La bête sans la belle.
3.5 Enemy m’avait semblé plus ennuyant qu’insupportable mais à la réflexion, je me demande si ce n’est pas sa vacuité suffisante qui m’exaspère. Sicario ne joue pas dans la même cour mais c’est typiquement le genre de truc devant lequel je reste en retrait. Trop bourrin, sans doute, mais surtout beaucoup trop certain de son absolue maîtrise sous testostérone. Il y avait déjà ça dans Prisoners mais le film était fort malgré tout, glauque mais rondement mené, dense sans être long. J’attendais de Sicario quelque chose dans la lignée de l’excellent Zero Dark Thirty, de Kathryn Bigelow, sur les terres de Breaking Bad, d’autant que Premier contact m’avait complètement réconcilié avec l’auteur d’Incendies qui m’avait chaviré – malgré ses rebondissements aux forceps – il y a sept ans. Mais tout est ici bien trop froid et programmatique pour éveiller un semblant d’empathie qui plus est avec cette fadeur lourde qui nourrit chacun des personnages. J’ai l’impression que tout a été surtout pensé pour que chaque coup de feu fasse sursauter, que chaque plan soit virtuose, que chaque pics de tension veuille en mettre plein à la vue – N’est pas Mann qui veut. Et que toujours le récit s’engloutisse davantage dans une ambiance plus sombre et pesante encore, accompagnée des stridences de Jóhann Jóhannsson et ses orgues/percussions bien graves. Alors ok c’est un produit bien fait, qui ne cherche aucunement à te prendre par la main, mais qui veut montrer sans cesse qu’il a des couilles. Et franchement moi, ça m’en touche une sans faire bouger l’autre.
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