Chronique bourgeoise en province.
5.0 Les premières minutes sont insupportables, parmi ce que j’ai vu de pire depuis longtemps. Lellouche, De Tonquedec et Nicole Garcia aidant, évidemment, dans un jeu théâtral abominable. Amalric aussi mais rien n’y fait, lui, même en roue libre, il reste génial. C’est d’ailleurs probablement lui qui nous permet d’entrer dans le film, avec de la bonne volonté. Lui et la relation que son personnage entretient avec celui de Marine Vacth, l’excellente Jeune et jolie d’Ozon. Donc oui, ça s’améliore un peu ensuite même si on a souvent l’impression d’assister à un mix entre la lourdeur des derniers Resnais (Le casting y joue beaucoup) et le cinéma bourgeois de Danièle Thompson. « J’ai la tête qui tourne, tout arrive en même temps c’est incroyable » lâche Dussollier vers la fin du film. C’est exactement ça. C’est beaucoup trop hystérique même s’il faut reconnaître que Rappeneau maîtrise assez bien le surrégime et parvient à créer une énergie mise en scénique qu’on a peu l’habitude de voir ailleurs que chez lui, quelque part entre l’épuisant Les mariés de l’an II et le savoureux Le sauvage, avec Deneuve et Montand. Des films qui ont plus de quarante ans, ce qui prouve que Rappeneau est resté le même malgré ses quatre-vingt printemps bien tassés et pousse son récit (Dont on se fiche grandement) dans un entonnoir vertigineux qui culmine dans ce jeu de chaises musicales final, un concert qui prend des tournures d’Opéra où tous les chassés-croisés entrent en collision, où toutes les dynamiques fusionnent en une seule vitesse, maximale, éreintante et paradoxalement, assez jubilatoire. Ce n’est pas trop ma came dans l’ensemble mais il y a un savoir-faire bluffant là-dedans. Et sinon, Karin Viard y est plus belle que jamais.