourd’hui. Il y a Max Boublil qui pourrait servir de caution comique pour les plus grands mais pas du tout, il est bon comme souvent, drôle mais en retrait. Les vrais héros ce sont ces gamins de 14ans – Et chacun de ces petits protagonistes sont de vraies trouvailles. Ils pourraient être des stéréotypes (L’intello à lunettes, le cancre beau-gosse, le petit timide, le gros relou…) mais ils sont si brillamment écrit, toujours un cran et un temps en-dessous ou au-dessus qu’ils ne font jamais ersatz de LOL et autre comédie ado à deux balles. Mieux c’est un film très touchant dans les liens qu’il tisse, aussi fragiles (l’âge oblige) soient-ils. Tous sont des loosers, même ceux qui pensent ne pas l’être. Car c’est l’âge de la loose. Point barre. Et ça rappelle autant l’issue du film de Sattouf que celle de Microbe et Gasoil, l’autre bonne comédie ado surprise de l’an dernier signée Michel Gondry. Là-dedans ils ont tous un rôle ambigu à jouer même ceux sur lesquels on n’aurait pas misé un kopek, comme la frangine du méga looser. Et le film se ferme sur David Guetta. Ça fait peur hein ? En fait non, car pas vraiment : Il s’agit de la chorale de classe qui reprend de manière génialement ridicule l’un de ses tubes (Constantin, quel personnage magnifique) bref intelligence et finesse jusqu’au bout. Ça m’a presque rappelé le final de School of Rock, c’est dire. Et surtout, le film est fidèle à son titre, il raconte beaucoup ce que c’est que d’être nouveau dans une école en classe de quatrième. L’enfer évidemment. Et puis hormis dans la première scène, il n’y a pas de parents, zéro, nada, c’est important. Enfin ils sont partout (« Faut que je demande à ma mère » « Pas possible chez moi, mes parents sont là » « Ta mère je la baise ») mais jamais à l’écran. Quant aux idylles, éphémère pour l’un, unilatérale pour l’autre, c’est tellement ça, tellement vrai, tellement violent. La fin avec la suédoise relayé par cet échange de regards avec une autre fille durant la chorale. L’éternel recommencement. Faut vraiment être solide à cet-âge-là. Bref, réussite totale. Je pourrais le revoir illico sans problème.

Game of thrones – Saison 6 – HBO – 2016

13631616_10153800357122106_1944173727140183386_nRenaissance.

   8.0   C’est la saison de la résurrection des Stark, clairement. Lors du final de l’opus précédent, chacun se voyait ancré dans un futur au moins indécis (Arya perdait la vue, Sansa s’échappait mais où ?) sinon anéanti (Jon Snow « For the watch ») et très vite ici leur avenir se pare de promesses, d’une nouvelle donne : Mélisandre (Pile : Bombasse ; Face : Shining) c’était attendu, ramène Jon à la vie et l’épisode en question fait les choses dignement ce qui permet au futur king in the north d’affronter Ramsay « Pire ordure » Bolton dans un traditionnel épisode 9 de grande tenue (Immense réalisation de  Miguel Sapochnik) ; Arya est en plein apprentissage guerrier chez les Sans-Visages de Braavos ; Sansa est en route pour récupérer Winterfell, Théon Greyjoy puis Lady Brienne puis Littlefinger (un retour sobre mais toujours là quand il faut celui-là) aidant ; Et dans un registre parallèle (car les saisons précédentes l’avaient un peu abandonné) Bran réapparait affublé d’un pouvoir lui permettant de voir le passé, les débuts de son père compris. C’est donc l’occasion d’un retour de Ned Stark (Et d’un Sean Benn lookalike un peu foiré) et d’un épisode titanesque autour de Hodor, Lostien en diable. Que demander de plus ? Un peu plus d’embrasement, peut-être. A King’s Landing et à Meereen, surtout. La partie Daenerys est plus intéressante cette année, plus ambigu, mais il manque encore le souffle qu’on voudrait lui trouver – Quoique de beaux instants s’en échappent ci et là, comme Thyrion et les dragons, Daenerys s’extirpant des flammes, encore. La famille Lanister décimée, King’s Landing n’a que peu d’envergure (Vraiment le point faible de la saison, chaque séquence là-bas provoque l’ennui) mais il faut attendre les vingt premières démentes minutes du season final pour se prendre une claque dans la gueule. On savait Cersei capable de tout, mais là, eh bé. Elle a quelque part sa propre résurrection puisque d’une marche expiatrice (5.10) elle termine sur ce qu’elle convoitait plus que tout : le trône. L’échange de regard qu’elle tient avec Jaime dit tout de la cassure idéologique et affective qui s’est immiscée entre eux et les sépare probablement de manière définitive. Quoiqu’il en soit, Jon Snow et Bran de côté il s’agit clairement de la saison du Girl power. Cersei et Daenerys prennent de la place, comme d’habitude. Mais ce sont les transformations de Sansa et Arya qui sont les plus imposantes. Sans parler de Yara Greyjoy, Lyanna Mormont et les Dorniennes. Une fois encore, chaque épisode pris un par un, chaque semaine, semble offrir un ensemble inégal. Mais au sortir, c’est bien sa richesse dans ses enjeux et dans ses différentes intrigues qui l’emporte.

