“Still here, still here, still here. Gone.”
7.0 Before Midnight est construit autour de cinq grandes séquences. Cette fois il n’y a plus de compte à rebours, la rencontre (Sunrise) et la retrouvaille (Sunset) ont cédé le pas au bilan conjugal. On pense beaucoup à Voyage en Italie – Rien d’étonnant à voir Céline chercher le titre du film de Rossellini auquel leurs déambulations dans les ruines lui font penser. Si la Grèce remplace l’Italie, dans les deux cas il s’agit de se confronter aux ruines. Dans Before sunset il nous fallait accepter, non sans douleur, que chacun avait pu faire sa vie de son côté ; Que Jesse, notamment, avait une petite fille. Il faut dorénavant composer avec le fait qu’ils aient deux filles de leur union. Qu’ils soient mariés, mais que leur couple bat de l’aile. Cet instant de pause, parenthèse en Péloponnèse est touché par les regrets, l’amertume de certains engagements, des chemins de vie qu’on avait espéré autrement. Cette superbe trilogie contient probablement les plus douloureux hors champ de l’histoire du cinéma car c’est in fine une histoire sur vingt ans, avec ses vides et ses réunions, dont on ne verra que trois jours. Before midnight est une réussite totale avec ces dialogues toujours aussi profonds et sophistiqués, ces déambulations infinies, ces rires, ces cris, ces larmes. Mais cette fois l’éphémère contient aussi la douleur de l’éternité. Le titre fait référence au couple qui semble approcher de son crépuscule, dans une impasse insoluble. C’est très beau. Linklater ferme donc l’œuvre de sa vie. Nul doute que Céline & Jesse vont autant lui manquer à lui qu’à nous.
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