Braquage foireux.
4.5 J’aime beaucoup ce qu’Avary a tiré de Rules of attraction, le bouquin de Bret Easton Ellis, exploit puisque inadaptable comme tous ses livres. Un peu comme lorsque Anderson se farcit Pynchon, quoi, le film a beau être hyper bancal, j’ai forcément de l’indulgence tant qu’on a réussi à en retranscrire le sel et l’univers. Malheureusement, assez déçu par Killing Zoe. Certes j’en gardais un souvenir mitigé de sous-Tarantino (Il en est d’ailleurs le producteur exécutif) mais tout de même plus attachant que cette toute petite chose anecdotique et un peu ratée, qui il faut bien le reconnaître, n’a pas gagné en vieillissant. Notamment à cause des nombreuses idées de mises en scène / montage foireuses façon jeune branché (La séquence de la cave parisienne, par exemple) qui aujourd’hui font aussi risibles que du Besson ou du Kounen. Je me souvenais vaguement du braquage et ses masques de carnaval scolaire, mais j’étais persuadé que le gros du film se déroulait dans la banque. En fait non, il faut bien trois quarts d’heure avant d’y entrer et le film, d’ailleurs, s’améliore alors un peu, canalise sa folie avant de la faire exploser, un peu comme dans Une nuit en enfer, de Rodriguez mais aussi un peu trop comme Reservoir dogs. Regardable hein, mais oublié dans la seconde.
Ouh là là, je vous trouve dur. Je crois que j’adore chaque minute de ce film qui montre un Paris si réaliste qu’il en devient fantastique (alors que tout a été tourné à Los Angeles hormis 1 journée de tournage dans la capitale). Les hotels, les clubs, la scène avec Nosferatu à la TV, Anglade qui dit avoir le sida, les masques, la couleur rouge, le hardeur Ron Jeremy qui se prend une balle, le dialogue mélangeant français et anglais, Delpy aussi irrésistible que dans les Linklater, la somnolence… KILLING ZOE est l’oeuvre d’un poète.
C’est le souvenir que j’en avais, oui, d’un polar somnolent, un peu hors du temps. Mais curieusement ça m’a laissé complètement froid cette fois.