7.0 C’est un tout petit film, d’une humilité incroyable (1h17) qui raconte tellement et se permet à la fois d’être très drôle, touchant et cruel. En ce sens il saisit à merveille cet âge ingrat – Classe de quatrième, pire moment de scolarité ever, non ? On pourrait voir ça comme les origines des Beaux gosses. Voire de Projet X. Voire de Supergrave. Car oui, il y a du Apatow là-dedans, dans le rythme, les tentatives, la générosité. En France on n’a jamais vu ça comme ça, en tout cas. Le film n’est pas si sage, il n’hésite ni sur la violence des mots ni sur les saillies trash ; Il n’est jamais populiste ; Il n’en fait pas trop ni dans le langage, ni dans les postures ni dans la cool-attitude pour séduire les gosses de la génération Facebook. Par ailleurs si le récit se déroule aujourd’hui, rien ne vient placarder une temporalité précise. Ça semble aussi bien représenter la génération d’Hier que d’Aujourd’hui. Il y a Max Boublil qui pourrait servir de caution comique pour les plus grands mais pas du tout, il est bon comme souvent, drôle mais en retrait. Les vrais héros ce sont ces gamins de 14ans – Et chacun de ces petits protagonistes sont de vraies trouvailles. Ils pourraient être des stéréotypes (L’intello à lunettes, le cancre beau-gosse, le petit timide, le gros relou…) mais ils sont si brillamment écrit, toujours un cran et un temps en-dessous ou au-dessus qu’ils ne font jamais ersatz de LOL et autre comédie ado à deux balles. Mieux c’est un film très touchant dans les liens qu’il tisse, aussi fragiles (l’âge oblige) soient-ils. Tous sont des loosers, même ceux qui pensent ne pas l’être. Car c’est l’âge de la loose. Point barre. Et ça rappelle autant l’issue du film de Sattouf que celle de Microbe et Gasoil, l’autre bonne comédie ado surprise de l’an dernier signée Michel Gondry. Là-dedans ils ont tous un rôle ambigu à jouer même ceux sur lesquels on n’aurait pas misé un kopek, comme la frangine du méga looser. Et le film se ferme sur David Guetta. Ça fait peur hein ? En fait non, car pas vraiment : Il s’agit de la chorale de classe qui reprend de manière génialement ridicule l’un de ses tubes (Constantin, quel personnage magnifique) bref intelligence et finesse jusqu’au bout. Ça m’a presque rappelé le final de School of Rock, c’est dire. Et surtout, le film est fidèle à son titre, il raconte beaucoup ce que c’est que d’être nouveau dans une école en classe de quatrième. L’enfer évidemment. Et puis hormis dans la première scène, il n’y a pas de parents, zéro, nada, c’est important. Enfin ils sont partout (« Faut que je demande à ma mère » « Pas possible chez moi, mes parents sont là » « Ta mère je la baise ») mais jamais à l’écran. Quant aux idylles, éphémère pour l’un, unilatérale pour l’autre, c’est tellement ça, tellement vrai, tellement violent. La fin avec la suédoise relayé par cet échange de regards avec une autre fille durant la chorale. L’éternel recommencement. Faut vraiment être solide à cet-âge-là. Bref, réussite totale. Je pourrais le revoir illico sans problème.
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