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Archives pour 29 juillet, 2016

Le bureau des légendes – Saison 2 – Canal + – 2016

13627109_10153800357192106_2815372411416111681_nSecret défense.

   9.0   La première saison nous avait laissé sur de fines promesses et une bonne dose de frustration : Quelques lourdeurs (une voix off beaucoup trop omniprésente, des personnages fonctionnels et des scènes de formations ou d’interrogatoires un brin mécaniques et illustratives) empêchaient d’y voir ce qu’elle était pourtant déjà : Une mosaïque folle du quotidien des services des renseignements extérieurs français entre création de légende, clandestins envoyés sur le terrain, salle de crise, infiltrations et suspicions diverses autour des éventuels agents doubles.

     En filigrane de ce premier jet il y avait l’interrogatoire de Guillaume Debailly aka Paul Lefèvre aka Malotru (Mathieu Kassovitz) par la CIA, qui clôturait la saison et sera une donnée importante de celle à venir. Les dix épisodes de ce nouvel opus sont guidés par une lettre écrite par Malotru à sa fille avant son départ vers Raqqa pour une mission kamikaze. En plus de faire se chevaucher intrigues et personnages, histoires intimes et infiltrations, la série crée un vertige supplémentaire dans la gestion de sa voix off, accentuant la précarité identitaire de ses agents, veilleurs ou clandés.

     Si les intrigues précédentes (Autour de Cyclone, qui est revenu et Nadia El Mansour retenue prisonnière en Syrie, notamment) laissent quelques traces, Le bureau des légendes se concentre sur deux nouvelles sorties : Le départ de Marina Loiseau aka Phénomène (Sara Giraudeau) pour l’Iran où elle incarne une sismologue devant approcher le réseau nucléaire par l’intermédiaire du fils d’un haut dignitaire (De très loin ce que cette saison offrira de plus intense et éprouvant. Et bouleversant tant la relation entre Marina & Shaipur pourraient être l’autre versant de l’amour impossible vécu par Paul & Nadia) ; Et la neutralisation d’un djihadiste français, qui décapite les otages, qui a tout pour devenir un bourreau de Daesh (La séquence de double infiltration vécu par Raymond Sisteron avec la sœur de la cible, épisode 5 je crois, est un sommet de la saison).

     C’est rappeler combien Le bureau des légendes, contrairement aux habituelles séries françaises (à l’exception d’Engrenages) se cale énormément avec l’actualité et n’hésite pas à investir le terrain, à allonger certaines séquences, à créer du rythme avec de faux temps-morts (Nadia en Picardie, Malotru et sa fille), à créer le suspense avec de l’attente ou d’infimes évolutions de scénario (Le texto de Shaipur sur les indications nucléaires, le micro d’Henri Duflot), faire apparaître de nouveaux personnages (le journaliste allemand, incarné par Magne-Håvard Brekke, qu’on avait déjà adoré chez Mia Hansen-Love) et surtout faire naître de longues plages de tension, comme on en voit peu à la télévision – Soyons précis : Comme on en avait jamais vu ailleurs. Le fait que Rochant soit seul showrunner de cette entreprise y joue énormément : L’unité d’ensemble est le gros point fort.

     Et la série s’est construit son monde et sa propre zone d’exigence : Si chaque personnage de la DGSE se dore d’un surnom d’insulte du Capitaine Haddock, l’astuce si elle peut faire sourire, ne se vautre jamais dans le ridicule car tout est comme le reste : tient à merveille sa ligne de conduite, efficace et complexe. Ainsi, il en va de même des différents lieux que la série s’en va fouler : On y parle la langue locale, on y embrasse les coutumes. Et chaque séquence, aussi elliptique puisse-t-elle être offre un équilibre subtil dans chacun de ses récits en étoile.

     Concernant la fin du dernier épisode, aucun reproche à faire, de mon côté. Je trouve l’issue explosive nettement plus forte et mystérieuse que ne pouvait l’être celle de la fin de saison 5 d’Engrenages (qui elle était vraiment ratée) par exemple. Là on ne sait pas tout. C’est comme si plus tôt, on avait vu Marina sortir du camion sans l’interaction qui précède, on aurait trouvé ça peu crédible. Ou si l’on avait revu Shaipur avant sa probable dernière entrevue avec Marina. Je trouve que la série joue beaucoup là-dessus : Sur ce que l’on donne à voir ou non.

     Bref, on sait combien les suites sont dangereuses, combien elles peuvent briser l’ambiance originale et/ou tenter d’en faire trop, s’éparpiller et perdre en caractère. Et c’est une saison hallucinante pour ma part. Aussi bien dans la mission de Phénomène que sur celle autour du djihadiste. Tout est complexe, dense mais hyper fluide (cette fluidité qui manquait un peu à Baron Noir). Certains épisodes étaient pas loin de me faire défaillir tant ils sont tendus, éprouvants et menacent de tout faire écrouler d’un claquement de doigts.

