Thriller, mode d’emploi.
6.0 Après s’être embourbé financièrement dans son projet Cursed, Wes Craven choisira, pour remplir un peu les caisses, de faire son petit thriller tout public, ce qu’il n’avait finalement jamais fait, lui qui aura surtout sévit dans le registre horrifique. Ce qui fascine dans Red Eye c’est de voir combien la « grande histoire » n’intéresse pas Craven. Le générique s’ouvre pourtant sur un transport mystérieux de caisse à poissons mais il faudra attendre le dernier quart du film pour comprendre son utilité. Entre temps l’auteur colle aux basques de son héroïne (Rachel McAdams) dans l’aéroport puis dans l’avion, sur le point de rejoindre son père à Atlanta, après les funérailles de sa grand-mère et sa rencontre avec un inconnu à priori sympathique qui sera son voisin de siège. Et tout le film joue sur une manipulation de ce dernier visant à obtenir une action de sa proie (Elle doit appeler l’hôtel de luxe pour lequel elle est hôtesse d’accueil, pour faire changer de chambre une personnalité importante) aussi minuscule dans l’organisation de l’attentat, qu’elle est primordiale. Mais pareil, on ne saisit pas trop les tenants et aboutissants tout de suite. La rencontre entre Lisa et Jack prenant tous les atours d’un embryon de rom com, leurre parfait, tout en sourires, doux regards et blagounettes flatteuses pour faire monter la sauce. L’action de grande ampleur (L’assassinat du secrétaire d’Etat à la défense) restera hors champ puisqu’il s’agira uniquement de suivre l’un des terroristes d’une organisation qui sera, elle, hors champ aussi. Avec sa belle gueule de premier, Cillian Murphy (Qui venait de jouer chez Boyle et jouera ensuite chez Loach) campe bien le personnage. Pas de bol, il est tombé sur une Rachel qui ne plaisante pas pour contrarier ses plans : Message dans un livre ou sur le miroir des chiottes ici, avant de lui enfoncer un stylo dans la trachée et de se défendre plus loin avec une batte. Et c’est donc elle toute seule comme une grande et pourtant loin, qui va sauver la cible politique. James Bond n’a qu’à bien se tenir. Du haut de ses 1h21 générique compris, Red Eye se regarde sans déplaisir, on ne voit pas le temps passer. La tension crescendo tant convoitée fonctionne, s’essouffle un peu dans son mécanique dernier tiers, construit pour nous emmener vers une banale résolution. On retiendra surtout la longue séquence dans l’avion. Craven qui n’a jamais été aussi à l’aise pour créer ses pics de suspense que dans les espaces clos et resserrés (Les chambres dans Les griffes de la nuit, la maison du Sous sol de la peur, la voiture dans Scream 2) s’en donne à cœur joie dans cet avion et même souvent au sein de cette rangée de sièges. Chouette film du dimanche soir.