Je suis ton père, ne t’en fais pas.
5.5 Bien qu’elle ne soit pas toujours très fine ni inspirée, la petite musique qui habite la filmographie de Philippe Lioret me rend son cinéma très sympathique justement parce qu’on le reconnait au milieu des autres productions françaises qui se veulent auteuristes et populaires. C’est pas Rohmer ni Hong Sang-soo évidemment, mais on sent une certaine continuité d’un film à l’autre, une cohérence dans ses thématiques (Le secret, la perte, la famille) et une retenue élégante même si elle a tendance à verser dans la complaisance.
Il y a deux problèmes avec le peu stimulant Fils de Jean : D’une part, au début, les dialogues sonnent souvent faux, ils sont trop écrits pour faire naturalistes et du coup, expatriation de son cinéma (Le film se déroule surtout au Québec) oblige, on a peur de voir des personnages encore davantage réciter leur partition – En fait ça va, Notamment car Gabriel Arcand est très bon.
L’autre problème, c’est que le film est trop proche, dans sa construction, son développement, son crescendo, sa conclusion d’un autre film de Lioret : Je vais bien, ne t’en fais pas. Leurs titres orientent d’ailleurs vers la même direction, le mensonge : Le frère de Lili n’allait pas bien et Mathieu n’est pas le fils de Jean. Quand on a compris ce vers quoi le film tendait à ressembler, les mécanismes sont prévisibles (La casquette jaune, le stéthoscope…) et il faut vraiment attendre la toute fin du film pour le voir s’ouvrir à l’émotion. Même si un peu plus tôt il y a ce beau jeu de séduction nocturne sur un balcon, entre la fille de Pierre et le faux fils de Jean – Qui aurait pu donner un résultat super malsain en y réfléchissant.
C’est un peu ce qui me gêne chez Lioret de manière générale, il aime tout offrir d’un coup, à la fin. Mais je préfère malgré tout quand il fait trainer ainsi, qu’il la joue méticuleux, pudique et bienveillant avec ses personnages, plutôt que quand il surligne tout comme un cochon dans Toutes nos envies, son précédent film. Et puis la fin est vraiment très belle et rappelle d’ailleurs beaucoup le dernier plan de Je vais bien, ne t’en fais pas : La beauté du présent et l’espoir de se retrouver.