L’infiltré.
4.0 Autant il me semble aisément concevable d’aborder le dernier Bonello autrement que par le prisme des évènements qui ont secoué la France depuis bientôt deux ans, autant chez Boukhrief c’est plus difficile, au sens où la démarche est nettement moins artistique que fondée sur un terrain réaliste, ce qu’il a toujours fait depuis Le convoyeur même si le rythme si étrange de ses films et leur grain de folie latent lui permettaient parfois de dynamiter le polar. Le fait est que Made in France fonctionne aussi en polar et qu’il ne fonctionne d’ailleurs que si on le prend ainsi : L’infiltration, le récit en entonnoir, les personnages qui tombent, la scène finale. Et dans le même temps, le fait de se baser sur une situation très proche de celle qu’on a pu observer pour le Bataclan (Une cellule terroriste se voit confier la mission de faire sauter un lieu public sur les champs Elysées) on ne peut pas oublier la dose de réel dans laquelle il met les pieds. Malgré le genre (le polar) il faut reconnaître que Boukhrief se situe plus dans le réel que Bonello, qui lui (outre le fait de s’emparer d’un sujet épineux) vogue entièrement dans le fantasme. A part ça il y a quelques bonnes scènes dans Made in France, quelques bonnes gueules aussi, mais on est loin, très loin de la générosité du Convoyeur ni même de Gardiens de l’ordre.