Sous toi, Copenhague.
6.0 Bien qu’encore en gestation, c’est tout l’univers de Refn qui gicle dans Bleeder, son deuxième film danois, qui annonce les suites de son tout premier (Pusher) autant qu’il prépare le terrain pour le futur Drive. On y croise quelques lieux forts dont un vidéo-club aux étagères DVD infinies (Sublime introduction dans un style à la Noé), les couloirs d’un night-club rouge néon, un petit fast food, une cave de cinéma bien glauque, un entrepôt d’usine miteux ou un modeste appartement. Cinq voire six personnages (présentés dans une intro que n’aurait pas renié Tarantino) ornent cet étrange tableau où l’apparente trivialité d’un quotidien morne et sans accroc (Chacun travaille sans passion, pour gagner sa croûte, mater des films, lire des bouquins, préparer l’arrivée d’un enfant) va se transformer en montée de malaise (A l’image de celle du flingue devant le Maniac de William Lustig) jusqu’à un déchaînement de violence dont on sait désormais Refn coutumier. Pourtant, si l’on met de côté le différend conjugal (Louise veut garder l’enfant qu’elle porte, Léo veut qu’elle avorte) qui mène au sanglant règlement de compte entre beaux frères, le film est très tendre, le plus tendre qu’ait réalisé l’auteur danois, grâce notamment au personnage joué par Mads Mikkelsen, doux autiste, qui pourrait être une version geek-cinéphile de celui de Ryan Gosling dans Drive – La séquence où il donne la liste de TOUS les noms de cinéastes recensés dans le magasin à un client qui demandait ce qu’ils avaient qui pourrait lui plaire dans le même registre que La colline a des yeux, de Craven, est absolument jubilatoire. La relation entre Lenny et Léa est ce que le film trouve de plus beau et le fait de fermer le film sur eux prouve à quel point cette rencontre constituait pour Refn, la motivation principale de son long métrage.
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