Irresponsable – Saison 1 – OCS – 2016

irresponsable-serie-francaise-ocsRetour gagnant.

   8.0   En voyant récemment Le Nouveau, de Rudi Rosenberg, je me disais qu’il représentait bien et de façon assez singulière et pertinente ce que c’est que d’avoir 14 ans. Et en allant voir La loi de la jungle, d’Antonin Peretjatko, j’avais l’impression que pour la première fois on nous disait de but en blanc, que dans la société d’aujourd’hui, la majorité des stagiaires ont 35 ans. Irresponsable arrive dans cette veine là à relier ce double ancrage moderne. Il est donc possible d’avoir 30 ans, d’être père sans le savoir et d’avoir un CV à néant. C’est lorsqu’il postule comme pion dans son ancien lycée que Julien va croiser son amour de jeunesse et fumer un joint avec un élève dont il apprendra bientôt qu’il est son fils. C’est un pitch aussi génialement impossible que le scénario sera hautement probable, au sens où l’on finit par croire, au-delà du geste comique, à cette folle histoire, sans doute parce que les créateurs y croient dur comme fer aussi.

     Le premier épisode est très intelligent car il installe toute l’intrigue sans qu’on ait une impression de surcharge. Les suivants se positionnent dans sa roue ; Il y a une puissance dramatique en sourdine tant les premiers épisodes semblent relativement inconséquents (à l’image de celui de la « fugue » nettement en-dessous du lot) mais le crescendo émotionnel va s’installer progressivement et finir de l’emporter par ko.

     L’épisode du diner marque la rupture. Jacques n’apparait pourtant pas dans cet épisode mais il est partout car c’est ici que la comédie de remariage explose et prendra son envol sublime lors des trois derniers. En effet, comment s’attendre à celui qui s’offre derrière, celui de l’anniversaire de Jacques, avec un marivaudage de grande classe lui permettant d’être à la fois au milieu de ses parents que de ses grands-parents respectifs ? Comment parvenir à créer cette union magnifique autant qu’insolite dans cette cuisine, autour d’un texto et d’une cigarette ? La cuisine confirme d’ailleurs aussi l’alchimie délicate mère/fils qui règne entre Julien et sa mère, ce même si leur relation peut parfois sembler houleuse ou s’aventurer dans le dialogue de sourds. Et que penser alors de ce plan panoramique dans la rue où la perfection de la reconstruction est désamorcée par cet humour bien caractéristique « Putain tu pues des cheveux. Je t’aime mais tu pues des cheveux » ?

     C’est une série aussi très drôle, qui trouve de vraies trouvailles comiques où les petits détails importants sont légion et finissent d’emporter l’adhésion, comme la bière posée sur le lit qu’on finit forcément par renverser ; La portière de voiture qui reste fermée car « J’ai ouvert quand t’as ouvert » ; Le « Best grand’ma » sur le tablier ; La petite cabane dans les bois ; La capote ; Les couleurs des manteaux ; Et puis le générique est très beau, ça m’a plu de l’entendre et de le regarder dix fois.

     Et tous les personnages, j’ai bien dit tous (même Adrien, si si) m’ont plu et surtout les femmes. La mère dégage un truc qui me plait beaucoup, un truc de mère dépassée et de grand-mère décomplexée (Ce qui est assez étonnant étant donné les évènements) que je trouve assez réjouissant. Elle n’est jamais un faire-valoir, mais un vrai personnage, comme pouvait l’être la mère d’Hervé dans Les beaux gosses. Et Emma est géniale. Elle est belle, elle a quinze ans, elle a donc tout pour être la pétasse écervelée du lycée – Celle qu’on nous offre régulièrement dans les fictions stéréotypées – mais c’est en fait la plus lucide, intelligente, ouverte. Et puis il y a Marie. Ah, Marie. Je suis amoureux.

     C’est bien simple, j’ai adoré. C’est une vraie bouffée d’oxygène, aussi bien dans le paysage de la série française que dans le format série tout court, à ranger sans forcer aux côtés de Love, la dernière production Apatow. Et je suis ravi de revoir Sèvres ou proche Sèvres (Chaville en l’occurrence) à l’écran depuis le sublimissime Memory Lane, de Mikhaël Hers. Belle et mystérieuse à la fois, solaire/automnal d’un côté ou lumineuse/hivernale de l’autre, il y a dans ces deux approches formels des lieux quelque chose qui me touche beaucoup. On a l’impression qu’on n’avait jamais filmé ces lieux comme ça. Qu’on ne les avait jamais vus sur un écran avant. Bref, la saison 2016/2017 commence de fort belle manière. Vivement la suite !

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