Ecran libre.
9.0 Ça commence comme les Keaton de la première époque. Le personnage travaille dans un cinéma, il s’y occupe des projections et fait le ménage, tout en aspirant d’une part à devenir un grand détective (Il étudie les us à l’aide d’un bouquin plutôt que de balayer les pop-corn sous les sièges) et d’autre part à épouser une jeune femme convoitée par un riche rival. Une affaire de vol de montre avec ce dernier va précipiter Keaton, qui n’y est évidemment pour rien, dans le rejet de la demoiselle déçue et dans l’enquête sur cet homme dont il est persuadé de la culpabilité. Fiasco absolu. Keaton rentre dans son cinéma et projette le film à venir. Mais épuisé il s’endort. 15/20 minutes très chouettes, du Keaton pur jus, ça aurait pu suffire. Alors, le film s’embrase, brutalement. A tel point qu’on peut le voir comme précurseur burlesque autant de La rose pourpre du Caire que de Last Action Hero. Le réel et l’écran de cinéma se mélangent, se dédoublent. Keaton y voit sa promise et l’homme malveillant s’embrasser, il entre alors dans le film, s’immisce dans le plan mais celui-ci change puis change à nouveau, perturbant ses allers et venues, se retrouvant ici en posture délicate sur le haut d’une falaise alors qu’il marchait sur un chemin, avant d’arriver là sur un rocher au beau milieu de l’océan. On est dans le rêve donc tout est permis. Sans transition, Keaton incarne alors un grand détective, le fameux Sherlock du titre. Il échappe à une multitude d’attentats, s’en va résoudre un vol de collier et une affaire de kidnapping. Puis Keaton, projectionniste se réveille. Et le film se permet une dernière inspiration de génie : Il plonge en pleine comédie de remariage dans une séquence aussi drôle qu’émouvante, où Keaton observe le film projeté pour s’inspirer de la séquence séduction et reproduire les gestes avec son amoureuse de retour. C’est magnifique. L’un de ses plus beaux films.
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