Dans la brume.
7.5 « A good cop can’t sleep because he’s missing a piece of the puzzle. And a bad cop can’t sleep because his conscience won’t let him ». Ce sont les mots d’Ellie Burr s’adressant à un Will Dormer de plus en plus contrarié par ses insomnies. Mais en fait, ce sont ceux de Will Dormer. Une citation tirée de l’un de ses bouquins, puisque Ellie Burr en est une grande admiratrice. Insomnia n’aurait pu qu’être cette rencontre entre un flic racé devant faire équipe avec une apprentie fliquette qui a bien révisé pour l’impressionner. Il y a de cela. Cinq minutes. Autant qu’on pourrait croire ce polar lancé sur des bases traditionnelles d’enquête autour d’un serial killer. La séquence pivot arrive très vite dans le récit : La police a localisé le chalet dans lequel vit l’ermite suspecté (du meurtre d’une adolescente) et s’apprête à l’assiéger. C’est dans une forêt embrumée que la séquence s’achèvera. Le suspect aura pris la fuite. Et Will aura flingué son collègue par inadvertance. Une bavure à laquelle personne n’aura eu le plaisir d’assister, hormis nous, spectateur. Enfin pas exactement. Et tout l’intérêt d’Insomnia se trouve dans ce détail de grande importance. L’immense flic que l’ouverture promettait est soudain menacé d’avoir une carrière brisée, ce d’autant plus qu’il était évoqué jusqu’ici, en sourdine, ses démêlés avec la justice sur une ancienne enquête (Si on l’envoie en Alaska c’est surtout pour le mettre sur la touche) et des informations manquantes que son partenaire menaçait de divulguer dans les grandes lignes. Si le film détruit minutieusement la figure du bon flic autant qu’il casse le semblant de buddy-movie initial, il va aussi créer une connexion curieuse entre le flic et sa proie et non l’énième affrontement qu’on s’attendait à voir. Al Pacino & Robin Williams y sont parfaits. Ravi de l’avoir revu.