Mises à nu.
6.0 The Affair avait les cartes pour s’en aller en deux saisons. Le pourquoi du comment des flash forward qu’on retrouvait régulièrement en fin d’épisode était révélé en scellant cette histoire à quatre (Alison, Noah, Cole, Helen) par un étrange accident/meurtre qui ouvrait la voie à d’autres mensonges, d’autres chemins de vie. Comment se redéployer quand les deux grandes storyline (la relation adultère entre Alison & Noah, la mort de Scott Lockhart) sont échaudées ? Que cette nouvelle saison s’ouvre après une ellipse de plusieurs années (Qui ne sera jamais clairement dit mais dont on peut deviner la durée grâce à l’âge de Joanie, la fille d’Alison & Cole) montrait d’emblée une envie de redistribuer les cartes.
Pas sûr que The Affair avait besoin de déterrer de lourds secrets inavouables (Noah trimbale le fard.eau d’avoir offert de mourir à sa propre mère) et opter pour l’option folie paranoïaque. C’est la saison Noah, en fait. Et c’est con, c’est le personnage qui me pose problème durant cette saison. Celui où j’ai d’abord la sensation qu’il y a beaucoup de choses à en dire (Son séjour en prison, son amour resté intact pour Alison, le lien fragile avec son fils, l’héritage de la maison de son père, sa rencontre avec une française) mais qu’on va tout liquider dans une intrigue faiblarde aux imposants relents schizophréniques. J’ai bien cru qu’on allait nous dire que le geôlier n’existait que dans sa tête. Et c’est tout comme.
Un peu trop de Noah durant cette saison, donc. Et trop peu d’Alison. Elle illumine pourtant chaque épisode dans lequel elle se trouve. Les meilleurs chapitres sont les siens. Il pourrait n’y avoir rien écrit pour elle qu’on suivrait son quotidien à bicyclette avec passion. D’ailleurs que se passe t-il pour elle ici ? Une simple affaire de garde d’enfant. Et c’est passionnant, tellement bien écrit, tellement puissant sur ce que ça raconte, en filigrane et sans rien appuyer, de Gabriel, de Joanie après Gabriel, d’Alison jadis cadenassée par les Lockhart, d’Alison qui retrouve la vie au contact d’un père de famille paumé. Alison c’est Le personnage de The Affair, en fait. La saison 3 l’aura trop vite oublié.
Pourtant la série continue de me passionner : Le temps qu’elle peut prendre pour gérer une discussion, un déplacement, les lieux qu’on y traverse, les personnages qui la meublent jusqu’aux plus secondaires (la sœur de Noah, le petit ami d’Helen, Luisa, Whitney…) et la toujours élégante construction qui fait sa marque, même si ça m’a semblé nettement plus gratuit et factice ici. Si le neuvième épisode venait fermer l’arc narratif sur la folie de Noah, de façon assez grotesque, la série allait prendre un risque dans le suivant, justement parce qu’il s’agit du dernier de la saison, en emmenant Noah à Paris et surtout en offrant l’un des chapitres/points de vue à Juliette, dont on ne connaissait encore presque rien.
On aurait préféré revoir Helen ou Alison, mais c’est réussi, j’aime bien ce qu’ils ont crée avec ce personnage qui peut être vu comme un miroir de Noah. Surtout la saison se ferme de façon plutôt miraculeuse sur un chapitre Noah, forcément, mais surtout sur une retrouvaille bouleversante avec sa fille. J’aime trop The Affair donc il m’en fallait peu pour oublier la débâcle de l’épisode précédent (Qu’on peut aussi vite oublier en repensant au sublime épisode 6, avec Alison & Noah, on se refait pas) mais franchement, il me semble que finir là-dessus et sur une promesse de reconstruction familiale (d’un côté comme de l’autre, puisque le compromis semble avoir été trouvé aussi entre Alison & Cole durant l’épisode 10) est une idée lumineuse. Reste à se demander ce que The Affair peut nous offrir dans son ultime saison. Mystère.
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