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Archives pour octobre 2016



Scream – Wes Craven – 1997

Drew Barrymore in Wes Craven's "Scream"Profondo rosso.

   10.0   1er septembre 2015.

     Ce dimanche, Wes Craven a tiré sa révérence. L’occasion pour moi de revenir sur son film le plus passionnant, puissant, jouissif, choquant, méta, que je considère d’une part comme son meilleur (haut la main) mais aussi comme l’un de mes films préférés, depuis toujours ou presque. Wes Craven qui meurt c’est une part de mon adolescence qui s’en va. Vu Scream j’avais douze ans. Je découvrais Drew Barrymore, adulte, après l’avoir vu en boucle, petite, dans E.T. L’extraterrestre. Un gros choc. C’est la première fois que j’écrivais sur un film (Je vous fais grâce de mes bafouilles d’époque) c’est dire si ça m’a chamboulé. Le plus fort étant que l’effet ne s’est pas dissipé. Au contraire.

     Wes Craven, abonné du genre, mais cantonné très souvent aux produits de seconde zone nous propose avec Scream une réappropriation du cinéma d’horreur, tout en lui redorant le blason (en totale voie de disparition durant ces années 90) et surtout avec du nouveau, c’est évident : Faire un teen-survival-movie avec conscience des conventions du slasher, un meurtrier connu de tous dissimulant son identité derrière ce masque, un film ultra ludique, aussi drôle que flippant (la première scène est un chef d’œuvre à elle toute seule) qui cite un pan du cinéma de genre (de Psychose à L’exorciste, de Halloween à Carrie, de Vendredi 13 à Hurlements…) avec beaucoup d’intelligence, de maestria et d’admiration.

     Nombreux sont ceux qui l’ont étiquetés comme une simple parodie de slashers, à tort bien entendu (auquel cas c’eut été raté) puisqu’il en est l’exact contraire, se réappropriant ses pères (Argento, Carpenter et consorts) tout en en modifiant les facettes. Scream a dix milles facettes, il navigue ici et là, il ne se contente de rien, il cherche, il grappille ce que tout aficionado peine à obtenir devant ces films à l’accoutumée. Indispensable pour les fans dans un premier temps donc. Et Scream c’est aussi un masque. Sordide, terrifiant, inoubliable. Tiré du Cri d’Edward Munch. C’est aussi une ribambelle de scènes cultes où l’on cite à foison. Absolument jubilatoire, en permanence, bien que si l’on découpe un peu, il est évident que deux séquences sont au-dessus d’un lot, déjà bien garni :

     – La scène d’entrée en matière. Tout se passe au téléphone. Un homme pose des questions à une femme. Elle ne cesse de raccrocher. Il ne cesse de la rappeler. La situation dégénère. Et on s’achemine progressivement vers l’un des (déjà doubles) meurtres les plus éprouvants de l’histoire du cinéma, où Craven, comme son compère Argento, utilise des sonorités aussi étouffantes que jouissives : Le téléphone qui sonne, le tonnerre qui gronde, cette voix d’homme charmante puis tétanisante, le climat enfumé dû au pop-corn trop grillé, le bruit exagéré des couteaux… le corps sans vie du boy-friend qui perd la vie parce que Casey a répondu à côté d’une question cinéma… Les parents qui débarquent, et les cris de cette mère qui hurle, entendant la voix de sa fille pré mortem au bout du fil, ayant décroché l’autre combiné… Une mécanique d’orfèvre.

     – Et la séquence finale dont je tairais le dénouement bien entendu, qui occupe la moitié du film. Une soirée entre amis. Beaucoup de monde. Puis petit comité distendu (la majorité des présents ayant préféré aller voir le proviseur de leur lycée pendu au but du terrain de football). Bières à gogo, Halloween à la téloche. Un meurtre dans un garage. Un meurtrier dans la maison. Effet cluedo oblige, l’étau se resserre. C’est lui ? Ah non. C’est elle ? Mince, non plus. Je mets au défi quiconque de deviner le dénouement final, ce serait comme prévoir la fin de Sixième sens ou de Usual suspects.

