Les survivants.
6.0 Il y avait déjà cet aspect fin d’un monde dans La belle équipe, malgré la joie qui en émanait, le désir de vivre, de tout reconstruire selon ses propres cartes. La fin du jour, que Duvivier tourne trois années seulement plus tard, contient déjà dans son titre une gravité que rien, pas même la truculence de certains de ses acteurs ni la cocasserie de quelque situation, viendra entacher.
Le monde en question est déjà celui de la déliquescence : Il s’agit d’un hospice pour vieux comédiens. Chacun y trimballe son histoire, de celui que le public n’a jamais reconnu au vieux beau qui était couvert de femmes, en passant par une doublure éternelle. Comme Marie-Octobre bien plus tard, La fin du jour est un huis-clos, se déroulant à l’exception d’une scène dans un bois, d’une autre dans un jardin, dans cet établissement de retraite. Et pour accentuer cette idée de fin du jour/monde, l’hospice s’apprête à fermer ses portes. Tous les pensionnaires sont sur le point d’être dispatchés aux quatre coins de la France.
Jouvet & Simon au casting me faisaient craindre le pire. Pourtant c’est justement parce qu’ils campent de vieux cabots qu’ils sont bons et servent de leur excentricité singulière un film qui réunit un autre collectif, reproduisant leurs rêves de scène dans un réel morbide, jonglant avec les petits mensonges face à une réalité moins reluisante, l’envie de revivre contre l’appel de la tombe. Le tragique est compensé par la folie tendre des personnages donc des acteurs. Le désespoir par un grand élan de générosité.
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