Irresponsable – Saison 1 – OCS – 2016

irresponsable-serie-francaise-ocsRetour gagnant.

   8.0   En voyant récemment Le Nouveau, de Rudi Rosenberg, je me disais qu’il représentait bien et de façon assez singulière et pertinente ce que c’est que d’avoir 14 ans. Et en allant voir La loi de la jungle, d’Antonin Peretjatko, j’avais l’impression que pour la première fois on nous disait de but en blanc, que dans la société d’aujourd’hui, la majorité des stagiaires ont 35 ans. Irresponsable arrive dans cette veine là à relier ce double ancrage moderne. Il est donc possible d’avoir 30 ans, d’être père sans le savoir et d’avoir un CV à néant. C’est lorsqu’il postule comme pion dans son ancien lycée que Julien va croiser son amour de jeunesse et fumer un joint avec un élève dont il apprendra bientôt qu’il est son fils. C’est un pitch aussi génialement impossible que le scénario sera hautement probable, au sens où l’on finit par croire, au-delà du geste comique, à cette folle histoire, sans doute parce que les créateurs y croient dur comme fer aussi.

     Le premier épisode est très intelligent car il installe toute l’intrigue sans qu’on ait une impression de surcharge. Les suivants se positionnent dans sa roue ; Il y a une puissance dramatique en sourdine tant les premiers épisodes semblent relativement inconséquents (à l’image de celui de la « fugue » nettement en-dessous du lot) mais le crescendo émotionnel va s’installer progressivement et finir de l’emporter par ko.

     L’épisode du diner marque la rupture. Jacques n’apparait pourtant pas dans cet épisode mais il est partout car c’est ici que la comédie de remariage explose et prendra son envol sublime lors des trois derniers. En effet, comment s’attendre à celui qui s’offre derrière, celui de l’anniversaire de Jacques, avec un marivaudage de grande classe lui permettant d’être à la fois au milieu de ses parents que de ses grands-parents respectifs ? Comment parvenir à créer cette union magnifique autant qu’insolite dans cette cuisine, autour d’un texto et d’une cigarette ? La cuisine confirme d’ailleurs aussi l’alchimie délicate mère/fils qui règne entre Julien et sa mère, ce même si leur relation peut parfois sembler houleuse ou s’aventurer dans le dialogue de sourds. Et que penser alors de ce plan panoramique dans la rue où la perfection de la reconstruction est désamorcée par cet humour bien caractéristique « Putain tu pues des cheveux. Je t’aime mais tu pues des cheveux » ?

     C’est une série aussi très drôle, qui trouve de vraies trouvailles comiques où les petits détails importants sont légion et finissent d’emporter l’adhésion, comme la bière posée sur le lit qu’on finit forcément par renverser ; La portière de voiture qui reste fermée car « J’ai ouvert quand t’as ouvert » ; Le « Best grand’ma » sur le tablier ; La petite cabane dans les bois ; La capote ; Les couleurs des manteaux ; Et puis le générique est très beau, ça m’a plu de l’entendre et de le regarder dix fois.

     Et tous les personnages, j’ai bien dit tous (même Adrien, si si) m’ont plu et surtout les femmes. La mère dégage un truc qui me plait beaucoup, un truc de mère dépassée et de grand-mère décomplexée (Ce qui est assez étonnant étant donné les évènements) que je trouve assez réjouissant. Elle n’est jamais un faire-valoir, mais un vrai personnage, comme pouvait l’être la mère d’Hervé dans Les beaux gosses. Et Emma est géniale. Elle est belle, elle a quinze ans, elle a donc tout pour être la pétasse écervelée du lycée – Celle qu’on nous offre régulièrement dans les fictions stéréotypées – mais c’est en fait la plus lucide, intelligente, ouverte. Et puis il y a Marie. Ah, Marie. Je suis amoureux.

     C’est bien simple, j’ai adoré. C’est une vraie bouffée d’oxygène, aussi bien dans le paysage de la série française que dans le format série tout court, à ranger sans forcer aux côtés de Love, la dernière production Apatow. Et je suis ravi de revoir Sèvres ou proche Sèvres (Chaville en l’occurrence) à l’écran depuis le sublimissime Memory Lane, de Mikhaël Hers. Belle et mystérieuse à la fois, solaire/automnal d’un côté ou lumineuse/hivernale de l’autre, il y a dans ces deux approches formels des lieux quelque chose qui me touche beaucoup. On a l’impression qu’on n’avait jamais filmé ces lieux comme ça. Qu’on ne les avait jamais vus sur un écran avant. Bref, la saison 2016/2017 commence de fort belle manière. Vivement la suite !


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