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Archives pour octobre 2016

Freaks & Geeks – Saison 1 – NBC – 1999/2000

F&GFGCandeur et clairvoyance.

   9.0   Lorsque Ken (Un freak) et Sam (Un geek) se croisent dans les toilettes du lycée, ils ont peur, non pas l’un de l’autre, mais de la façon dont ils vont annoncer leur rupture amoureuse respective. Avant de se croiser, l’un semble appeler à l’aide devant le miroir quand l’autre se confond en vomissements. D’habitude ils se seraient à peine toisés, cette fois ils se confient l’un à l’autre. Quand Sam énumère les nombreux désaccords qui nourrissent sa relation avec Cindy, qui pourtant était la fille du lycée qu’il convoitait depuis toujours, Ken réalise que son blocage sur la révélation de l’androgynie de Vicky importe moins que tous ces parfaits instants partagés à ses côtés. Toute la magie de Freaks & Geeks se résume dans cet échange. Et dans le & du titre. Une simple conjonction qui en dit long.

     Kim, Ken, Daniel et Nick sont les freaks du titre. Ils passent leur journée à glander, fumer, sécher les cours. On les trouve dans un recoin de la cage d’escalier du lycée, sous les gradins du stade de football ou dans un garage faisant vivre sans réelle conviction leur groupe de rock. Sam, Neal et Bill sont les geeks. Ils sont plutôt bons à l’école sauf en sport où ils sont systématiquement choisi en dernier. Au lycée, ils n’ont de place nulle part sinon dans le cours d’audio-visuel, puisque dans le domaine jeux/télé/science-fiction ils sont imbattables – Jusqu’à faire des soirées Dallas ou Donjons & Dragons. Lindsay est la grande sœur de Sam. Elle fait partie du groupe des mathlètes, c’est une tête. Ni freak ni geek. Comme il y a aussi, dans un autre registre, les sportifs. Le récit se déroule en 1981 dans le lycée McKinley, Michigan.

     Une année placée sous le joug du bouleversement. Tout du moins chez les Weir, petite famille bien huilée où papa tient son petit commerce quand maman se charge du foyer. Bouleversement puisque c’est la première année lycée de Sam mais aussi parce que c’est le moment qu’a choisi Lindsay pour suivre ses envies donc quitter son groupe studieux, s’éloigner de sa meilleure amie Millie pour se rapprocher peu à peu du groupe moins envié (si ce n’est par les geeks puisque « They having sex ») des freaks. Ils sont loin de Lindsay mais elle semble y trouver son compte, se découvrir une autre facette d’elle-même, d’autant qu’elle sort bientôt avec Nick (Jason Segel) puis devient proche de Kim (Busy Phillips) non sans labeur. La conjonction de simultanéité du titre est en marche.

     La saison contient 18 épisodes, parfois inégaux (Surtout vers le début), parfois bouleversants (Essentiellement vers la fin) et souvent bien agencés, drôles, émouvants, généreux, bienveillants. C’est toute la marque Feig / Apatow qui prend son envol ici, brossant minutieusement une multitude de personnages (Elèves, mais aussi profs et parents), s’ouvrant autant sur des envolées burlesques (la retrouvaille sexuelle des parents Weir, la convocation Lindsay/Daniel chez le proviseur) que magiques (La cohabitation de Bill avec Beau papa à venir Coach Fredricks aka Biff Tannen, devant un épisode de Dallas ou dans une sortie karting) et tragiques (L’épisode où Neal trouve la télécommande du garage de la maîtresse de son père, puis toutes les situations qui en découlent avant cet apogée déchirante de l’adolescent déçu réfugié dans les bras de sa mère). Il y a aussi cet épisode très gênant où Kim présente Lindsay à ses parents, comme étant sa nouvelle meilleure amie pour leur montrer qu’elle a changé ses fréquentations, de façon à ne pas se faire confisquer sa voiture. Sans parler de ce jeu de chat et de souris qui se joue continuellement entre Lindsay et Nick, notamment dans la sublime séquence du concert étoilé ; Ni de la sublime relation entre Ken & Amy, la joueuse de tuba dans l’orchestre du lycée.

     J’ai en tête cet autre épisode, sublime, où Lindsay doute de son devenir freak, revient chez les mathlètes pour finalement retourner vers Nick, Ken, Kim et Daniel en expliquant préalablement à Millie, dans une confrontation post soirée pyjama, son besoin de suivre son instinct. On retrouve d’ailleurs le miroir de cette séquence à la toute fin quand elle fait croire à ses parents qu’elle va rejoindre une classe de maths pour l’été (de façon à intégrer dans la foulée l’université idéale, ce que ses parents ont toujours rêvé pour elle mais sans doute plus pour eux à travers elle) alors qu’elle a déjà programmé son road trip Grateful Dead avec Kim et un couple hippie qu’elle vient à peine de rencontrer. Si cette fin est si forte c’est parce qu’on a suivi, sans doute plus que les autres personnages, l’évolution de Lindsay, dans l’année de sa pleine transfiguration, maturité, réflexion, doutant et se cherchant constamment, faisant ici une marche arrière éphémère (le retour aux mathlètes), expérimentant là des interdits cools (hilarant épisode chichon) et bien entendu, tombant amoureuse. Jusqu’à cette fin qui prend le parti du choix. Qu’importe l’avenir, c’est le choix, le sien et tout ce qui l’a mené à ce choix qui est déchirant. Difficile de faire portrait d’une adolescente aussi riche et nuancé.