The Party – Blake Edwards – 1969

02.-the-party-blake-edwards-1969-900x583Genre : Médicament.

   8.5   Revoir The Party ne fait jamais de mal. C’est une affaire de décors, il y en a deux : le premier est un désert qui fait office de décor de cinéma, le second la villa d’un grand producteur qui reçoit des convives pour une fête. Blake Edwards va pulvériser les deux décors et pour ce faire, va injecter un personnage, un étranger, maladroit, qui à la manière d’un Tati (perdu dans La Nuit, d’Antonioni) va habiter et malmener des lieux trop grands pour lui. Durant le tournage, il fait d’abord exploser la forteresse avant la prise puis plus tard va dynamiter de petits enchainements en petits enchainements la fête dans laquelle il est invité suite à un énorme quiproquo. C’est un film réjouissant qui prend son temps pour tout mettre en place : C’est d’abord un mocassin plein de cambouis perdu dans une piscine de décoration, qu’on finira par retrouver sur… un plateau de petits fours ; C’est ensuite ces innombrables verres d’alcool qu’on lui propose, qu’il refuse et qui sont donc consommés par le personnel qui file vers sa cuite du siècle ; Puis le décor bouge quand le personnage trouve les commandes secrètes ; Puis des hippies débarquent et la petite fête guindée devient une immense soirée mousse. Et au milieu de tout cela, le film se permet des échappées romantiques impossibles entre Bakshi et la compagne du réalisateur, le même qui avait demandé qu’on raye l’acteur indien (campé donc par Peter Sellers) de la case Hollywood pour toujours. C’est gags sur gags, précis, géométriques, jusqu’à faire oublier le pourquoi de la présence du personnage dans cet univers factice. The Party se déguste dans son crescendo lent jusqu’à littéralement exploser. Ça pourrait être du muet. Mais c’est aussi un super beau film sonore (à l’image de la magnifique chanson interprétée par la non moins sublime Claudine Longet), un film qui réussit tout ce qu’il entreprend, un film d’une générosité folle.

 

Girls – Saison 5 – HBO – 2016

13620279_10153800357667106_552073781653390673_nLonely souls.

   7.0   Ravi de retrouver Girls à son meilleur niveau, après une saison 4 vraiment décevante. Chaque personnage évolue davantage de son côté cette fois, mais aucune storyline ne vient écraser l’autre, aucune des filles n’est en retrait par rapport à l’autre, comme ce fut le cas pour Jessa ou Soshanna un temps. Lena Dunham se permet même d’y envoyer cette dernière au Japon, de faire un épisode intégralement centré sur Marnie, de faire éclore une relation impossible (car sur le papier, beaucoup trop explosive) qu’on rêvait de voir éclore depuis le début. Cette saison s’ouvre d’ailleurs sur le mariage de Marnie & Desi comme si l’on voulait concrétiser des promesses et rassembler tout le monde – Le premier épisode est le seul de la saison où on les voit toutes ensembles et soyons honnêtes il s’agit de l’épisode le moins réussi de la saison. Ce qui en dit finalement beaucoup sur Lena Dunham elle-même qui semble ne plus savoir faire évoluer ses personnages en tant que bande (comme c’était le cas il y a cinq ans, pour le mieux ou comme elle tentait encore de le faire l’an dernier, mais ça ne fonctionnait plus) mais uniquement par le prisme de leurs propres virages, de leurs souffrances qu’elles ne peuvent plus se partager (Lorsque Hannah souhaite qu’on vienne la chercher dans un trou perdu où elle et Ray sont tombés « en panne » à cause d’une pipe un poil inopportune, aucune de ses potes ne va se déplacer) et de leurs évolutions opposées. Le mariage initial est donc un leurre parfait. Puisque cette saison n’est que dispersion. Et si chacune semble promise, un moment donné, à un avenir conjugal, elles finissent toutes, seules, décharnées, marchant vers l’inconnu (dernier plan qui rappelle celui de la première saison) ou accompagnées par la dimension hallucinogène qui leur correspond (Marnie revient vers Ray ; Jessa & Adam baisent en cassant leur appartement). Il n’y a que de doux rêves (superbe bulle parallèle en barque ici) car la réalité est plus ambiguë, plus violente, même chez les garçons (Jamais un saison de Girls n’aurait autant pu s’appeler Boys) ainsi Desi fond en larmes à chaque dispute avec Marnie, Adam libère une impassibilité amoureuse mais finit par exploser, le mec d’Hannah préserve sa relation en gardant des photos de ses ex à poil dans son téléphone, Elijah (Dont la série a vraiment creuser le personnage intelligemment cette fois) tombe amoureux d’un type de la télé qui n’aime que le baiser. L’univers de Girls est sans cesse marqué par les contradictions, les bonheurs éphémères et les déceptions permanentes, et Marnie en fait les violents frais durant un épisode somptueux.

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