Publié 7 décembre 2016
dans Maya Deren
Toute une vie.
7.0 Maya Deren trouve un nouvel espace d’expérimentation, une plage mentale puisque son personnage (elle-même) est d’abord là, étendu sur le sable, comme ayant été rejeté par les vagues, accouché par l’océan. Et c’est toute une vie qui est racontée dans son odyssée où d’une scène à l’autre, le plan donc l’espace dans lequel elle évolue, change constamment : En grimpant un arbre décharné, son corps débarque sur une table de convives ; Rampant sur la longue nappe (comme un enfant le ferait sous la table) elle entre dans une forêt de feuillage avant de devoir s’extirper d’une abrupte falaise, de s’en aller à travers des dunes, de retrouver une plage déserte. On y croise deux fois un jeu d’échec, comme si déjà, dix ans avant Bergman, la mort accordait un peu de répit au personnage. Deren trouve des idées dans chaque plan : Le plan des dunes, stoppé puis repris, mais donnant l’impression de continuité pour faire rétrécir le personnage ; Les élégantes transitions (en guise de faux raccords) entre les changements de lieux ; Et ce moment glaçant, vers la fin, où le personnage court à travers le passé, se croisant à divers moments de sa vie, dans chacune des situations que l’on vient de voir. Film-rêve, somnambulique avec ces répétitions des mouvements, succession incohérente de plans (Qui rappelle d’ailleurs beaucoup le Sherlock Jr. de Keaton que je viens de voir, c’est étrange) de façon à accentuer le trouble de personnalité constant. Très beau. Doux et tragique à la fois.
Publié 7 décembre 2016
dans Maya Deren
Chaos in strings.
4.0 Deuxième film de Maya Deren, The witch’s cradle reprend l’imaginaire de Meshes of the afternoon et choisit Marcel Duchamp comme “modèle” autant à l’image, puisqu’il joue dedans que dans son esthétique tant il semble adapter son One mile of string, en esquissant un étrange portrait d’individus terrifiés, au prise avec des cordelettes vivantes, dont les prises de vues répétées évoquent une gigantesque toile d’araignée. Je ne vois pas trop où le film veut en venir mais il y a des éléments forts qui interpellent comme ce cœur ouvert qui soudain s’arrête de battre ou cet étrange ballet de cubes en papier dansants ainsi que ces nombreux symboles dont la récurrence d’un curieux pentagramme. 12 minutes trois fois plus foutraques et inachevées que le film précédent, faites de juxtapositions bizarres de figures géométriques abstraites en tout genre. Pour amateurs.
Publié 7 décembre 2016
dans Alexander Hammid et Maya Deren
Chaos reigns.
6.0 Film expérimental dans la lignée d’Un chien andalou et Le sang d’un poète. 14 minutes muettes, tout en boucle, apparitions/disparitions mystérieuses et délires compulsifs qui appellent autant le Répulsion de Polanski que l’univers lynchien. Les correspondances sont telles qu’il est impossible que Lynch n’ait pas vu ce film ovni, au moins pour ces objets/récurrences que sont la clé, la fleur, le téléphone, la mort. Cette approche romanesque, malgré l’abstraction dominante, évoque aussi beaucoup le Epstein de La glace à trois faces, je trouve.