     Mais on pourrait en dire autant de Daniel (James Franco) qui refoule un désir insaisissable de réussite (Il essaie à plusieurs reprises de se reprendre en main pour ne pas repiquer à nouveau, ici dans une discussion avec Harris, là dans un cours du soir auprès de Lindsay) et de changement de groupe (Qu’une punition au quartier audiovisuel va déclencher). Sur les derniers épisodes c’est en lui que je me suis le plus identifié – Parce que j’étais sans doute plus freak que geek, sans certitudes non plus. L’impression que notre médiocrité commune (accepter que l’on ne sera jamais une Lindsay) rejoignait cet éternel questionnement adolescent : Et si j’étais plus geek que freak (Ou l’inverse, évidemment) ? Le Donjons & Dragons du dernier épisode est inattendu, miraculeux (Et confirme la bande Feig / Apatow comme les nouveaux auteurs comiques et sensibles) avec ces geeks accueillant le freak se demandant du coup si ça fait d’eux des moitiés de Freaks ou non. Une scène qui marque un sommet de Freaks & Geeks. On devrait faire un film là-dessus.

     Ce qui fait le sel de Freaks & Geeks et constituera le système de la néo-comédie des années 2000 (Apatow et dérivés) c’est son besoin de mettre en valeur les habituels réprouvés, ceux qui doutent, ceux qui glandent mais aspirent à autre chose, ceux qui ont des boutons mais qui pensent à baiser. Bref, ceux qu’on ne peut définitivement pas mettre dans des cases, comme la comédie nous avait trop souvent habitué, notamment chez les sportifs ou cheerleaders dont on se fiche pas mal ici. Pourtant, ils sont là ; Parce que Sam est amoureux de Cindy Sanders, la plus belle cheerleader du lycée, elle-même entichée du plus attirant sportif. Ils sont là mais ne sont jamais le centre de gravité du show. Apatow explique dans l’interview qu’il a donné à Burdeau dans le livre Comédie mode d’emploi, comment Paul Feig avait travaillé l’écriture autour de chacun des personnages, jusqu’à ceux dont l’apparition relève presque de l’anecdote. C’est pourquoi la série fonctionne si bien, ce pourquoi on y croit. Autant en ces personnages qu’en ces acteurs, tous choisis, voulus par les créateurs. Ainsi Lindsay portera, toute la saison durant, une veste vert kaki héritée de son père, probablement pour honorer la mémoire de sa grand-mère récemment défunte. Nick, lui, obsédé par le rock (avant sa transformation disco) vante les mérites de sa méga batterie 29 caisses qu’il se bat pour garder contre un père intransigeant, héritier probable de l’époque Vietnam. Petits éléments parmi d’autres disséminés ci et là accentuant épisode après épisode, la richesse du récit.

     Au niveau des invités on note la présence, déjà, de Leslie Mann aka Mme Apatow en prof de bio douce comme tout ; On croise aussi Jason Schwartzman le temps d’une scène qui semble échappée d’un futur film de Wes Anderson ou encore Ben Stiller dans un rôle hilarant de garde du corps du président de la République. Et l’on peut aussi voir une brève apparition du jeune Shia Labeouf campant la mascotte de Basket-Ball blessé au bras, que Sam puis Neal vont s’empresser de remplacer, pour des raisons bien opposées. Apparitions qu’il est d’autant plus délicieux de croiser aujourd’hui, forcément.

     Quoiqu’il en soit, Lindsay, Sam, Ken, Daniel, Neal, Bill, Kim sont devenus ma nouvelle bande de potes ; Ils m’ont fait vibrer. Que serais-je aujourd’hui si ma découverte de Freaks & Geeks remontait à 1999, l’époque de sa sortie ? J’avais l’âge de Sam. Sûr que ça aurait tout changé. Ils auraient été mes héros, ils m’auraient aidé à traverser les terribles années collège. Nettement plus que tout le reste. De bout en bout, jusqu’à cette fin parfaite. En fait, oui, Freaks & Geeks est à mes yeux une série absolument parfaite, dans son genre.

Brooklyn Village (Little Men) – Ira Sachs – 2016

14560026_10154034637017106_4377519277706047537_oLes enfants.

   8.0   Le titre original est plus adapté car si le film se concentre sur une parcelle de Brooklyn, il s’agit moins de raconter la vie dans l’arrondissement new-yorkais, comme avait pu le faire en début d’année Wiseman dans Jackson Heights, que d’évoquer la rencontre et l’amitié entre deux garçons, perturbée malgré eux par les obligations des adultes, leurs parents se disputant bientôt le contrat de bail locatif qui les unit.

