L’appel de l’île.
9.5 Cette nuit, j’ai rêvé de Lost. Ce n’est évidemment pas une première, mais c’est la première fois que ça me réveille (Mon souvenir est trop flou pour en parler, désolé) puis m’empêche de me rendormir. Du coup, j’y repensais, éveillé. Lost a changé ma vie. Elle a fait naître mon amour des séries. Elle m’a fait aimer le surnaturel, au sens large du terme. Elle est parvenue à combiner sans m’ennuyer ce que ne se combine pas : Flashbacks, flashforwards, flashsideways. Passé, futur, présent. On vibre Lost ou on ne vibre pas Lost, c’est aussi simple que cela. C’est probablement la seule chose aujourd’hui que je ne j’ai jamais revue et que je rêve de revoir, depuis qu’elle s’en est allé il y a sept ans. Et d’un autre côté, je ne suis pas certain que je refranchirai le pas un jour. Peur de l’addiction foudroyante. Crainte de me perdre à nouveau dans ses méandres émotionnels desquelles rien ne peut oser troubler. Je sais qu’avec n’importe quelle autre série il est possible de maîtriser son rythme de visionnage, mais pas Lost. Si j’étais sûr de pouvoir revoir ne serait-ce que deux/trois épisodes par semaine je m’y replongerai illico mais je suis persuadé que c’est impossible. Pas en ayant les 121 épisodes sous la main. On a trop souffert jadis pour réitérer l’exploit de la dégustation. Bref j’ai l’impression qu’écrire sur Lost c’est déjà braver le col d’une montagne, ne serait-ce que dans les apparences pompières que chaque mot semble acquérir. Mais écrire sur Lost c’est comme se lancer sur Mozart, Bergman, Proust ou Delacroix, c’est délicat. Et je suis très sérieux. Lost, c’est l’œuvre-monde qui ne laisse place à rien d’autre. Possessive, libératoire, maternelle. La routine, la passion, le refuge. On s’y sent bien, on y souffre, on en rêve, on en tremble, on s’en rend malade. S’y côtoient génie pur et maladresses, sidération et ridicule, envolées stratosphériques et embourbements emphatiques. C’est une série qui tente constamment. Qui est en perpétuelle évolution d’un épisode à l’autre, d’une saison à l’autre. La mécanique de l’île comme il existe la mécanique des roches. Une série qui a fait de son médium une quête méta qu’on ne pourra jamais égaler. C’est la naissance et la mort ; Toute une vie et l’expérimentation du néant. L’île-monde au sein de laquelle Jack, Kate, John, Sawyer, Juliette, Charly, Sun, mais aussi Desmond, Ben, Sayid et tant d’autres ont échoué, vécu, péri. Six années durant. Notre famille, soudée, disloquée. Un début, une fin. Des questions, des larmes. J’ai bien conscience de l’ahurissement que doit provoquer chez certain cet élan mélancolico-enthousiaste et pourtant je suis loin d’être le plus dingue de Lost, puisque j’en ai oublié nombre de ses tiroirs, je ne l’ai jamais revu, encore moins décortiqué. Un jour promis, j’y reviendrai de façon plus exhaustive. Qui sait, peut-être que je me relancerai dans cette folle aventure. On n’a pas fini de se perdre dans le labyrinthe lostien.