     Et la grande originalité de Scream c’est sa dimension théorique, toute la réflexion méta sur la notion de suite. La suite est continuellement envisagée soit de manière diégétique soit imaginaire. Scream en un sens est déjà la suite d’un film d’horreur qui n’existe pas, celui du meurtre de la mère de Sidney un an avant les faits contés dans Scream, qui plane en permanence au-dessus du récit. La suite peut-être perçue en tant qu’adaptation, en tant que mise en scène de la réalité, ce fameux tiré de faits réels qui est le paradigme de Hollywood. La suite plane sur le film aussi parce que les personnages se croient dans un film. « Il faut que le public ait une suite » répète l’un des personnages à la fin, en référence au meurtre de Maureen Prescott. On verra dans le quatrième volet que la fiction dans la fiction aura largement dépassé la réalité dans la fiction puisque le nombre de Stab (saga relatant les faits de Scream au sein de Scream) finira par dépasser le nombre de Scream. Tu me suis ? Et puis il y a aussi tout un jeu génial autour de la virginité. Thème souvent central dans le slasher (on pourrait revenir au récent et sublime film de David Robert Mitchell, It Follows).

     Spoiler Alert /// On peut considérer dans le final que Billy et Stuart sont deux entités qui se nourrissent et s’annulent. Comme un scénariste et un metteur en scène. Il y aura toujours dans Scream cette dualité. On en revient à cette question éminemment hitchcockienne : Comment construire un film, comment construire un meurtre ? Le film poursuit sa réflexion à l’intérieur même du récit, les personnages ne cessant de se référer au cinéma, d’horreur essentiellement. Ainsi, lorsque Randy cite que dans tout slasher tout le monde est potentiellement suspect, Scream exploite à son tour cette théorie, du père de Sidney introuvable aux chaussures noires de l’inspecteur. Durant la soirée finale chez Stuart, qui fait office d’ultime terrain de carnage et de mise en scène du carnage – Inutile de rappeler chez qui l’on se trouve, pour faire le lien – le film est déjà dans le film, par l’entreprise d’une projection du Halloween, de Carpenter, en fin de soirée, durant lequel il est fait état des règles de survie dans les films d’horreur. Mais aussi par la caméra espionne de la journaliste, Gale Weather, qui aura toutefois un léger différé de retransmission. Halloween en permanence sur l’écran se cale souvent sur les faits de Scream, le meurtre dans la cuisine, Jamie Lee Curtis tombant dans les escaliers, Myers dans la penderie. On apprend donc grâce à Randy, que Jamie Lee montrera la première fois sa poitrine dans Trading places, en 1983. Que le tueur revient toujours pour un dernier frisson. Entre autres pépites aussi drôles que terrifiantes.

     Personnellement je trouve que Scream, prit à part, dans le genre qui le concerne, est un pur chef d’œuvre. Je l’ai vu des dizaines de fois et la jubilation qu’il me procure reste intacte.

Le 23 septembre 2016.

     Je revois Scream un an quasi jour pour jour après l’avoir redécouvert suite au décès de son auteur. Je le revois comme je le revoyais régulièrement il y a quinze ans, avec le même élan de réjouissance, une fascination toujours évolutive, l’impression que dans chaque séquence/action/parole se cache une idée, une inspiration, un détournement des codes, une volonté de tout foutre en l’air.

     Craven pousse le curseur du méta-film à son paroxysme. Ainsi lorsque Sidney avoue détester les films d’horreur car, dit-elle « Ils se ressemblent tous, il y a toujours une nana bien roulée qui monte l’escalier plutôt que de sortir par la porte d’entrée » c’est exactement ce qu’elle fera dans la minute suivante, le tueur à ses trousses, puisque le loquet de sa porte fermé l’oblige à monter se réfugier dans sa chambre. Il y a même un instant génial où Billy est arrêté et on ne sait pas bien s’il est ou non le coupable, tout l’incrimine mais c’est trop simple et c’est le shérif qui va nous donner la réponse – Il s’adresse à nous plus qu’au commissariat – en lâchant un « Let’s get back to work » histoire de signaler qu’on est loin, bien loin de la résolution. Plus tard c’est Randy qui avoue à Billy que s’ils se trouvaient dans un film d’horreur, sa passion pour le genre en ferait automatiquement l’un des principaux suspects. Quand dans le dernier acte, Billy compare la situation de Sidney à celle de Jodie Foster dans Le silence des agneaux, elle lui répond qu’ils ne sont pas dans un film ce à quoi Billy réplique : « Sure it is, Sid. It’s all a movie. It’s all one great big movie. ». C’est vertigineux d’auto-analyse permanente.