     Et la première séquence annonce le ton du film. Jake rentre du collège quand le téléphone sonne. Un « ami » de la famille (Qui dit ne pas l’avoir vu depuis bambin) lui demande quand auront lieu les funérailles de son grand-père. La scène pourrait être anodine et superflue si ne se dessinait pas sur le visage de Jake la méconnaissance de cette information. En une scène, un coup de téléphone, bref, fragile, le fossé est déjà creusé. L’adolescent, pourtant dans sa bulle de candeur, est contraint d’interférer avec le drame adulte.

     La famille Jardine emménage bientôt à Brooklyn dans l’appartement du grand-père défunt qu’ils ont hérité. Ils font connaissance avec Leonor Calvelli qui paie le loyer d’une partie de la maison pour y assurer son commerce : Une petite boutique de fringues, qui ne marche pas vraiment. Leurs fils respectifs, Jake et Tony, bien que très différents l’un de l’autre, deviennent vite inséparables, projetant même d’entrer tous deux l’année suivante dans la prestigieuse école artistique de LaGuardia.

     Si le petit quartier dépeint par Ira Sachs ressemble à un carrefour de possibilités et de plaisir, avec ses longs trottoirs traversés en rollers et trottinettes, ses parties de foot dans les parcs, ses cours de théâtre, ses petits barbecues, il s’en échappe parfois au détour d’une moquerie d’ados ou d’un échec de séduction, une cruauté en sourdine. C’est bien entendu lorsque cette histoire de loyer sous côté (pénalisant l’héritage partagé entre les Jardine frère et sœur) prend une tournure résignée que le film s’ouvre à la tragédie, d’autant plus moderne qu’il s’agit d’une tragédie causée par le capitalisme.

     Quand les deux garçons comprennent sans comprendre ce qui se trame dans leur dos, ils décident de faire grève de la parole comme dans Bonjour, de Ozu. En parallèle, quand les discussions de consentement chez les grands ne trouvent aucun terrain d’entente (Les Jardine ne peuvent pas vivre du loyer que le grand-père n’avait jamais augmenté ; Leonor Calvelli est dans l’impossibilité de le payer trois fois plus cher) les procédures deviennent vite moins cordiales. L’argent est entré en jeu. Sachs n’ira certes pas aussi loin que Bresson, pourtant son film raconte déjà tout des rapports qui régissent le monde moderne. 

     Dingue de voir Brooklyn Village sortir quasi la même semaine qu’Aquarius tant ils évoquent un problème de fond similaire, même si l’un s’ancre nettement plus dans le combat (Contre un promoteur) que l’autre dans un conflit plus ténu, de gentrification, probablement plus tragique justement parce qu’il n’y a pas de combat possible, pas de véritable méchant sinon la hausse du marché immobilier. Et dans cette optique, que le film choisisse avant tout de suivre ces gamins de treize ans mais aussi de ne pas vraiment révéler le lien qui unissait cette mère portoricaine avec le grand-père accentue ce gouffre d’incompréhension et d’indifférence de chacun face aux problèmes de l’autre.

     Ira Sachs, comme à son habitude (Je n’ai vu que trois de ses films et tous sont merveilleux) parvient à capter cette délicate respiration et construit son récit par petites touches qui s’additionnent, de longs duos de discussions surtout qui chevauchent de belles échappées adolescentes, entre jeux vidéos, sorties rollers et l’art (Ici le dessin, le théâtre) toujours unique rempart contre la cruauté du monde. Il y a des séquences que je ne suis pas prêt d’oublier. Et la toute fin à LaGuardia, est un crève-cœur. Quant à Theo Taplitz et Michael Barbieri, jouant Jake et Tony, ce sont d’ores et déjà de grandes trouvailles. Bref, ça a la grâce d’un Ozu et la délicatesse d’un Kore-Eda, c’est donc immanquable.

Instinct de survie (The Shallows) – Jaume Collet-Serra – 2016

14650137_10154034637012106_6784048200283311018_nClose water.

   4.5   Collet-Serra est l’un des meilleurs faiseurs d’Hollywood, qu’il officie dans l’horreur ou dans l’action, comme en témoigne sa chouette trilogie Liam Neeson. Même si bon, j’espérais vite un retour du Collet-Serra des débuts, celui de La maison de cire, de Esther. Avec cette histoire de surfeuse seule face à un requin sur une île déserte du Mexique, le retour s’annonçait idéal.

     Au début, Blake Lively exhibe ses formes sur la plage (Collet-Serra nous offre tous les angles, même celui plus discret et lointain d’une vue sur sa raie des fesses naissante), elle whatsappise sur son Smartphone avec une amie (On nous inflige leur discussion dans le coin droit de l’écran) puis met de la wax sur sa planche Rip Curl, avant de rencontrer deux surfeurs autochtones munis d’une GoPro. Pub géante qui se transforme bientôt en mauvais clip où les entrées en vagues sont filmées n’importe comment, les grimaces et sourires au ralenti. Horrible. Frozen, auquel on pense un peu, réussissait nettement mieux son entrée en matière. Mais bon, soyons patients, les coraux brillent, les goélands raillent et Blake Lively a un beau cul maillot de bain.

