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Archives pour février 2017



La haine – Mathieu Kassovitz – 1995

32Cité abandonnée des dieux.

   9.0   Il y a les films qui sont des cultes de ton adolescence et que tu ne dois strictement pas revoir. Et il y a les autres. Comment savoir ? Ça se joue à la fois sur le vieillissement du film (A-t-il pris de la bouteille ou un coup de vieux ?) et sur ton vieillissement à toi, l’évolution de ton rapport au cinéma. Et c’est même plus complexe puisque l’humeur y tient un rôle majeur. Tout ça pour dire qu’il y avait un risque à revoir La haine, qui tenait une place importante dans ma maigre cinéphilie d’adolescent. Je ne l’avais pas revu depuis quoi, douze ans. Et agréable surprise, j’ai repris une claque comme à l’époque. Déjà il faut dire combien la mise en scène de Kassovitz est brillante, inventive, entièrement dévouée à l’espace qu’il vient capter autant qu’aux personnages. C’est une virtuosité qui n’est jamais gratuite ou bien elle se fond admirablement dans un ensemble visant une énergie qu’on n’avait encore peu vu jusqu’alors, qui plus est dans le registre de la chronique. Car contrairement au film de Richet (Ma 6-T va crack-er) qui joue plus la carte du polar à charge, La haine se concentre sur le terrain de la chronique, celle de trois jeunes d’une cité des Yvelines – Et à aucun moment le point de vue n’adoptera celui d’une autre d’entre eux – plongée en plein climat explosif depuis qu’un jeune s’est fait tabasser par un flic et navigue entre la vie et la mort. Le film se déroule sur une journée. Les heures viennent rythmer quelques fondus au noir. Dispositif souvent écrasant que Kasso utilise avec parcimonie, créant une étrange tension : Douce, puisque les journées de Vinz, Saïd et Hubert sont loin d’être foisonnantes ; Tragique, puisque dans cet écoulement impalpable (les cartons sont approximatifs, il n’y a aucun espèce de compte à rebours) quelque chose d’inéluctable est en train de se jouer. Surtout, le film voyage. Si en majorité, il se déroule dans la cité, celle-ci apparaît sous tous ses angles : appartements, toit, jardin d’enfants, parkings souterrain, arrière cour. Et quand on s’en extirpe, essentiellement dans son dernier tiers, c’est Paris que l’on vient capter. Un Paris refuge, un Paris cruel. Un dealer planqué dans une tour, une expo d’art, le métro. Le plan sur les trois potes allongés dans la gare devant l’écran qui leur annonce la mort d’Abdel au petit matin est l’un des plus violents que j’ai pu voir. Cette scène me terrifiait déjà à l’époque. Sinon je trouve le film nettement plus nuancé que dans mes souvenirs, j’avais gardé de La haine son esprit anti-flic mais il est bien plus ample, ne serait-ce que dans son trio (Pas un plan sans qu’on ne veuille mettre de baffe à Vinz et en même temps, il y a une fragilité dans son inconscience qui est très touchante) mais aussi chez les flics comme au moment ultra malaisant de l’arrestation où l’un des flics reste choqué, en retrait, autant que Saïd en fin de compte, quand il est spectateur du pétage de plomb de son pote s’apprêtant à buter un skinhead. Bref, c’est un film passionnant, qui plus de vingt après sa sortie n’a rien perdu de sa puissance et se révèle toujours excellent porte-drapeau d’une jeunesse opprimée. Le film est drôle ici, au moyen de répliques inusables (« Sans déconner, la façon dont tu viens de parler là, on aurait dit un mélange entre Moïse et Bernard Tapie »), pesant ailleurs. Point de brio documentaire, La haine est un brûlot qui tente plein de choses, notamment dans sa forme jusqu’à révéler deux mondes dos à dos qui ne peuvent que s’affronter de façon explosive après un si long refoulement. La fin est forte. Pourtant c’était elle que je craignais le plus, avec le côté boucle et la petite phrase d’Hubert, l’absurdité poussée à son paroxysme et la cruauté après l’instant rédempteur. Il y a le choc, oui. Mais il y a surtout une sécheresse, un corps effondré, un rire gêné, des yeux fermés bien plus forts et bouleversants que cette image des deux flingues/visages se faisant face. A part ça je ne me souvenais pas qu’on y croisait une pelletée de stars ou futurs stars, souvent dans des rôles minuscules : Karin Viard dans l’expo, Marc Duret, Zinedine Soualem et Bernie Bonvoisin chez les flics, Sergi Lopez aux merguez, Benoit Magimel sous un bonnet, Kasso himself en skinhead, Valeria Bruni-Tedeshi faisant la manche, Philippe Nahon chef de la police, Vincent Lindon bourré dans la rue, François Levantal (J’adore cet acteur, même chez Marschal) qui campe l’inépuisable Astérix « Eh ouai ducon, eh ouai » ou encore Edouard Montoute, Cut Killer. Bref, hallucinant.

