La belle équipe – Julien Duvivier – 1936

50Résurrection éphémère.

   8.5   C’est une histoire de groupe, de potes, chômeurs paumés avant qu’un providentiel gain à la loterie leur ouvre les voies du rêve. Ce sera un vieux lavoir en ruine sur les bords de la Marne, qu’ils vont retaper pour en faire une guinguette. Un rêve qu’ils ont décidé de matérialiser à Pâques, jour prévu de l’inauguration. Une auberge qu’ils décident de nommer modestement « Chez Nous ». Le Nous est le motif d’espoir même si le Je parfois menace. Comme au début lorsque chacun ambitionne de voyager de son côté avec son propre pécule. Comme plus tard lorsque la femme de l’un d’eux (La garce du film) revient pour quémander sa part. Et plus tard encore quand l’un des cinq s’en va, disparait une nuit, en laissant un obscur mot d’adieu. Pourtant rien ne semble en mesure d’entraver ce rêve, chaque obstacle est aussitôt surmonté, on travaille dans la joie. Rien pas même une tempête nocturne – Superbe scène où chacun s’allonge sur les tuiles à peine posées pour ne pas qu’elles s’envolent. Mais le rêve se fragilise de plus en plus. La vraie menace rode. La première c’est un gendarme qui l’incarne, qui malgré son apparente sympathie, trimballe un arrêté d’expulsion de l’un d’entre eux, réfugié espagnol et sans papiers. Puis c’est un accident qui enterre le rêve et tire le film vers le mélodrame duquel il ne se relèvera pas, jusqu’à ce que les deux socles (Vanel & Gabin) se disputent l’amour pour Gina (Viviane Romance, garce sans scrupules). C’était une révolte de Front Populaire, une révolte à cinq, qui chantait la camaraderie et qui va peu à peu se dissoudre dans le silence. Microcosme qui prophétise la chute du macrocosme, détruit par le capitalisme incarné par un ancien propriétaire arriviste, des aristocrates hautains et la malveillance d’une femme. Les acteurs sont excellents bien qu’un poil en sur régime théâtral parfois, Gabin le premier. Mais la relation entre lui et Vanel, mari meurtri, est très touchante. Il y a heureusement la femme de Mario, l’espagnol, qui incarne la motivation du rêve (C’est d’elle qu’ils tiennent le nom de l’auberge) et un gouffre de tendresse. Sans cela, on pourrait très vite taxer le film de misogyne tant l’autre est le vecteur effrayant de la destruction des grandes utopies gauchistes.

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