     Lorsque l’affrontement arrive enfin, la réalisation est un poil plus sobre et passe-partout, c’est mieux. Une bonne idée : Après avoir grimpé sur une baleine mourante, la jeune femme est piégée sur un rocher, visible parce que c’est la marée basse, mais qui n’attend qu’à être recouvert par les eaux. Cette donnée de sablier qui s’écoule amplifie son stress et le notre, préparant du même coup le terrain pour le survival en eaux peu profondes à venir.

     Comme Blake Lively s’est fait chourée un bout de cuisse, mais pas grave puisqu’elle est infirmière donc un, maîtrise les garrots et les points de suture de fortune (elle prend même le temps de remettre l’aile du goéland blessé qui l’accompagne) deux se parle en permanence à elle-même ce qui permet de combler les silences et nous expliquer ce qu’elle fait – Malin, le petit Jaume ; C’est sûr, on n’est pas dans le plus radical All is lost – la bataille avec le grand requin blanc s’annonce déséquilibrée, à 180 mètres de la plage et 35 mètres d’une bouée de balisage.

     Mais voilà, le squale l’a un peu sous-estimé notre Blake Lively car il se trouve qu’elle est ici sur les traces de sa naissance (Elle ne va pas crever où elle est née voyons) après avoir perdu sa mère, terrassée par un cancer, qui semble chaque fois lui rappeler que le plus important c’est de combattre. C’est alors que le corail qui lui avait déchiré le pied devient son allié, que le banc de méduses qui lui brûlent les bras lui permet de se sauver in extremis, que la bouée renferme en ses improbables fonds (la plongée finale ferait pâlir Jaques Mayol) une ancre salvatrice.

     Bref, c’est à peu près n’importe quoi en permanence, d’une part car on ne comprend vraiment aucune situation étant donné que les lieux sont filmés par-dessus la jambe, d’autre part car le requin en question semble ne pas avoir bouffé depuis vingt ans. Mais ça se regarde agréablement, c’est plutôt oppressant, les images de synthèse sont parcimonieusement utilisée et ça rempli son cahier des charges de série B estivale ascendant nanar du dimanche soir. Mais bon, Collet-Serra, on le sent, n’en a vraiment plus rien à battre.

Victoria – Justine Triet – 2016

14590164_10154034637002106_5621732345950378996_oFemme au bord de la crise de nerfs.

   5.0   J’étais le premier à défendre bec et ongles La bataille de Solferino. Et en le revoyant lors de son passage télé sur Arte il m’avait semblé aussi fort qu’en salle, donc mon avis n’a pas changé le concernant, c’est à mes yeux l’un des grands (petits) films surprises de ces dernières années. Un premier film qui plus est. Audacieux, maladroit, courageux, volontaire, violent, gracieux, moderne. On en sort sur les rotules sans trop savoir pourquoi. Victoria, le deuxième film de Justine Triet, faisait donc en toute logique partie de mes grandes attentes de l’année.

     Et je suis assez déçu. Notamment parce que j’aime davantage Virginie Efira dans le film que le film lui-même, qui m’a semblé foutraque et mal fichu, malgré sa vitalité évidente, autant dans ses choix de mise en scène polissés que dans son cachet comédie romantique ni vraiment transcendant, ni vraiment original – On retrouve même l’appartement champ de bataille avec les gosses au milieu, déjà croisé dans le film précédent mais en moins percutant, plus aseptisé. Il y a des choses qui me plaisent mais elles sont trop éparses et trop à mettre au crédit de l’interprétation ; Des moments qui me font rire mais peu de situations marquantes ; Des embryons de délires séduisants (Le procès avec entrée en scène d’un singe et d’un dalmatien) qui ne tiennent pas sur la durée. Et puis le côté auscultation d’une working girl / héroïne des temps modernes m’agace un peu. Mais les acteurs sont excellents, c’est vrai.

     Je tenais à parler d’Arthur Harari, celui qui joue le dresseur de chimpanzé. J’ai lu cet été dans un numéro spécial de So Film un article interview sur la nouvelle vague de cinéastes du polar à la française, allant d’Anger à Leclercq, en passant par Cavayé et Schoendoerffer. A boire et à manger, en somme. Et dans ce petit groupe, il y avait Arthur Harari, le seul qui ne me disait rien. Il venait de sortir Diamant noir. En l’espace d’une dizaine de pages et quelques mots, il semblait de très loin être le plus intéressant de la troupe.

     Où je veux en venir ? En fait, au-delà de la pertinence de ses interventions, les quelques clichés disséminés dans l’article dans lesquels il apparaît me rappelaient un visage. J’ai longtemps cru que c’était à Travis Bickle qu’il me faisait penser, tant c’est un sosie évident du jeune De Niro de Taxi driver. Or, depuis Victoria, je sais que j’avais auparavant croisé ce visage ailleurs, c’était dans La bataille de Solferino, il y jouait l’ami avocat de Vincent Macaigne. C’est bizarre la mémoire photographique. Hier, pendant le film, j’étais persuadé de l’avoir vu ailleurs que dans les deux films de Triet. Le générique final m’a offert toutes les clés. Harari, je me souvenais de ce nom. Quoiqu’il en soit, j’aime bien ce gars, ce qu’il dit, comment il joue. Et puis c’est un sosie de premier choix. Je suis persuadé que je vais adorer Diamant noir.