     Pourtant, Scream se développe aussi dans sa propre bulle de réalité, dans le récit qu’il s’est construit et approprié, il ne joue pas uniquement sur sa dimension théorique. L’apparition traumatique est à propos traitée avec minutie. On creuse le vernis du rêve américain dès la première séquence avec Casey dans la maison bourgeoise de ses parents, puis avec Sidney dans le souvenir du drame, puis dans le mobile final du tueur. Le background est tellement imposant (Et c’est une première dans un film de Craven) qu’on aurait aisément pu créer, avant ou après, un Scream 0 avec les mêmes personnages, l’histoire de Maureen, la mère de Sidney, Cotton Weary etc. C’est tout à l’honneur de Craven d’avoir gardé ça hors champ ou uniquement comme toile de fond à Scream, invisible. Mais c’était possible, largement.

     Et le jeu se poursuit, dans le drame comme dans la comédie. Il s’agit pour Craven de faire exploser sa bulle de confort, comme Argento faisait exploser la sienne dans Profondo rosso. Un moment donné le tueur semble partout. « Everybody is suspect » avait prévenu Randy. Chacun endosse le masque, maladroitement (Dewey) ou pour rire (Les jeunes du lycée) accentuant cet état de suspicion générale, de perdition totale dans laquelle on se trouve. On a aussi rarement autant ouvert des portes et des placards. Rarement autant sursauté – Un moment, le proviseur enfile le masque, juste pour voir, puis tombe sur son reflet dans le miroir et sursaute à son tour. C’est aussi ça Scream, se jouer des conventions oui, mais jouer beaucoup avec. Où la crainte du moindre coup de téléphone côtoie sans cesse une réflexion sur la représentation et l’idée qu’on se fait du mélange réalité/fiction.

     Maintenant que j’ai vu Friends je peux en parler : Je ne l’ai pas vécu ainsi à l’époque mais ça devait être fort de voir Courteney Cox faire une pause dans son rôle de Monica Geller (On est à la mi-Friends, en gros) pour interpréter ce rôle aussi ingrat que génial de Gale Weathers. Cette journaliste qui veut des meurtres pour alimenter les recettes générées par son bouquin. Elle prend des baffes, se fait insulter. Elle innocente Cotton quand Sidney le rend coupable. Elle tombe sous le charme de Dewey, le frère de la meilleure amie de Sidney. Et c’est elle qui devient un instrument de mise en scène dans la deuxième moitié lorsqu’elle installe une petite caméra dans la maison, dont Craven utilisera régulièrement l’enregistrement. En fin de compte, si l’on enlève Sidney, Gale est Le personnage de cette tétralogie. Ingrat mais ambivalent.

     La grande force du film c’est d’arriver à être à la fois hyper vivant ludique, tout en étant cruel et cauchemardesque, ce que la bande originale signée Marco Beltrami parvient magistralement à offrir en voguant d’une plage anxiogène et flottante (Les morceaux A cruel world ou Trouble in Woodsboro, magnifiques) vers des mouvements plus sensuels et hypnotiques (NC-17, tout en douceur suspecte). On joue autant avec les tiroirs du récit qu’on ne vibre aux côtés des personnages, tous géniaux car c’est aussi un formidable film de campus, tragique et opératique. Dans lequel on est moins dans l’établissement qu’aux abords. Dans lequel les couloirs d’école sont remplacés par d’immenses baraques bourgeoises.

     Pourtant on revient souvent sur Scream pour sa dimension réflexive, puisqu’en un sens c’est lui qui a tout réinventé. Avec notamment ces fameuses règles de Randy pour rester en vie dans un film d’horreur ; Lorsqu’il lance la première, à savoir « No sex » on vient juste de quitter Sidney et Billy sur le point de faire l’amour – Et comme pour Jamie Lee on ne verra pas non plus la poitrine de Neve Campbell. Quand Randy se réveille de son coma il dit qu’il n’a jamais autant été ravi d’être encore vierge, sans quoi il serait mort. La virginité. Clin d’œil à Nightmare on elm street, évidemment. Autant qu’au Halloween, de Carpenter. Boucle bouclée. Chef d’œuvre.

Le Septième Juré – Georges Lautner – 1962

14409459_10153987813852106_3372132431680569891_oNous sommes tous des assassins.

