Sous les muscles.
6.5 Meilleur film de Roschdy Zem, haut la main. On y suit les retrouvailles entre Antoine, un petit délinquant surendetté qui doit du fric à de plus grosses racailles que lui, de retour au foyer paternel pour se mettre à l’abri, et Vincent, son père, donc, qu’il n’a pas vu depuis cinq ans et qui entre temps, est devenu bodybuilder. Il y a un côté Toni Erdmann dans l’univers du culturisme, sauf que le père, qui n’arbore ni dentier ni coussin péteur, est au premier abord drôle malgré lui dans son obsession de respecter un régime stricte à base de 400 œufs semaine et de se passer en boucle Pumping Iron, un documentaire sur le milieu du culturisme et principalement sur Schwarzennegger. Et Bodybuilder devient passionnant et beau dès l’instant qu’il filme ce curieux univers, où on enquille entrainements douloureux et gavage protéiné pour ressembler à un tas de muscles et de veines gonflés à bloc : Discipline hors de prix, qui ne fait rien gagner d’autre que la fierté d’avoir exhibé tes formes sur un podium. Mais Zem n’est jamais moqueur, il aime ce qu’il voit, il croit en son potentiel fascinatoire, spirituel et rédempteur. Il fait de cette salle de musculation – Que tient le père d’Antoine – un véritable terrain de reconstruction, masochiste et halluciné. Et le film est émouvant dès l’instant qu’il se replie sur sa relation père/fils – Pour te dire, quand Vincent parle de sa passion avec Antoine, j’ai pensé à cette merveilleuse scène de Freaks & Geeks entre Bill et le coach Ben Fredricks. Et s’il lorgne parfois du côté du polar, il n’y sombre jamais, s’y refuse constamment au profit d’une vraie possibilité de reconstruction familiale. Si Rottiers est très bon, comme à son habitude, celui qui joue son père, Yolin François Gauvin, et qui n’est donc pas acteur puisque culturiste à la vie, est à mes yeux la vraie révélation du film. Il m’a rappelé le Mickey Rourke de The Wrestler, c’est dire.