Calmos – Bertrand Blier – 1976

16142266_10154351206552106_3521378670833129130_nTraitement de choc.

   6.5   Blier est parti loin, très loin et c’est justement ce qui fait le charme de son film, prêt à s’embourber à tout moment, mais se redéployant ailleurs constamment. Marielle et Rochefort forment un beau duo, pas aussi alchimique que Depardieu/Dewaere dans les films qui entourent Calmos (Les Valseuses & Préparez vos mouchoirs) mais suffisamment accompagné par de savantes répliques, dont Blier a le secret, ainsi que le zeste de surréalisme inhérent à son cinéma – On pense évidemment à Buffet froid, autre geste jusqu’au-boutiste, probablement plus réussi d’ailleurs, tant il faut être solide pour accepter ce dans quoi dérive Calmos.

     Après, faut pas trop faire attention à ce que le film raconte tant on est dans la misogynie pure (Deux hommes, exténués par leurs femmes, abandonnent tout pour aller s’installer dans un coin de campagne et se refaire une santé) souvent effleurée chez lui et pleinement assumée ici. Mais il y a une folie qui dépasse cette rigueur. Et tant mieux si le film dérape complètement. Car ça finit façon L’homme qui rétrécit, dans un vagin, quoi.

     Et puis bon, s’il n’est pas aussi génial que dans Les galettes, il y a Marielle. Et Marielle, c’est Marielle. Et dans un autre registre, s’il n’est pas aussi touchant que dans Un éléphant, il y a Rochefort. Et Rochefort c’est Rochefort. Ils offrent forcément un florilège de répliques cinglantes du genre : « Et bien débarbouille-toi, la Tuborg c’est fait pour ça. Y a rien de tel pour se remettre la bouche à neuf » ou bien « L’admirable cholestérol qu’on va se payer ! » ou encore « Le célibat, ne crois surtout pas ce que ce soit dans la poche ! » ou « Mais tu crois tout de même pas que je vais bander pour tes médailles » ou « De quel droit vous lui demandez un renseignement ? Dans la rue on peut plus avoir la paix maintenant, vous venez nous les briser jusque sur les trottoirs » et « Maintenant, quand j’mets un doigt c’est pour vider un poulet ». Bon, sorties de leur contexte, c’est moins évident.

     A part ça on y voit Lavanant, Mairesse et Fossey à poil. C’est agréable. Et puis on ne se lassera jamais de cette ouverture où Marielle gynéco, se prépare du pain et du pâté, se sert un petit vin blanc, devant les jambes écartées (Et à choisir, on voit tout, Claudine Beccarie, actrice porno aidant) d’une patiente. Démarrer sur une chatte pour finir dans une autre. Un film au poil.

Goodnight mommy (Ich seh Ich seh) – Veronika Franz & Severin Fiala – 2015

16178553_10154351206642106_4506606424279388912_oLe masque du démon.

   3.0   Énième rejeton de cette veine autrichienne ultra formaliste, Goodnight mommy ressemble davantage à un produit Seidl qu’à un produit Haneke. Je ne sais pas trop à quoi ça se joue mais j’y ai retrouvé ce qui m’avait débecté dans Import/export, l’un des films les plus agaçants et ennuyants vu au cinéma ces dix dernières années, pour lequel je garde ma plus insolite sieste en salle : Assoupissement au bout de quarante minutes environ puis le néant, jusqu’au générique final, qui me réveille en sursaut avec sa musique sans doute plus forte que le reste. Il m’arrive parfois de me demander ce qu’il en aurait été si Seidl nous avait pondu un générique à la Dardenne. Oui, car il faut le souligner, j’étais seul dans cette salle. On peut donc dire que j’ai eu une projection privée. Et que je me suis endormi. C’était un vendredi soir, séance à 22h30, le genre de truc que dorénavant j’évite, tu t’en doutes.

     Bon, pour revenir à Goodnight mommy, moitié drame familial moitié film horrifique, qu’on verrait bien dans un festival qui fusionnerait la Viennale & Gérardmer, m’aurait semblé plus intéressant s’il avait davantage accentué le trouble, à la fois via la maison (Qui n’est pas très bien utilisée) mais aussi dans la folie de la mère et la schizo-gémellité des frangins. Disons que tout est bien trop vite posé et évident donc on s’ennuie assez vite. Et puis je ne vois que les épaisses coutures. Si d’emblée on te sert des plans larges champêtres je pressens qu’on va m’enfermer entre quatre murs blancs ensuite. Et c’est exactement ça. Et puis j’imagine que le film veut nous faire douter de la sincérité de la mère mais ça n’a pas fonctionné sur moi. J’ai tout de suite compris qu’il était question d’enfant monstre, d’enfant double, d’enfant triste. L’effrayant final m’a du coup pas vraiment effrayé tant je l’attendais.