   7.5   Grégoire Duval, pharmacien respectable, passe son dimanche en famille, aux abords d’un lac. Lors de sa promenade digestive, il aperçoit une jeune prostituée qui bronze seins nus, seule sur une petite plage. Il l’étrangle. En un instant, le petit pharmacien sans histoire devient un assassin. Étonné de n’éprouver ni peur ni remords, Duval reprend sa vie monotone, entre sa boutique et les soirées en compagnie des notables de la ville. Quelques jours plus tard, le pharmacien apprend que la police a arrêté un suspect, et qu’il est sur la liste des jurés pour le procès aux assises (Synopsis tronqué trouvé sur le site d’Arte).

     Je ne voulais pas trop en dévoiler mais pour en parler un peu, il vaut mieux dire de quoi le film regorge dans ses dix/quinze premières minutes. Et pour être plus précis il faut aussi dire que Le septième juré, au début comme ensuite, utilise beaucoup le procédé de la voix off introspective. Nous sommes donc Grégoire Duval. Méprisant, désenchanté, il rejette autant sa condition de petit provincial (Le film se déroule entièrement à Pontarlier) que l’humanité toute entière. C’est le boucher, de Seul contre tous, trente-cinq ans plus tôt. Mais à la terreur froide placardée chez Noé, Lautner trouve un modèle idéal, cynique et émouvant, pour incarner ce type lambda qui bascule. Et Bernard Blier est absolument incroyable, je ne l’avais jamais vu ainsi ; Il est du niveau de Bourvil dans Le miroir à deux faces, et de Cayatte on n’est pas loin, ici.

     Si la partie procès est moins puissante que ne peuvent l’être les premiers instants du film (Et son étrange ambiance onirique alors qu’on sait le drame sur le point de se produire) elle permet de comprendre vers quel échafaud le récit autant que Duval se dirigent, de façon aussi mystérieuse que grossière : En gros, Duval ne veut pas condamner un innocent. Et plus le procès s’allonge, plus il parvient à disculper le « faux assassin » que les autres jurés s’étaient empressés, à la manière de 12 angry men, de lui mettre la corde au cou. Le film devient une charge ahurissante contre les petites bourgades et les institutions judiciaires, qui plus est dans son dénouement, que je ne révèlerais pas mais qui file franchement la chair de poule. A ce jour, le meilleur film vu de Lautner avec On aura tout vu mais difficile de les départager tant ils sont incomparables. 

Splice – Vincenzo Natali – 2010

14249872_10153961494117106_5287226262826052434_o     2.9   Le début est prometteur, il y a une ambiance, un peu de mystère, Natali est encore sage dans sa réalisation. Puis ça devient très vite sans intérêt, médiocre, mal joué, mal branlé. Avant que ça ne vire au nanar total dans un dernier acte  » Film de monstre » ridicule.

Marguerite – Xavier Giannoli – 2015

14379655_10153987813857106_5440144859520306123_o     4.5   Globalement je m’en tape mais j’ai trouvé ça plutôt pas mal, calibré césars (Et Frot le mérite, tout ou presque repose sur elle) certes mais bien narré, sobre, soigné. J’aime bien ces récurrents bruits de paon comme des échos aux éternelles fausses notes de « la cantatrice ».

Les joueurs (Rounders) – John Dahl – 1999

14362604_10153987814332106_3749957662026549437_oPas si « All-in » que ça.

   4.5   La première séquence annonce tout le film à venir, à la faveur d’un savant suspense qui ne marche pas du tout, puisque l’on sait très vite que Matt Damon va faire un gros bad beat contre un Malkovich grimé en ruskov qui cabotine à mort – Mais il est loin d’être le seul. Tout est ultra prévisible et le restera, jusque dans les grandes lignes (l’évolution du personnage, les obstacles qui vont le contrarier, le happy ending mais pas trop) et son schématisme indigent avec la relation amoureuse, chiante et castratrice d’un côté, la passion du jeu, énergique et dangereuse de l’autre. C’est le poker mais ça aurait très bien pu être des courses de bagnoles ou du cambriolage, on est vraiment dans un registre proche de Fast & Furious, Braquage à l’italienne et autre Ocean’s eleven. Agréable en tant que produit pop-corn du dimanche soir mais ça ne va pas plus loin. Matt Damon ne cesse donc d’expliquer comment gagner au texas hold’em, en observant les autres, en regardant davantage les émotions que les cartes, pourtant le film ne le fera jamais, se contenant d’aligner les séquences de jeu brèves, sans saveur, sans ambiance, pas une partie endiablée (On est loin des meilleurs instants jeu de Casino Royale) alors que le film traîne cette réputation derrière lui ; C’est en tout cas ce qu’on m’en avait vendu. Reste donc cette énième variation sur un type cool qui ne sait pas choisir entre deux pôles que tout oppose, se heurtant sans cesse à un entourage incompréhensif et caricatural.

