La loi de la jungle – Antonin Peretjatko – 2016

03. La loi de la jungle - Antonin Peretjatko - 2016Si vous n’aimez pas la Guyane, si vous n’aimez pas les mygales, si vous n’aimez pas la boue, si vous n’aimez pas rire, allez vous faire foutre !

   7.0   C’est toujours très délicat de confirmer les promesses d’un premier long métrage aussi beau et singulier, mais Antonin Peretjatko s’il faisait des courts métrages avant La fille du 14 juillet a continué d’en faire après ce qui lui a permis de préserver sa fougue, son humilité, son envie. La loi de la jungle devait préalablement être un court métrage d’ailleurs. Il en a les contours mais le format long lui sied à merveille. Ici, le monde semble laissé aux mains des stagiaires. Et Châtaigne, stagiaire au ministère de la norme se voit contraint de voyager en Guyane pour vérifier la mise aux normes du chantier Guyaneige : Le projet d’une future piste de ski indoor créée dans le but de relancer le tourisme. Mais Châtaigne est poursuivi par les huissiers car pas de bol, son homonyme s’est trouvé une spécialité : Faire croire qu’il est mort. Un problème parmi d’autres.

     La fille du 14 juillet et La loi de la jungle se ressemblent comme deux gouttes d’eau, ce sont les deux versants d’une même personnalité (un bordel organisé face à une organisation bordélique) et sa représentation du road-movie d’une part puis sa démarche politique ensuite même si l’on voit que l’un ne va pas sans l’autre, que l’un pioche dans l’autre et vice-versa ; Qu’ils forment tous deux une sorte de dytique ; Que ce sont des farces tout en étant de vrais films politiques. Dans les deux films ce sont d’ailleurs Vimala Pons (clope au bec) et Vincent Macaigne (en costard) qui sont les vedettes (Pator & Truquette sont remplacés par Châtaigne & Tarzan) nos nouveaux représentants comiques, bien qu’ils évoluent dans un repère plus fermé que ne pouvait l’être Belmondo aux époques De Broca. C’est d’ailleurs à ce dernier qu’on pense avant tout devant La loi de la jungle (Ainsi qu’à Rappeneau pour Le sauvage) sans doute parce que l’action y est tournée en décors naturels mais aussi parce que le montage ne lésine pas à entrecroiser les saynètes sur un mode quasi épileptique, parfois trop d’ailleurs.

     Et si l’on pense parfois à Rozier notamment dans ces magnifiques échappées romantiques et poétiques (On se souvient de ces trouées Tchekhovienne dans le précédent) on peut croire qu’une source d’inspiration est à chercher du côté de Godard (La superbe bande-annonce était calquée sur A bout de souffle) dans la mesure où tous deux racontent beaucoup, chacun à leur manière, du monde actuel ; Et tout le paradoxe est là puisqu’il s’agit de taper volontiers sur la cinquième république en général, les tableaux de Mitterrand ici et Chirac là l’attestent, on a souvent même l’impression d’être sous mandat De Gaulle – Cette liberté politique dans le récit est  définitivement la marque du cinéaste. En ce sens La loi de la jungle rappelle inévitablement la folie qui habitait le OSS 117 de Michel Hazanavicius, et si tous deux pensent le gag et les tiroirs scénaristiques de manières presque opposées il y a cette excentricité dans l’écriture et la construction qui ne manque pas de dépoussiérer la comédie française.

     Alors on pourra toujours critiquer les problèmes de rythme (Qu’on avait déjà pu observer dans La fille du 14 juillet) mais ce serait vraiment lui ôter son caractère explosif et sa volonté de transcender le genre. Le film est d’ailleurs souvent drôle et s’il l’est moins ou foire parfois ses tentatives, il ne bascule jamais du mauvais côté, ni dans la facilité outrancière ni dans la vulgarité. Chaque élan est immédiatement compensé par un nouvel enchainement. Le film ne se pose jamais (il est d’ailleurs légèrement accéléré) et il est rare en 2016 de voir une comédie pure qui tente autant de choses, alors qu’importe si elle réussit brillamment une séquence aphrodisiaque ici, s’envole littéralement durant celle des arbres là, rate un peu son combat à la Bud Spencer, est un peu lourde dans son running-gag fléchettes ou ne propose pas grand-chose de neuf lors d’une partie de golf sinon que le green est rempli de mygales, c’est son foisonnement permanent qui séduit et file une pêche d’enfer.

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