La Vie très privée de Monsieur Sim – Michel Leclerc – 2015

30     6.0   Je ne connais pas le livre dont il est l’adaptation, donc aucune idée s’il lui est fidèle ou non, mais j’ai trouvé que c’était un beau film, sensible, tendre avec ses personnages, élégant dans sa mise en scène, une comédie pas vraiment drôle mais un peu drôle quand même, mais surtout la quête d’un cinquantenaire paumé, qui fantasme sur Donald Crowhurst et sa traversée du tour du monde à la voile bien foirée (autant que la sienne à travers le France pour vendre des brosses à dents, en gros) et revoit des visages de son enfance ainsi que l’histoire d’amour secrète de son père. Bacri y est absolument délicieux.

The machinist – Brad Anderson – 2005

29     2.1   La référence à Lynch clignote tellement partout qu’il est difficile de ne pas faire de comparatif. Et à ce petit jeu The Machinist est le grand perdant. Tout y est surligné, exagéré et gratuit à l’image de la transformation physique de Christian Bale qui a probablement dû perdre la moitié de lui-même pour camper ce personnage qui ne dort plus. Et puis le film est gris en permanence (le ciel aussi) et sale, et glauque de façon à ce qu’on entre en parfaite communion avec le personnage, schizo et insomniaque en plein cauchemar éveillé, sauf que références aidant on comprend bien vite qu’un twist final va nous révéler, façon coup de poing, la tragique noirceur qui le tourmente. Aucun intérêt. Vraiment passé un sale moment. Toutefois, un point de plus pour la double scène, glaçante, de la femme accourant vers son enfant, qui m’a beaucoup fait penser à un plan de La jetée. C’est maigre mais c’est déjà ça.

À Ma Soeur ! – Catherine Breillat – 2001

16105804_10154327256237106_2514008288719839265_nConte cruel de la jeunesse.

   6.0   Franchement j’ai rarement autant ressenti la tension à la limite du soutenable devant un film, que durant ce trajet de retour qui occupe le dernier quart. Il ne faut pas grand-chose à Breillat et surtout pas des éléments superflus style musique et autre stridence. Simplement une femme et ses deux enfants, dans leur voiture, doublant les camions, se faisant doubler, parfois klaxonner, s’assoupissant, s’arrêtant sur des aires de repos. C’est tellement puissant d’avoir réussi cela que son accomplissement m’a dérangé par son extrême cruauté. Ça et le fait que je ne vois pas trop ce que l’aspect « faits divers » vient faire là, sinon qu’il n’est que parti pris cynique, ce même si cette violence, brutale, soudaine, délaisse le film dans une aura fantastique, quasi cauchemardesque, qu’il avait déjà instauré dans ces longues séquences de séduction (Dont la première nuit entre Elena & Fernando, interminable et géniale, donc) et dans cette bulle familiale, aux quatre solitudes, qui occupe le reste du film.

     Je ne suis pas un habitué du cinéma de Breillat puisqu’avant celui-ci, je n’avais vu que deux films : Une vieille maitresse et Abus de faiblesse. Deux films intéressants, surtout le premier, qui ont laissé leur trace, pas une grande trace, mais la marque d’une cinéaste en marge, qui ose des choses. J’ai entendu parler de Romance ou Anatomie de l’enfer, évidemment, je sais donc que Breillat a aussi une filmo très portée sur le sexe, saisi dans toute sa crudité, puisqu’ayant recours à des actes ouvertement non simulés. A ma sœur pourrait faire office de trait d’union dans la mesure où rarement on avait pu voir de cette manière-là, ce jeu de séduction sexuel entre un homme et une femme, ni cette discussion autour de la « première fois » entre deux sœurs, que tout oppose. Le film parvient à saisir ce trouble adolescent, n’hésitant pas à passer d’une séquence hyper tendre (Des confessions nocturnes) à quelque chose de littéralement cruel (Elles s’en mettent des baffes !). Pour l’anecdote je comptais voir ce Breillat car je savais qu’il se déroulait en partie à La Palmyre, un lieu que je connais bien. Agréablement surpris d’y voir la jeune et déjà extra Roxane Mesquida. On verra ce qu’il m’en restera avec le temps, mais en l’état je vois de très belles choses là-dedans et d’autres qui me laissent un peu circonspect.

