Mise en scène sur ordonnance.
4.5 On est bien loin de la réussite majeure et surprise qu’avait constitué il y a deux ans le très beau premier film de Thomas Lilti : Hippocrate. Médecin de campagne se contente du catalogue sans jamais penser à comment le raconter : Le film est formellement digne d’un banal téléfilm ou reportage de JT. Malgré tout, Cluzet, celui que je craignais le plus, tire son épingle du jeu, trouvant le ton juste pour jouer ce médecin de campagne, donc (à Chaussy, pas loin de chez moi) qui persévère dans son dur métier (Il travaille jour et nuit) alors qu’il est atteint d’une tumeur. Un sujet bien lourd compensé par la présence d’une femme médecin, qu’on a envoyé pour le seconder, dans la perspective de le remplacer. Ce qui se joue entre les deux, le combat pour se comprendre, le secret de l’un face à l’effacement total de l’autre (Zéro background la fille, personnage même pas écrit, dommage pour la toujours très gracieuse Marianne Denicourt) est très mécanique (La mise à l’épreuve de la consœur perdue notamment quand elle coupe plusieurs fois la parole à son premier patient, c’est tellement forcé, un exemple parmi tant d’autres) mais bien plus intéressant que le regard documentaire du film, qui semble observer le patient avec surplomb ou tout simplement faire état de présence pour faire avancer l’intrigue principale. Lilti ne filme pas les gens mais des figures : Le vieillard, les gitans, le garçon autiste, l’ado enceinte, le méchant. Disons qu’on le sent investi d’une double mission théorique moins cinématographique que sociétale à savoir de parler d’euthanasie et des conditions difficiles et mal subventionnées de la médecine de campagne. Autant regarder un reportage que ce genre de fiction qui progresse à grands coups de raccourcis scénaristiques, faussement ouverte sur le monde.