Goodbye tour.
8.5 J’en rêvais tellement de voir Girls s’en aller ainsi, via une saison exemplaire – Sa meilleure, haut la main – sur une désagrégation de son groupe (Les vestiges d’amitiés disparues fourmillent mais certaines persistent à y trouver encore un sens, jusque dans cette magnifique dernière apparition à quatre dans une salle de bain étriquée) et une grossesse solitaire. Dix épisodes parfaits, où certaines boucles se ferment et d’autres pas, rappelant qu’Hannah, Marnie, Jessa et Soshanna ont toutes vécues, à leur manière, des grisailles et des éclaircies, des brises et des bourrasques. L’une d’elle pouvait parfois être oubliée (par l’écriture) au détriment d’une autre, mais elles auront existé, nous aurons touché et/ou agacé, quoiqu’il arrive, au sein du groupe ainsi que dans leur propre bulle.
Hannah n’aura jamais été autant au centre du récit que durant cette ultime saison. Logique étant donné que Girls est le bébé de Lena Dunham, qu’elle lui faisait ses adieux et que les maigres relations qui restaient du groupe ne pouvaient permettre de leur offrir à chacune un temps d’image similaire – à moins de pondre quatre parties par épisode, façon The Affair. C’est Hannah qui est partout. Seule souvent ou accompagnée ici d’un jeune surfeur de Montauk (Riz Ahmed, de The Night Of, dans un très beau premier épisode), là de son colocataire Elijah (Il faudrait presque faire une série uniquement sur cet acteur / ce personnage) ou d’Adam dans de brèves retrouvailles, assez bouleversantes d’ailleurs. Dès cet instant, la fin de la série semblait toute tracée, mais au moyen de ses ellipses dont elle est coutumière, Girls va choisir autre chose.
Si Girls n’a cessé de scander qu’elle était la voix de la génération Y, elle aura aussi parfois brossé le portrait d’un couple de quinqua en pleine mutation jusque dans leur rupture et son aveu à lui d’homosexualité. Certes souvent de façon détachée, mais toujours là en filigrane. Et si la série s’ouvrait, il y a cinq ans, sur une dispute entre Hannah et ses parents qui décidaient de lui couper les vivres, elle se ferme aujourd’hui sur l’acceptation douloureuse d’être mère, d’aimer et d’être aimé de ce tout petit être qu’est son enfant. On se retrouve donc avec un épilogue en deux parties, une double sortie. Une fin attendue, groupée, scellant définitivement l’amitié de nos quatre Girls de Brooklyn. Et une autre, plus confidentielle, construite sur une assez imposante ellipse, qui semble moins fermer un chapitre qu’ouvrir un autre livre. Ça me plait bien.
Un mot sur les corps, car c’est une série un peu plus crue que les autres, de ce point de vue-là. Lena Dunham n’aura cessé de se mettre à poil, dans les situations les plus inconfortables (Positions échevelées avec Adam Driver, partie de ping-pong…) mais sa mise à nu n’aura jamais été aussi poussée que durant cet ultime épisode, dans lequel, symboliquement, elle rappelle constamment qu’elle a tout donner pour Girls / qu’elle s’est littéralement mise à poil : On la voit sortir de son bain, donner son sein, tirer son lait, donner son futal à une gamine nue dans la rue, parler de son anus et son vagin, pester contre ses mamelons. Donc si ce dernier chapitre semble statuer sur une banale entrée dans l’âge adulte, une sortie un peu trop parfaite, tout ce qui s’y déroule – aussi bien dans ce qu’il est abordé que dans son étonnante construction – reste du pur Girls.