The Walking Dead 7.01

14900331_10154087140342106_251075003095003539_nThe Day Will Come When You Won’t Be.

   8.0   Pas l’habitude d’écrire sur un épisode de série et encore moins sur une ouverture de saison mais la hype autour de la reprise de The Walking Dead est telle que je me prends au jeu d’autant qu’il m’est rare de voir une diffusion série pile en même temps que tout le monde.

     La saison précédente avait marqué le point de départ d’une transition intéressante, qui reprenait la trame des livres tout en préservant la respiration propre à la série depuis son lancement. Un carrefour post terminus qui supplantait l’errance post prison, où l’on rencontrait d’abord Alexandria, puis La Colline et la menace Sauveurs. L’ouverture sur autre chose dont on est familier si on lit les comics avec l’apparition de nouveaux personnages, en chef de file : Jesus, Negan, Ezeckiel. Si ce dernier devrait vraisemblablement entrer dans la danse bientôt c’est sur le cas Negan que se fermait la saison 6 et donc sur l’instant crucial du Tome 17 : les dégâts laissées par Lucille, cette batte cerclée de barbelés.

     Si le cliffhanger semblait bidon pour certains moi je le trouvais très beau. Moins pour son climax en suspens que pour marquer une rupture, une vraie, violente, hors champ car subjective (On était dans l’œil de celui qui encaissait le coup de batte), inachevée. TWD entrait dans l’ère Negan. Celle du Gouverneur avait fait couler du sang mais celle-ci s’annonce plus trash encore, plus maîtrisée et barbare, aussi. Le fait de couper la saison sur un massacre à venir permettait à la série de ne pas tomber dans une violence perverse qui aurait donner à cette fin de saison un arrière goût de gratuité disproportionnée.

     Ouvrir une nouvelle saison dessus permet plusieurs choses : L’entrée dans l’ère Negan, donc et de la manière la plus excessive qui soit (Deux exécutions au lieu d’une, même si c’était attendu puisque l’un d’eux étant déjà out dans les bouquins à cet instant-là) et une construction narrative étonnante, aussi puissante qu’émouvante. Surtout, elle permet de nous engager sur le terrain du combat. Car de ce renoncement forcé (Rick dompté comme jamais) va forcément naître une résurrection. En fait, je n’ai aucun reproche à faire à ce season première comme j’avais pu en faire à celui de la Saison 5. Le terminus, les baignoires, l’explosion. C’était un peu nase, en y réfléchissant deux secondes. Là je trouve qu’il n’y a aucun gras, autant dans l’ouverture post massacre (dévoilant notamment de longs gros plans sur le visage de Rick, joue droite ensanglantée) que dans la petite promenade qui s’ensuit, véritable purgatoire en camping-car qui permet le flash-back insoutenable qui en découle et le retour au présent qui s’impose. Tout y est à sa place. Il fallait cet épisode pour relancer la machine. Il fallait cet épisode pour ouvrir une nouvelle ère. Peut-être que le reste de la saison en pâtira, qu’importe. Le 6.16 avait annoncé des promesses que le 7.01 a tenues.

     Bref. N’en déplaise à ses tenaces détracteurs, puristes, relous, pisse-froid le 7.01 de The Walking Dead est une merveille sous tension, un virage imposant (formel et violent) et la concrétisation que la série se porte très bien depuis deux saisons et demi, depuis qu’on a quitté la prison, en gros. Une claque dans la gueule cohérente avec ce qu’elle souhaite raconter : un voyage au bout de la nuit éternelle dans laquelle Negan s’impose en faucheuse sadique et cruelle. 45 minutes éprouvantes qui n’ont rien à envier à The descent, Creep, Haute tension, Éden Lake, Martyrs, Hell. Bref, ce qui s’est fait de mieux dans le genre (horrifique) au cinéma ces quinze dernières années. Ça m’était déjà arrivé de vouloir revoir un épisode « baffe » de TWD (le 3.04 ou le 4.14 ou le 6.04 de mémoire) mais jamais je n’avais autant eu envie de le revoir que de ne surtout pas le revoir. Negan est arrivé. Son univers avec. Au moins aussi fort que dans les livres.

Point Limite Zéro (Vanishing Point) – Richard C. Sarafian – 1971

14445087_10154010275152106_7096015747193580428_oRoad « soul challenger » trip.

   9.0   Vanishing point est hanté par un regard, celui de Kowalski, ancien pilote de course professionnel, ancien du Vietnam, ancien cascadeur, ancien flic aussi ; Un regard désenchanté, qui semble avoir vrillé depuis longtemps, un passé que les superbes autant qu’ils sont discrets flashbacks, disséminés ici ou là, vont éclaircir afin d’apporter à ce regard perdu une émotion à partager, une douleur à confesser ; Vincent Gallo s’en inspirera beaucoup pour son déchirant The brown bunny.

