Requiem pour un massacre.
5.5 Lors de sa sortie il y a dix ans, le film m’avait gêné dans son portrait qu’il faisait de l’Europe et plus particulièrement de l’Europe de l’Est ; L’impression qu’on y envoyait de gentils américains en sacrifice chez les barbares slovaques. En fait je pense que le film ne raconte pas grand-chose et qu’il est donc inutile de tenter d’y déceler un quelconque message. D’autant que la place du tortionnaire, elle, reste occidentale. Alors pourquoi Bratislava ? Et bien pourquoi pas. J’imagine bien Eli Roth penser comme cela. Lorsque les trois touristes débarquent dans le village paumé, on voit des enfants à gueules de travers, des blondes à gros nibards et un musée de la torture. Ça fait partie du folklore.
Comme l’an dernier dans The green inferno, la partie teen movie, d’une vacuité absolue, rallongée pour rien, n’est pas ce que le film réussit de mieux. Il y a malgré tout une idée intéressante dans ce prologue (avant l’enfer) c’est la construction de son trio, qui pourrait tout bêtement être trois potes américains de longue date. En fait non, il y a deux amis américains qui sont accompagnés d’un routard islandais qu’ils ont rencontré précédemment car le film ne démarre pas sur le début de leur voyage, ils sont déjà en Europe depuis un bout de temps. Ce n’est pas grand-chose, mais avec ce genre d’infime détail on sort d’une certaine routine. On sait combien le genre peut être balisé. Et les balises, Roth les malmène, il a au moins cela pour lui.
Mais la vraie bonne idée est d’avoir découpé en trois chapitres complètement inégaux (dans leur durée) l’enfer dans lequel vont s’enfoncer les trois personnages. Le premier on ne le voit ni disparaître ni mourir. Sa tête n’est déjà plus sur ses épaules quand il réapparait au détour d’un plan complètement gratuit. On pense alors qu’on va suivre le jeune puceau farouche mais non, aussitôt qu’il se fait droguer et enlever, sa mort est aussi violente que brève, mais elle permet d’apprivoiser le processus quand nous n’en voyons que les restes du premier. C’est seulement avec le dernier personnage que le film investit clairement le terrain du survival.
Ce qui est intéressant c’est de voir combien chaque rencontre est un rouage les menant à leur future exécution, du junkie d’Amsterdam à l’homme d’affaires du train (qui leur vante qu’il est un vrai cannibale, en mangeant son poulet avec ses doigts) en passant par deux nymphettes éclaireuses. Tout converge vers cet hôtel sordide qui brille pour son spa où les meufs se mettent à poil, ce qui suffit au bonheur de nos trois compères qui ne sont venus que pour ça. Petit à petit mais seulement vraiment dans sa dernière partie, nous commençons à comprendre le hors-champ de l’affaire qui sera ouvertement le thème de Hostel 2. On navigue en plein commerce du crime puisqu’il s’agit de rameuter des sadiques fortunés contre une somme d’argent considérable et leur offrir de se libérer de leur pulsion meurtrière qu’ils assouvissent sur des étrangers qu’on a d’ores et déjà pris soin de faire disparaitre au niveau identitaire avant de bruler leur cadavre une fois le plaisir consommé.
Si je trouve le film nettement meilleur qu’à l’époque c’est principalement dans sa partie horrifique et cette manière qu’il a de filmer les lieux : Immense usine désaffectée avec ses outils rouillés, ses murs et sols maculés de vieux sang, ses couloirs glauques où chaque porte s’ouvre sur une pièce de torture. Bien malsain. Le survival final attendu se double d’un sauvetage sans intérêt, mais il faut reconnaître au film son va-tout. La séquence de l’œil, avec la membrane découpée laissant échappé une quantité de pue innommable (précédée par une énucléation oculaire au chalumeau) est un sommet gore dans le gore. Avec la séquence tendons d’Achille sectionnés et celle du cache-cache dans un amas de corps découpés, on en a pour notre compte.
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