Le purgatoire andalou.
6.5 Comme dans True détective vers lequel ce polar espagnol lorgne (un peu trop) il s’agit moins de résolution d’intrigue que d’un pur film d’ambiance mené par une alliance insolite entre deux policiers que tout oppose. Point de buddy movie (au sens où on le définit) puisque les deux personnages flics feront équipe tout en maintenant leurs distances. L’un traîne un lourd et flou passé héritée de sa carrière dans la police franquiste, avec ses méthodes peu recommandables qui semblent ressurgir ici ou là quand l’autre, jeune idéaliste, essaie de se forger une place solide dans le milieu. C’est l’ancien et le moderne. La violence sourde contre l’espoir silencieux – Un exact inversé de Seven. L’union va donc opérer autour d’un double enlèvement sordide, adolescentes dont les corps sont bientôt retrouvés violés et démembrés dans les marais de Guadalquivir. C’est une Andalousie comme on ne l’avait jamais vu, entre le bayou et les routes désertiques. Nombreuses transitions (Et le film commence d’ailleurs sur une succession de ces plans) répètent les top-shots de manière un peu trop systématique, pour accentuer l’angoisse invisible, le poids du néant à venir, la dimension accablante (Que Bong Joon-Ho avait su plus discrètement capter dans son Memories of murder auquel on pense beaucoup ici) renforcé par des saillies dispersées, fait de révoltes ouvrières et de franquisme mal digéré. C’est humide et poussiéreux à la fois. Solaire et pluvieux. Les jours sont de véritables chapes de plomb, les nuits des entrées au cimetière. Jusque dans cette (quasi) ultime séquence de poursuite finale, bien troussée, qui rappelle inévitablement La nuit nous appartient de James Gray, mais les roseaux ont été remplacés par les herbes marécageuses.