     Mais à l’inverse de Bud, Kowalski n’est pas en quête, ni d’un deuil à construire sur l’asphalte désertique (Son quotidien est mécanique : il conduit des voitures d’un endroit à un autre) ni de fleurs qui pourraient lui rappeler celle qui s’est fanée, un jour, dans l’océan – L’image terrible de cette planche de surf, abandonnée sur le sable. Ce sont des légendes déchues, réfugiés dans le silence, rongés par la solitude. Les derniers héros américains – Pour reprendre les mots de Super soul.

     C’est à Denver, dans le Colorado, que la Dodge Chevrolet 1970 blanche embarque Kowalski (et non l’inverse) dans sa course folle, cavale qui se poursuit dans les plaines arides du Nevada avant de s’achever dans la chaleur californienne. A Cisco, plus précisément, là où le film s’ouvre, dans un village paumé, qu’une droite ligne de bitume vient traverser et sur laquelle on a disposé des bulldozers en guise de barrage de police. C’est la fin de la course.

     Un retour en arrière s’impose, deux jours plus tôt, pour comprendre cette issue macabre, cette image de bolide que l’on imagine s’écrasant sur ces monstres d’acier, tandis qu’il devait sillonner le pays jusqu’à San Francisco, contre un peu de thune. Une sale affaire de jag dans le fossé, d’une part puis deux autostop malveillants ensuite. Et voilà Kowalski coincé dans le seul endroit où il est impossible de se cacher, ou presque – Superbe séquence de cache-cache improvisée sous des arbustes, avec le vieil homme aux serpents, rencontrés là, errant comme tant d’autres.

     Dans ce dernier voyage, aux allures de doux purgatoire, Kowalski fait à nouveau figure de légende à travers le pays, un baroudeur innocent mais poursuivi bientôt par une véritable horde de forces de l’ordre. Il sera donc épaulé, hors-champ par un pays qui sacre son dernier hippie, mais aussi par la radio Kow (bientôt rebaptisée Radio Kowalski) et son trublion et aveugle présentateur SuperSoul qui fait de Kowalski son idole révolutionnaire, le dernier symbole de liberté – Un moment donné, via une astuce de montage, on croit même qu’ils dialoguent tous deux. Un accompagnant médiatique qui sera fatalement la cause de sa chute.

     Et avant l’issue fatale, Kowalski va entrevoir des visions douces, trouver des correspondances funèbres : Au sayonara déclamé par sa femme dans ce souvenir halluciné répond le Vaya con dios du vieil homme aux serpents. Et croiser des regards. Chez Gallo ce sont des rencontres aussitôt avortées. Chez Sarafian, ces figures féminines qui viennent croiser le regard de Kowalski sont des présences purement fantomatiques, ici une lumière blonde qui semble surgir de l’asphalte aux abords d’une station essence, que Kowalski observe, avec l’insistance d’un regard en plein rêve éveillé ; Plus loin, l’apparition d’une hippie, nue sur une moto, lui offre l’image d’un bonheur sauvage, éternel et des amphétamines pour garder le sourire. Il n’a plus qu’à s’en aller mourir.

Mon Roi – Maïwenn – 2015

32L’emprise.

   7.0   A l’instar de son Polisse, le dernier Maïwenn agit comme une tornade. On se libère du gouffre à faits divers et de la kyrielle de flics-personnages pour ne plus se concentrer que sur dix ans de la vie passionnelle d’une femme, amoureuse à l’infini (Ce dernier regard bouleversant, lors d’un rendez-vous à l’école de leur fils, en dit long sur ce que cet homme représente et représentera toujours pour elle) d’un monstre qui la domine, la méprise et l’humilie tout en lui faisant croire qu’il en est fou amoureux. Cassel joue cela à merveille, l’enflure absolue qui sait attendrir, aussi bien elle que nous. Bercot en face est une montagne d’émotions brutes et contradictoires, libérant des avalanches de larmes et de souffrance comme il est rare d’en voir, des sommets de bonheur et de rage mêlés, éphémères et instantanées. Et le film ne plonge jamais dans l’excès, à peine il explose qu’il se fond dans l’ellipse ; Une violente dispute peut être relayée par une douce retrouvaille. Sans cesse il rebondit, jusqu’au prochain séisme. C’est La vie d’Adèle, de Kechiche qui croise Keep the lights on, de Sachs et Nous ne vieillirons pas ensemble, de Pialat, mais une version déchirée, hurlante dans laquelle il est n’est pas aisé de se trouver une place – C’est ma limite, je préfère les cinéastes suscités pour l’étirement qu’ils parviennent à produire ; Chez Maïwenn, il faut que ça trace, que ça gicle, il faut tout casser, se donner en spectacle. Difficile aussi de ne pas faire de parallèle avec La tête haute, le dernier film d’Emmanuelle Bercot, qui bien que différent dans la portée de son récit, agissait lui aussi par coups de fouets, saillies à fleur de peau, entre fines accalmies et longues montées hystériques. Deux films qui dialoguent beaucoup dans leur mise en scène, ce qui prouve que Maïwenn a mis de l’eau dans son vin et aborde dorénavant les choses de front ; Point de suicide final abracadabrant mais l’image forte d’un couple défait, dont la relation (pour toujours ?) houleuse ne tourne plus qu’autour de l’éducation et la garde de leur enfant. Produit de leur bonheur passé, illusoire que cette étonnante construction sous forme de bribes de souvenirs (Chaque retour au présent, lourdingue à priori, avec ces séquences de masso-kinésithérapie sont superbes) ne cherche aucunement à renforcer à coups d’effets de styles ou afféteries de scénario trop fabriqués. C’est épuré, c’est rêche, c’est fort.

