Loving – Jeff Nichols – 2017

19L’amour et le monde.

   6.5   Avec un an de recul je me rends compte qu’il ne me reste absolument plus rien de Midnight special, qui m’apparaît aussi vide qu’antipathique. Sur le papier, Loving faisait peur. La ségrégation vue sous l’angle d’un couple mixte dans le Virginie des années 50 pouvait donner quelque chose de très scolaire et lacrymal. Mais Nichols, dont je retrouve partiellement ce qui m’avait tant séduit dans Take Shelter (Il s’agit ici moins de se créer un abri que de bâtir une maison de famille) trouve la bonne distance (Une retenue telle qu’elle peut aussi déstabiliser d’ailleurs) pour traiter cette histoire d’amour autant que cette page de l’Histoire de l’Amérique, puisqu’il s’agit aussi d’en venir à cette jurisprudence qui permit de faire accepter le mariage mixte dans un Etat puis dans un autre.

     C’est aussi dans son approche topographique que le film me plait : à la fois très statique, ancré dans une campagne isolée dans laquelle on essaie de se construire des murs mais aussi très mobile, notamment via ces nombreux voyages en voiture (Les plus belles séquences de Midnight special se déroulaient déjà sur la route) que Mildred et Richard Loving font pour quitter un Etat, s’installer dans un autre, revenir, repartir, faire un échange nocturne. Le film aurait pu être hyper pompier dans sa manière de tisser les rebondissements, traiter les naissances des enfants, par exemple, mais il manie cela avec une pudeur irréprochable et ce sont d’ailleurs ces enfants qui donnent les clés temporelles au film et permettent aux ellipses d’être judicieusement placées, dosées.

     Au-delà de son histoire d’amour, jouée par deux acteurs parfaits, ce sont les rôles secondaires qui interpellent tant Nichols n’en fait pas de bêtes stéréotypes : L’avocat par exemple, semble un peu ridicule dans son obsession (un brin mégalo ?) à croire en la réussite procédurière, mais c’est justement sa croyance qui permet à Mildred de croire et à Richard de la suivre. Disons que ça aurait pu être quelque chose de très sombre, très âpre (Loving n’est pourtant pas exempt d’une tension latente, de violences en sourdine), malgré la fin positive, mais Nichols en tire quelque chose de très doux, bienveillant à la mise en scène sobre sans être générique. Il y avait tout pour faire un truc académique, mais en choisissant de mettre uniquement à profit son couple, qui, plus amoureux que militant, souhaite vivre sa vie sur ses terres en famille, le film devient simple, humain et émouvant.

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