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Archives pour 30 décembre, 2016

Rogue One, A Star Wars Story – Gareth Edwards – 2016

20Un plan nébuleux.

   6.5   Deux épisodes de Star Wars en à peine un an d’intervalle, c’était un peu trop pour moi et ce même si j’avais été plus qu’agréablement surpris par l’opus de J.J.Abrams que j’ai d’ailleurs revu quelques mois plus tard, avec plaisir, mais sans passion. C’était l’épisode pour le geek nostalgique, ça marche une fois puis ça s’effrite. Mais j’aime toutefois beaucoup ce qu’ils ont fait du personnage de Kylo Ren. Et puis ça fonctionnait bien au niveau de l’action, Abrams étant loin d’être un manche.

     Dès sa sortie, il était évoqué la sortie quasi imminente d’un autre volet, qui existerait moins pour lancer une nouvelle trilogie que pour combler un trou, s’immiscer entre deux anciens épisodes. Gareth Edwards aux commandes, pourquoi pas ? Son Monsters était vraiment original, son Godzilla moins, mais regorgeait de moments de bravoure parfois efficaces. Mais franchement, ce « spin-off » j’en n’avais pas grand-chose à faire. Je n’avais même pas prévu d’y aller. Le relatif enthousiasme général m’a fait changer d’avis.

     Et c’est un bel épisode intermédiaire. Qui se situe entre La revanche des Sith et Le nouvel espoir, mais plus proche du second, donc de La guerre des étoiles, donc du tout premier de la série, chronologiquement parlant. Mieux, les trois paragraphes qui ouvraient The New Hope il y a 40 ans content ce que l’on verra dans Rogue One : La première victoire rebelles face à l’empire qui parvint à lui subtiliser les plans de L’étoile de la mort.

     Si le film va beaucoup s’amuser à officier en tant que passerelle, au moyen notamment d’apparitions aussi idéales qu’attendues (Celle de Vador apportant des frissons similaires à celle de Han Solo et Chewie dans Le réveil de la force) et de procédés numériques étonnants (Tarkin revient, le même que dans le film de Lucas, en motion capture puisque l’acteur est mort il y a vingt ans…) il n’y a plus cette nostalgie un peu écrasante qui irriguait l’opus d’Abrams, sans parler de son aspect « construit pareil » avec ses rebondissements organisés, son traditionnel buddy-movie et ses références/clins d’œil disséminés partout – Bien que le droide K2 assure le show, niveau humour. Rogue One semble faire sa propre sauce. Avec le soin de relier les choses comme La revanche des Sith avait pu le faire, mais moins en jouant sur l’aspect roller-coaster que le film de guerre pur.

     Et à ce petit jeu-là, Rogue One est bien fichu. Un peu sceptique dans la première partie du film, qui multiplie les lieux donc les planètes, ainsi que les personnages, et franchement n’étant pas un adèpte de la franchise j’étais complètement perdu, le film finit par devenir archi limpide sitôt qu’il se resserre sur l’histoire familial de Jyn Erso, l’équipée rebelle qu’elle constitue (La séquence sur cette planète ocre, qui pourrait être une version syrienne de Tatoine, est le beau tournant du film à mes yeux) puis l’affrontement final aux relents de Mission :impossible dans un Dubaï-like qui change complètement de l’esthétique habituelle de Star Wars.

     Et puis j’aime beaucoup l’idée du One-shot, de la mission suicide. Edwards peut se lâcher, cumuler les exécutions/sacrifices, puisque l’issue on la connait, le seul objectif c’était que les plans traversent le bouclier et atterrissent entre les mains de Leia. La fin est géniale. Ça ne s’éternise pas, ça te tombe dessus sans que tu n’aies le temps de la sentir venir. Autant on sentait largement la patte Disney dans Le réveil de la force, autant là plus du tout. Le revers de la médaille : ça manque un poil d’émotion, quand même, outre le plaisir du raccord.

     Bref, bien que je fasse partie de ceux qui aiment les deux films, pour des raisons radicalement différentes par ailleurs (une nouvelle trilogie à venir d’un côté, un épisode indépendant de l’autre), je pense que ceux qui n’avaient pas accroché au film d’Abrams sont tout à fait susceptibles d’aimer Rogue One

Personal shopper – Olivier Assayas – 2016

29SMS Fantôme.

   6.5   Si je ne vois pas trop ce que le film souhaite raconter ni où est-ce qu’il veut en venir, c’est son ambiance qui m’a séduit, comme souvent avec le cinéma d’Olivier Assayas, qu’importe le genre, encore moins le sujet.  Il y a une situation puis on l’oublie, il l’oublie, se laisse guider par son instinct et parfois ça débouche sur des trucs absolument passionnants comme ici mais qui ne relèvent aucunement d’un destin de scénario habituel.

     Prix de la mise en scène généreux mais pas si usurpé tant Personal shopper tient énormément là-dessus. Pas uniquement puisqu’il y a Kristen Stewart, une nouvelle fois exceptionnelle, comme elle l’était déjà dans Sils Maria, le précédent (très beau) Assayas, sauf qu’ici on ne voit qu’elle ; Les personnages secondaires sont quasi spectraux, pourtant je me faisais une joie d’y croiser Lars Eidinger (Everyone else) et Anders Danielsen Lie (Oslo, 31 août).

     Jamais je ne l’avais sentie aussi investie, littéralement habitée par son personnage d’assistante de star / acheteuse de produits de mode (femme de l’ombre qu’elle incarnait déjà mais autrement dans Sils Maria) mais aussi médium tentant de nouer contact avec le fantôme de son frère jumeau décédé.

     Qu’il s’agisse d’une vieille bâtisse lugubre, d’un appartement au luxe froid ou d’un train, Assayas filme ces endroits (et son actrice dans ces endroits) avec une intensité désarmante. L’interminable séquence SMS dans le TGV devient absolument géniale justement parce qu’elle s’avère interminable. Celles qui la voient se transformer en se parant des accessoires dont elle rêve secrètement, alimentent une dimension érotique aussi brutale qu’abstraite. C’est dans ses creux que le film fascine le plus.

     On est dans une veine similaire à celle de Boarding gate, pas celle que j’affectionne le plus chez Assayas même si là-encore j’y ai suffisamment trouvé mon compte, au détour de vibrations très fortes ou simplement grâce à Kristen, dont chacune de ses apparitions – avec ou sans pull gris jaune / bonnet wesh wesh / robe noire boobs apparents – emplit le cadre et lui offre un point de fuite, à l’image de ce prodigieux et troublant dernier plan.


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