Publié 20 décembre 2016
dans Ingmar Bergman
En avant, jeunesse !
8.0 C’est le Bergman que je rêvais de voir. Je dirais même que c’est l’un des cinq films que je voulais le plus voir au monde. Je crois qu’il vaut mieux être familier de l’univers bergmanien pour l’apprécier à sa juste valeur tant il synthétise toute son œuvre. Plus qu’un film testament (C’est le dernier film pour le cinéma du réalisateur suédois) Fanny et Alexandre, en partie autobiographique impressionne par sa richesse, son foisonnement et les nombreuses hallucinations qui le composent. C’est un film de sage mais pas de vieux, qui joue moins des habituelles échappées fantastiques que d’une dimension miraculeuse – dont l’enlèvement des enfants par Jakobi au pasteur Vergerus constituerait le point d’orgue magnifique. Les obsessions bergmaniennes sont restées les mêmes, seule la dimension romanesque a changé. Le film est très clairement découpé en trois parties, la dernière m’a un peu laissé à quai j’avoue mais je pense qu’il faut le revoir pour vraiment saisir chaque parcelle de cette fresque familiale vertigineuse. C’est fou comme ce cinéaste pouvait à ce point être tendre et violent au sein d’un même film. Quoiqu’il en soit, Fanny & Alexandre est probablement son film où l’exaltation de la vie est la plus significative, malgré la mort du père et la violence du beau-père.
Publié 20 décembre 2016
dans Philippe de Pierpont
2.5 Un moment donné, dans l’année, j’ai traversé une période de boulimie de téléchargements. Je chopais ce qui se présentait, tout et n’importe quoi, dont certains trucs que je ne verrai probablement jamais. Je n’ai pas regardé un truc sur dix, évidemment. Et Welcome home était de ceux-là, abandonné dans les tréfonds de mon disque dur. Rien ne présageait qu’il traverserait l’épreuve des oubliettes et pourtant, le voilà qu’il ouvre le traditionnel bal de rattrapage de décembre des films sortie en 2016. Bon. Ça commence mollement, cette affaire. Il est un peu nul ce film belge. Les acteurs (deux ados) sont mauvais comme des cochons, déjà. C’est un problème puisqu’ils sont le cœur du film, comme Emilie Dequenne et Jérémie Rénier pouvaient être le cœur de certains films des Dardenne. Soit deux boules de nerfs au cœur tendre, mais sans une once d’épaisseur. Et puis le film est mal écrit, mal dialogué, confus et fier de lui. Vraiment désagréable. Comme le précédent film de Philippe de Pierpont, Elle ne pleure pas elle chante (2011), tout compte fait.
Publié 20 décembre 2016
dans Wes Craven
Le bal des maudits.
4.5 C’est moins mauvais que dans le maigre souvenir que j’en avais gardé. Craven renoue avec sa veine (télé)films mineurs qui ornaient sa brinquebalante filmographie durant les années 80, de La ferme de la terreur à Shocker, séries B sans grandes aspérités qu’il vient traduire dans une production plus confortable ici, en lorgnant du côté du sous-genre archi rebattu (Dante et Landis, pour ne citer que les plus émérites, ont fait le leur en 1981) du film de loup-garou.
On ne retiendra pas grand-chose d’un scénario cousu de fil blanc tant Cursed est surtout prétexte à travailler la matière, les plaies, les corps mutilés : Craven ne lésine en effet pas à montrer les monstres et les transformations – Effets spéciaux en rafale et pas toujours hyper inspirés – et à mélanger le gore (La mort de Shannon Elizabeth, notamment) et l’humour teen-movie avec une certaine dextérité. Jesse Eisenberg y fait d’ailleurs ses gammes et apporte ce qu’il apportera bientôt à d’autres séries B type Zombieland ou American Ultra.
Si l’auteur était alors plus à l’aise financièrement (Merci Scream) le film fit un four colossal. Car il est mal branlé. Attachant mais vraiment mal branlé. C’est un fourre-tout à rebondissements low-cost où les personnages n’ont aucune épaisseur, où les situations sont téléphonées. Le fait est que le script fut charcuté pendant le tournage, le casting modifié à la toute dernière minute et cela s’en ressent.
Reste quelques instants intéressants comme la pièce de miroirs (façon La dame de Shanghai) et la lugubre forêt qui voit la première apparition du loup. Mais dès qu’on est dans l’affrontement, entre jeunes (dans un gymnase) ou entre loup-garou, la standardisation s’empare à nouveau de la réalisation, comme si le simple affrontement suffisait à s’effacer derrière lui, à combler tout mangeur de popcorn. Pas désagréable, donc, mais on a connu Craven nettement plus inspiré, cela va de soi.