Publié 25 décembre 2016
dans Arthur Harari
Le cercle familial.
6.5 D’une à priori banale histoire de vengeance familiale dans le milieu des diamantaires, Arthur Harari, dont c’est le premier long métrage, parvient à trouver une vraie identité, à la fois brute et mélodramatique, qui lorgne autant vers la sécheresse melvilienne que sur un dépouillement bressonnien. Diamant noir semble évoluer constamment, aller là où ne l’attend pas, étirer une scène qu’on aurait imaginer brève et vice-versa – sa fin étant l’exemple le plus édifiant – un peu à l’image de sa séquence d’ouverture qu’on croirait tout droit sortie d’un giallo à la sauce Argento : couleurs 70’s, un œil, un diamant, le disque d’une meule, une giclée de sang, une main broyée et un accompagnement sonore aux effluves morriconniennes. Voilà une vraie entrée en matière, radicale et même pas gratuite puisqu’elle reviendra souvent en résonance. J’ai mis beaucoup de temps à reconnaître Niels Schreiber, qu’on avait croisé chez Dolan (L’éphèbe nonchalant dans Les amours imaginaires) ou dans Les rencontres d’après minuit. Il est très bien dans Diamant noir. Et je suis tombé amoureux de Raphaële Godin, que je n’avais jamais vu (Elle a semble t-il joué pas mal chez Brisseau) et qui dégage un truc que je n’avais pas ressenti depuis Katerina Golubeva, en gros. Diamant noir est un beau film ample et limpide, à la mise en scène très chiadée réussissant malgré sa froideur globale et sa dynamique archi down tempo à trouver sa voie (du Gray moins démonstratif) aux relents de tragédie skakespearienne.
Publié 25 décembre 2016
dans Séries et Un village français
Après la guerre.
7.0 « Je suis sûre que l’amour peut survivre à la mort » Ce sont les mots de Suzanne en réponse à son amour allemand qui affirme qu’on ne peut aimer éternellement puisqu’à la fin tout le monde meurt. Cette phrase de Suzanne dans un souvenir comme il en sera légion durant cette moitié de dernière saison, est non seulement accompagné de l’un des plus beaux plans de toute la série, un vertigineux fondu qui fait disparaître le corps de Kurt, mais elle symbolise à elle seule toute la dimension dramatique de ceux qui ont fait l’histoire de Villeneuve entre 39 et 45, de Daniel Larcher à Marchetti, de Hortense à Raymond Schwartz, sans parler de ceux qui l’ont payé de leur vie et reviennent dans de discrets flashbacks, parfois bouleversants : Marie Germain, Claude du maquis, Marcel Larcher, Anna Crémieux.
J’ai cru le temps d’un épisode que la série allait faire ce que Truffaut avait (mal) fait dans L’amour en fuite, une compilation nostalgique de reprises de séquences vues les six saisons précédentes. Heureusement non. Car si les souvenirs occupent une place centrale ils sont inédits. Souvent donc, un personnage ère dans le présent dans un lieu qui le replonge dans le passé. Ça pourrait être raté mais c’est très beau, gracieux. De l’action il n’y en aura plus dans cet épilogue sinon par l’entreprise de Gustave, imitant le chemin de son père. L’heure est aux procès, commémorations, plongées dans la folie, remords et confessions. Il y a des drôles de destin et il y a les destins tragiques, ceux qui entendent des voix à en percer les murs, ceux qui sont tombé dans l’oubli, ceux qui hésitent à rester, ceux qui préfèrent s’en aller au poison.
La nuance sur chaque personnage, toujours dans Un village français, série qui se refuse à mettre les personnages dans des cases, à n’être qu’un énième prolongement de livre d’histoire. Elle est en passe de se fermer avec les honneurs. Mais surpris d’apprendre qu’on aura droit à une deuxième moitié de saison tant le sixième épisode se ferme comme on ferme tous les arcs narratifs d’une série.