Cadavres en sous-sol.
5.5 On est dans l’Islande profonde, esthétique bleu-grisâtre qui vire au vert dans les intérieurs, amas de filtres dégueu qui ne sont pas les meilleures idées d’un film post Dogme. Il y a pourtant un truc avec les paysages, une désolation permanente, on est loin du polar touristique. Ça pue la mort dans chaque plan. Il y a une étrange correspondance entre l’idée qu’on se fait de l’Islande des années 70 (L’enquête remonte à des faits vieux de quarante ans) et celle d’aujourd’hui, comme si le pays avait cessé de se développer et stagnait dans des bocaux de formol. Il y a cet enquêteur froid comme la pierre, qui mange de la tête de mouton et fume cigarette sur cigarette et affronte en plus de son enquête la toxicomanie de sa fille. On navigue à ses côtés de vieilles baraques miteuses en trous à rats, de cimetière sur la falaise en musée d’organes. Les vieux parquets grincent, les portes vitrées se brisent, les ampoules éclatent et les maisons sont bâties sur un marais qui s’enfonce et regorgent de sous-sol où des corps d’enfants sont retrouvés sans leur cerveau. La construction du film est on ne plus informe mais le geste et cette fascination pour la décrépitude me plait. Des choix discutables (Comme il y en aura aussi dans les autres films de Kormakur) viennent entacher l’ensemble, notamment cette récurrence musicale faite de chœurs d’église mais cette enquête qui se perd dans un dédale de consanguinité, neurofibromatose et meurtres à coups de cendrier se révèle passionnante. Bien que super méga glauque, tu l’auras compris.