Un petit boulot – Pascal Chaumeil – 2016

15894390_10154309334302106_7580008664003605153_n     3.0   Pascal Chaumeil, réalisateur du sympathique L’arnacoeur, se la joue cette fois Frères Coen dans ce pseudo polar sans aucun relief, fade et antipathique, avec sa réalisation impersonnelle et franchouillarde (même si se déroulant en Belgique). Dans ses meilleurs moments, le film lorgne du côté de La raison du plus faible, de Belvaux, mais ces moments sont bien trop brefs et dispersés pour sauver l’affaire de l’ennui. Et puis Michel Blanc en parrain local et Romain Duris en tueur à gages c’est un peu fort de café.

J’irai cracher sur vos tombes – Michel Gast – 1959

15941023_10154309333717106_4911838336347251958_nUne discussion aussi pertinente que le film :

G : Pauvre Boris Vian, putain…
F : ça l’a tué.
G : Il parait, oui.
F : Mort d’un arrêt cardiaque pendant la projo en avant-première, alors qu’il détestait le film qu’il était en train de découvrir.
G : L’anecdote qui tue. Pas sûr que Michel Gast ait fait d’autre film après ça du coup.
G : Après vérif, si.
G : Mais il s’est surtout reconverti en directeur artistique de doublage. Lol.
F : Jamais vu d’ailleurs. j’aime trop le roman.
G : Tu rates rien.

Un + Une – Claude Lelouch – 2015

15844254_10154309333572106_3237174272756326767_oElle et Lui.

   6.0   Instinctivement, je ne vais pas trop vers le cinéma de Lelouch. Le dernier que j’ai vu c’était Roman de gare, il y a presque dix ans, donc. Que j’avais trouvé tout à fait correct d’ailleurs, mieux que certains de ses « classiques » (Jamais compris ce qu’on trouvait à Un homme et une femme ou à L’aventure c’est l’aventure) mais je ne suis pas hyper familier de son cinéma. Je ne sais pas pourquoi j’avais envie de voir Un + Une ce jour-là. Je ne serais jamais allé le voir au cinéma mais là chez moi, je me suis dit allons-y. Et je le sentais presque bien. Et j’ai aimé. Je ne sais pas trop pourquoi car y a des parti pris absolument consternants comme souvent chez Lelouch mais il y a un souffle, une alchimie entre les 2, il y a L’Inde, un film dans le film, il y a Christophe Lambert bref il y a quelque chose. Voilà, je suis un peu chamboulé là, d’y trouver dans le film de lui que je redoutais le plus (Carte postale avec Jean Dujardin) la magie insolite que les aficionados relèvent régulièrement chez lui. Certains dialogues sont sans doute trop écrits, c’est vrai. Mais à contrario, ils fonctionnent merveilleusement en osmose avec le tourbillon proposé. Et Dujardin y est exceptionnel. La complicité qu’il y a entre lui et Elsa Zilberstein (Rarement elle a été aussi belle et bien filmée) je trouve que c’est vraiment ce qui fonctionne le mieux dans le film. Avec l’Inde, qui n’est pas filmée comme on a coutume de la voir au cinéma, mais davantage en tant qu’écrin détaché et hors du temps comme Benoit Jacquot l’avait si bien traduit dans son meilleur film, L’intouchable.

Jar city (Mýrin) – Baltasar Kormákur – 2008

15871773_10154309334367106_3253517540819519829_nCadavres en sous-sol.

   5.5   On est dans l’Islande profonde, esthétique bleu-grisâtre qui vire au vert dans les intérieurs, amas de filtres dégueu qui ne sont pas les meilleures idées d’un film post Dogme. Il y a pourtant un truc avec les paysages, une désolation permanente, on est loin du polar touristique. Ça pue la mort dans chaque plan. Il y a une étrange correspondance entre l’idée qu’on se fait de l’Islande des années 70 (L’enquête remonte à des faits vieux de quarante ans) et celle d’aujourd’hui, comme si le pays avait cessé de se développer et stagnait dans des bocaux de formol. Il y a cet enquêteur froid comme la pierre, qui mange de la tête de mouton et fume cigarette sur cigarette et affronte en plus de son enquête la toxicomanie de sa fille. On navigue à ses côtés de vieilles baraques miteuses en trous à rats, de cimetière sur la falaise en musée d’organes. Les vieux parquets grincent, les portes vitrées se brisent, les ampoules éclatent et les maisons sont bâties sur un marais qui s’enfonce et regorgent de sous-sol où des corps d’enfants sont retrouvés sans leur cerveau. La construction du film est on ne plus informe mais le geste et cette fascination pour la décrépitude me plait. Des choix discutables (Comme il y en aura aussi dans les autres films de Kormakur) viennent entacher l’ensemble, notamment cette récurrence musicale faite de chœurs d’église mais cette enquête qui se perd dans un dédale de consanguinité, neurofibromatose et meurtres à coups de cendrier se révèle passionnante. Bien que super méga glauque, tu l’auras compris.

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silencio


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