P.R.O.F.S. – Patrick Schulmann – 1985

14322461_10153971300387106_147376919491684358_nLes cancres.

   4.5   Vu un dimanche soir à la téloche car je n’étais pas en mesure de voir autre chose mais surtout parce que je voulais vraiment le revoir, depuis le temps. Hormis quelques gags et répliques ci et là je ne m’en souvenais pas bien en fait ; C’est dingue de constater combien Les profs 1 & 2 (Le package de l’horreur) a tout pomper sur le film de Schulmann (Avec peut-être aussi Les sous doués passent le bac, mais je ne suis pas un adepte pour l’affirmer) version biberon, consternant en permanence, où rien ne fonctionne. P.R.O.F.S. ne fait souvent pas dans la dentelle, il y a des trucs imbuvables, d’autres ras des pâquerettes, des running gags bien lourds, mais il y a aussi de bonnes vignettes et une science du rythme. Et puis c’est plutôt bien écrit et dialogué, même si l’humour y est régressif. On y étire tout de même des séquences gags autour de Bergman, Zéro de conduite, Marcel Duchamp, Bach, Stendhal, Altman, Karl Marx ou l’épanadiplose. Fallait les caser. D’autant que c’est fait sans forcer, ça passe, on y croit. Au rayon anecdote, je ne me souvenais pas de la séquence tournée à Pontoise, sur la place des Moineaux. Très chouette. D’autant que c’est une séquence au dialogue délicieusement surréaliste sur leur vision de l’école idéale. Et sinon, bah Bruel avait déjà la fibre poker, en fait. 

Free state of Jones – Gary Ross – 2016

14425373_10153987814272106_609522183892232290_oSur les rives (de l’ennui) du Mississipi.

   3.0   Ennui similaire à celui provoqué par le Lincoln de Spielberg à la différence qu’il y a dans celui-ci aucune personnalité, ni culot ni parti pris de mise en scène à observer, auxquels se raccrocher. Free state of Jones se contente de dérouler son petit programme sur fond de guerre de sécession, consistant à nous plonger au cœur d’un groupe d’anti-esclavagistes (Qui ont pour la plupart déserté leur condition, paysanne autant qu’esclave) révoltés contre la Confédération. Soit la lutte pour la création d’un Etat libre dans le comté de Jones, pour les Nuls : Un banal cours d’histoire, interminable, avec ses rebondissements prévisibles et son lot de séquences illustratives. Il y avait pourtant un lieu incroyable à filmer : Le marais. Ross n’en fait rien, en bon tâcheron post Hunger Games qu’il est.

Maman – Alexandra Leclère – 2012

maman2Deux sœurs.

   2.5   Alexandra Leclère, réalisatrice de l’infâme Prix à payer, se prend ici pour Bergman mais ça ne fonctionne pas beaucoup mieux. Il faut se coltiner Mathilde Seigner et Marina Foïs qui cabotinent comme jamais. Puis Balasko, qui en fait quinze tonnes. Cerise sur le gâteau, pour un film chabrolien dans l’esprit, sans la fine interprétation ni la subtilité romanesque, qui définit autant le cinéma du suédois que celui du réalisateur de La cérémonie. C’est certes moins horrible que sa précédente crotte, mais il faut néanmoins être solide pour tenir jusqu’au bout.

Sourires d’une nuit d’été (Sommarnattens leende) – Ingmar Bergman – 1956

14355549_10153961493937106_6310877016020538132_nLa nuit du réajustement.

   6.0   La veine comique de Bergman ; Pas ce qu’il aura réussi de plus franc. Quoique si le dispositif est entièrement tourné vers la farce ou le vaudeville, il s’en dégage un parfum de cruauté et de malaise (La crainte de vieillir, le rejet de la solitude, la tentation du suicide) qui a plus à voir avec la comédie à sketchs italiennes, type La terrasse de Comencini ou des expérimentations Ophülsiennes de La ronde, qu’avec le modèle américain de la comédie de remariage.