Juste la fin du monde – Xavier Dolan – 2016

34L’enfer.

   3.0   Calvaire similaire à celui procuré par Almodovar avec Femmes au bord de la crise de nerfs. Je suis pourtant loin d’être un anti-Dolan : J’aime beaucoup Les amours imaginaires, je suis plutôt admiratif de Laurence anyways. J’ai l’impression ici et pour la première fois d’assister à une caricature de caricature de Dolan – Comme Malick avec To the wonder. Ses habituelles envolées pop (et là on te sert un gratin aussi kitch qu’éclectique : O’zone, Camille, Foals, Blink 182, Moby) ne traduisent plus ni urgence ni folie, ne produisent plus rien sinon un effet branchouille en force.

     Dolan crée volontairement de la saturation, procédé que j’aime souvent beaucoup (Cf Sophie Letourneur et sa coloc dans La vie au ranch ou plus récemment Léa Fehner et sa troupe de cirque dans Les ogres) mais qui échoue complètement ici. Ça crie, ça pleure, ça gorge l’espace mais ce sont des visages que j’ai trop l’habitude de voir et des acteurs approuvés qui jouent tous dans l’excès leur petit numéro théâtral, trop écrit, trop mécanique. L’interprétation, parlons-en. Une horreur. Le casting me rendait méfiant, excitant aussi, un peu. Je n’y ai vu qu’un pot pourri disloqué, grotesque, tout en emphase, fait de cris, de larmes, de balbutiements forcés, de mutisme empesé.

     Entre l’hystérico-défoncée Seydoux, le beauf beuglant Cassel, la carnavalesque Baye, le vilain petit canard silencieux Ulliel et une Cotillard qui ne parvient pas à construire une semi phrase sans buter sur chaque syllabe mon cœur balance. Je développe. Ceux pour qui je suis le plus mitigé, ce sont Cotillard et Cassel. Je ne vois que la fabrication de leurs personnages, je ne vois rien qui s’incarne à l’écran ou maladroitement. Elle, je crois que c’est l’écriture autour de son personnage qui me gêne, cette emphase dans sa diction justement, son retrait permanent, ce même si elle le joue très bien, c’est épuisant. De toute façon l’ancienne Cotillard est morte dans le troisième volet de Batman (et de quelle manière) et depuis c’est quelqu’un d’autre. Lui je le trouve nettement plus juste dans Mon roi. Je trouve que Maïwenn avait su capter cette nuance, alors qu’étant donné le personnage ce n’était pas évident. Là ça me semble un peu forcé cette histoire de parfait connard/frère meurtri et cette façon de le jouer à mi-chemin entre Irréversible et La haine tout en flirtant avec le jeu outré de Lellouche. Quant aux autres : Rien à dire sur Ulliel, que je trouve très bien, juste dans son jeu, honnête dans son personnage. Baye c’est le métronome du film : Si elle en fait des caisses, comme au début, le film est irritant. Si elle se canalise, le film est beau (la séquence avec Ulliel, très réussie). Et Seydoux c’est à mon humble avis le gros miscast du film. Mais c’est vraiment un problème de personnages et d’incarnation de ces personnages, plus que de texture pop et autres gadgets de mise en scène cher à l’auteur (Il peut balancer du O’Zone ou des ralentis solaires je m’en fou) je ne me reconnais en aucun d’eux, pour anti-paraphraser Dolan himself qui dit avoir mis de lui dans chacun.

     Et s’il n’y avait que ça ? Mais non, il faut aussi se farcir tout du long une mise en scène de la découpe géométrique consistant à ne cadrer que des visages, illuminés, dans l’ombre, à travers une embrasure, tout y passe. On étouffe. Il y a néanmoins deux idées/séquences qui ont un peu agrippé un truc en moi : Le close-up mère fils, très beau et le long échange de regard entre Ulliel et Cotilard. Là il se passe un truc. Mais aussitôt on replonge, systématiquement. Il y avait aussi cette idée de canicule qui plane sur cette journée mais dont on ne ressent jamais le poids sinon qu’il se traduit en cris, nerfs à fleur de peau et perles de sueurs sur les nuques. Les mots qui reviennent le plus souvent sont ceux que chacun va lâcher à tour de rôle : « Pourquoi t’es revenu ? ». Je me pose toujours la question de pourquoi je suis resté jusqu’au bout, moi.

