Life sucks and then you die.
6.0 A l’instar de You’re the worst, Transparent peut autant m’agacer que venir me cueillir, sans que je m’y attende, c’est sans doute pour cette raison que je continue de la regarder et que j’enquille vite les saisons. Ça et le fait que les épisodes soient courts. Ça joue. Souvent trop dans un affect disproportionné, Transparent se perd dans une succession de séquences tire-larmes (qui fonctionnent, je pense, dès l’instant que ces personnages sont devenus ta nouvelle famille) donc un problème de dosage qui fait sans cesse écho aux interactions parfois lourdes et racoleuses qui la meublent, aux individualités trop over the top qui constituent sa marque de fabrique.
Mort est définitivement devenu Maura et (s’)est définitivement acceptée comme tel. Sa transition doit opérer un dernier glissement, son changement de sexe, auquel elle donne son entière priorité. Volonté bientôt remise en question par une incompatibilité : un différend de santé. Dans le premier épisode, Maura faisait une attaque cardiaque, en voulant aller à la rencontre d’une femme qu’elle venait d’avoir au téléphone, alors qu’elle faisait son premier jour à la LGBT suicide hotline. Voilà, Transparent c’est ça : Une somme de boucles. On part ici pour arriver ailleurs. Un problème vasculaire rebondit plus loin. On s’y attendait. C’est beau, touchant mais souvent beaucoup trop fabriqué.
Josh, son fils, est dans une impasse existentielle encore plus imposante que durant les saisons précédentes. Autant par rapport à ses frangines desquelles il s’éloigne et souffre clairement de cet éloignement ; Que dans sa relation avec ce fils, introduit en fin de saison 2. Un fils qui ne peut ni pourra vraiment être son fils. C’était déjà bien chargé mais il va aussi devoir faire face au suicide de Rita, sa relation secrète et mère de leur fils Colton. Josh est le personnage de cette saison, à mes yeux. Mais voilà, il porte sa croix le pauvre.
Le temps est le gros facteur de cette saison, plus désespérée encore que les deux autres. Il marque surtout la force de cette famille, pleine de contradictions, symbolisé par les retrouvailles avec leur tortue, cachée depuis trente ans dans un conduit d’aération. Episode sous forme de boucle encore (qui débute dans le passé, traverse le temps et s’achève dans le présent) absolument bouleversant, tant il raconte par analogie l’histoire insolite de la famille toute entière et l’évolution des enfants Pfefferman.
Il faudra trois épisodes de grande tenue pour oublier ceux qui sont plus en roue libre. Celui-ci donc, mais aussi le 8 et le dernier. L’un étant un flashback sur la rencontre entre Mort et Judith, durant leur adolescence – Le plus bel épisode de Transparent à ce jour, haut la main. L’autre envoyant les cinq personnages phares dans une croisière dévoilant leurs fragiles retrouvailles. La chanson sur laquelle se ferme l’épisode est vraiment puissante. Il manque juste un équilibre total à la série pour convaincre pleinement, mais en l’état j’y suis de plus en plus attaché.