     C’est une période durant laquelle le cinéaste se rédéploie quasi intégralement : Il y a cette comédie d’époque suivie du métaphysique Le septième sceau avant le road-movie initiatique que constitue Les fraises sauvages. Bergman aurait pu s’en tenir à Monika, rester dans cette veine-là – Puisque Jeux d’été en fait partie aussi. Le paradoxe veut que si l’on aborde Monika par le prisme mythique qu’il est devenu, cela ne reflète en rien le cinéma Bergmanien alors en pleine crise. Ainsi il tâtonne, se cherche, ses films illustrent probablement ce qu’il devient à ce moment-là de sa vie. Et c’est pourtant ces trois films « de transition » qui lui apportent la reconnaissance à Cannes ou à Berlin.

     Je n’ai pas grand-chose à dire sur le film que je trouve passionnant dans son ambition formelle, installant longuement un grand tableau de relations incompatibles dans un jeu de bavardages au sein d’un quadruple décor un peu bâtard avant de tout détruire dans un lieu unique (Une fête dans une grande maison bourgeoise) où les couples vont mystérieusement et miraculeusement s’assembler. Le marivaudage début XXe siècle me séduit moins dans la mesure où les rouages opératiques semblent plus dévolus à la réussite formelle de l’ensemble qu’à la vraisemblance de cet impossible mais agréable chassé-croisé, aussi amer qu’euphorique (Pur ode au libertinage) prenant son envol autour d’un étrange breuvage providentiel.

Rendez-vous à Atlit – Shirel Amitaï – 2015

14258300_10153961493947106_2704254043138264583_oLa maison.

   5.5   Un mot sur les actrices puisqu’elles ont joué un rôle fondamental dans mon choix de visionnage : J’aime beaucoup Judith Chemla, depuis Camille redouble jusqu’à récemment, dans Ce sentiment de l’été, il y a ce truc en elle, cette espèce de folie douce, de sensualité gauche qui me plait. J’aime moins Géraldine Nakache, son hystérie ordinaire, ce qui émane d’elle de cynisme enfantin, de vulgarité masquée qu’elle traîne depuis Comme t’y es belle ou Tout ce qui brille. Les associer toutes deux, dissociables à mes yeux, à Yaël Abecassis, une actrice israélienne habituée du cinéma d’Amos Gitaï, je trouvais cela osé, très intriguant. Et la bonne nouvelle, c’est que la crainte de voir Nakache contaminer tout le monde s’est vite évaporé. Elle est très bien dedans.

     Le film raconte les retrouvailles de trois sœurs, se réunissant pour la vente de la maison parentale, en Israël. Asia veut vendre pour voyager, trouver son idéal ; Cali pour s’acheter un appartement sur Paris et construire une famille ; Darel vend parce que ses sœurs veulent vendre, puisqu’elle, contrairement aux deux autres, a continué de vivre dans la maison de ses défunts parents. La caractérisation des personnages est aussi légère que le ton général dans lequel baigne tout le film, mais il y a une approche soignée à la fois du lieu (Cette maison pleine de vieilleries et son jardin en friche) que dans l’éternelle discussion sans possibilité de terrain d’entente qui se noue entre ces trois femmes. Outre les querelles retrouvées (Pour jeter un meuble ou pour arracher un arbre en gros) la maison est bientôt visitée par les fantômes de leurs parents ; Lourde image leur rappelant leur tendre enfance autant que leurs terribles douleurs – Qui aurait mérité d’être traité plus dignement, plus mystérieusement, mais n’est pas Weerasethakul qui veut.

     Le film a surtout l’idée lumineuse (et peut-être autobiographique) de s’ancrer politiquement dans le Tel-Aviv de 1995 (De nombreux discours télévisés à l’appui) et de hanter son récit par l’assassinat de Yitzhak Rabin, le 4 novembre après son discours de paix. La scène en question, qui fusionne avec l’esprit de paix s’installant entre les sœurs, est un moment très fort, le long d’une route déserte, en pleine nuit, venant de la radio. C’est un tout petit film à l’évidente transparence mise en scénique mais qui respire une suffisamment honnête mélancolie pour sortir de la simple anecdote. 

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silencio


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