     Je ne connais pas la pièce de Lagarce mais l’idée (que Dolan a réussi à vraiment traduire dans les deux belles scènes suscitées, avec la mère et avant avec la belle-sœur) d’un retour en famille pour annoncer sa mort (et voir les réactions que suscitent cette annonce) qui se heurte au souhait de chacun, sans le dire, que le garçon annonce qu’il va rester, je trouve ça vraiment très beau. Dolan, qui a sans doute pris pas mal de libertés vis-à-vis du texte, crée à mes yeux beaucoup plus d’empathie pour Ulliel que pour sa famille (qui ont chacun leur partition caricaturale à jouer, à tour de rôle, avec des infimes transformations entre le premier tiers et le dernier) alors que sa démarche est roublarde – Ce même s’il est vrai qu’on ne connaît pas les raisons de son départ, 12 années plus tôt. Cette impossibilité d’être ensemble, cette famille brisée par la distance, l’absence et les non-dits est assez déchirante. Sur le papier. Donc le mérite revient davantage à Lagarce, j’imagine.

     Je préfère le Dolan un peu plus fou dans ses enjeux et sa mise en scène que le Tout pour les acteurs que je vois dans celui-là. Dans un registre différent, Ma Loute m’avait laissé de côté en partie pour ces mêmes raisons. La séquence en voiture entre Ulliel et Cassel je la trouve très intéressante sur le papier mais à l’écran ça se traduit trop lourdement à mes yeux, comme la plupart de ce que l’on  peut trouver dans le dernier Dumont. Et la mécanique du renversement me gêne : Je sais que si Cassel est dans l’excès au départ c’est pour atteindre un autre excès, contradictoire, à la fin. Pareil pour Baye, je sens la séquence pivot/émotion arriver. Reste que ça ne m’a pas vacciné pour autant, je le vois vraiment comme un cas isolé dans sa filmo, d’où les réceptions extrêmes qu’il peut provoquer. En tout cas, j’ai très envie de découvrir Mommy.

Effets secondaires (Side Effects) – Steven Soderbergh – 2013

29A double tranchant.

   6.0   C’est la construction qui se révèle étonnante dans Effets secondaires puisque si l’on croit d’abord tenir un banal pamphlet contre l’industrie pharmaceutique, le film bascule ensuite dans le thriller glacial qui rappelle certaines réussites du genre dans les années 90. A l’époque c’était Rebecca de Mornay qui jouait ce type de rôle, là c’est Rooney Mara. Et elle est excellente, comme d’habitude. L’ouverture rappelle Psychose : La ville, un immeuble, une fenêtre, on y entre lentement, sauf qu’il ne s’agit pas du début de l’histoire mais de la séquence pivot (Une maquette de voilier sur un fauteuil, des traces de sang sur le sol) que l’on retrouvera vers la moitié du film. Et le film, sans briller, s’avère assez passionnant. Notamment dans sa faculté à brouiller les pistes, à changer constamment de cap comme Jude Law, le psychiatre, tâtonne dans son enquête. Si la deuxième partie du film est plus mécanique dans son enfilade de rebondissements visant à éclaircir puis obscurcir le récit, le fait est qu’elle répond avec brio au savoureux mystère qui régnait durant la première. Bonne surprise. 

Le trésor de la Sierra Madre (The Treasure of the Sierra Madre) – John Huston – 1949

32La ruée vers l’or.

   5.5   On a beaucoup dit de Sorcerer qu’il était le remake américain du film de Clouzot, Le salaire de la peur. Oui, mais pas que. Et si sa vraie matrice se trouvait dans la dynamique Hustonienne, dans le désert crasseux et cruel qui parcourt Le Trésor de la Sierra Madre ? Là où les éléments semblent se déchainer plus que d’ordinaire. Là où les visages sont durcit par l’avidité. Là où la quête est aussi absurde au début que ne l’est son fiasco final. Si chez Friedkin, c’est uniquement après la réussite exténuante et in-extrémis de l’affaire que des tueurs viennent tout anéantir dans un hors-champ mémorable, chez Huston c’est une bourrasque de sable qui s’empare de l’or aussi abruptement que le filon avait été débusqué. C’est donc un film d’aventures dans la tradition du genre, avec des rencontres, des affrontements et de l’or, un film fantasme qui une fois de plus avec Huston, me laisse au mieux sur ma faim, au pire sur la touche. C’est à ce jour ce que j’ai vu de mieux de sa part mais ça n’atteint jamais le fantasme que je m’en faisais – Ou alors au tout début dans les prémisses du voyage et à la toute fin, magistralement ironique. Ça manque de chair et de rythme, de climax et de sidération. L’impression continue que Huston en fait trop ou pas assez ; Qu’il voudrait faire un film de personnages mais échoue à n’en produire que des caricatures. Qu’il voudrait jouer avec l’immensité du désert mais ne se plait vraiment que dans ces risibles échanges de gunshots. Et si l’on apprécie les marques que le temps vient infliger sur le visage de Bogart, la mise en scène ne crée jamais cette envoutement et cette aliénation que l’on retrouvera chez Friedkin. Déception relative donc, mais déception quand même.

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