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Archives pour 30 avril, 2017

Grave – Julia Ducournau – 2017

30Naked blood.

   8.0   Qu’il est bon de voir un film de genre français prendre autant de libertés avec les coutures de jeu, de scénario, de mise en scène qu’il est coutumier de voir dans un premier long métrage. Si le film de la jeune Julia Ducournau (33 ans) en évoque d’autres, ce qui frappe avant tout c’est l’affranchissement qu’il fait état dans un genre sinon moribond, parcouru d’éclats trop rares, et souvent englué dans le citationnel.

     Je me demande si ce n’est pas la plus belle (audacieuse, innovante, stimulante) incursion horrifique dans le cinéma français depuis Trouble every day (2001). Non qu’ils se ressemblent, mais ils appartiennent tous deux à un sous-genre du cinéma d’horreur : Le cannibal movie. Non qu’ils soient à proprement parlé horrifique d’ailleurs, disons qu’ils ouvrent une brèche dans un genre trop corseté. Et si Claire Denis avait fait du sien un monstre passionnel cerné par une société indifférente, Julia Ducournau opte pour la body horror et pousse à son paroxysme cette inédite crise d’émancipation.

     Grave aurait pu se reposer sur son postulat. Si Justine, cette jeune étudiante vétérinaire, est végétarienne, c’est une affaire de sens (L’écriture est vraiment brillante) et non d’un simple fondement théorique. C’est évidemment en se pliant au traditionnel bizutage de l’université (Car Grave est aussi un super campus movie) que Justine va manger un rein de lapin cru. Un végétarisme brutalement mis en branle dont les répercussions vont vite apparaître : allergies cutanées, démangeaisons, vomissements. Justine fait sa mue. Puis choure un steak à la cantine, dévore une escalope à même le frigo, jusqu’à la déjà fameuse séquence du doigt.

     Si le film est si beau c’est qu’il tente (et réussit presque) tout. Il n’est jamais satisfait par les saillies qu’il égrène. Il y a du Cronenberg en lui, dans sa fascination pour le monstrueux (Crash) et son moite crescendo de métamorphose (La mouche) ainsi que dans son duo mortifère (Faux-semblants) – Magnifique relation entre les deux soeurs. Surtout il montre des choses qu’on n’avait jusqu’alors peu vu au cinéma et encore moins chez nous : Sans verser dans la complaisance à l’hémoglobine et la scène choc, il y a une crudité étrange qui parcoure le film, une fascination pour les poils, la sueur, l’eczéma, la merde autant que pour le sang.

     Finalement, en choisissant le mélange des genres, puisqu’il chevauche le teen-movie, le drame familial, le comique et l’horreur, Grave est le film casse-gueule qu’on rêvait de voir, capable de se réinventer partout, de se perdre parfois pour mieux rebondir, d’aligner les séquences sidérantes dans une esthétique propre, à l’image du plan-séquence de la fête, du bizutage en bleu et jaune, du massacre à distance (l’accident de voiture) ou d’une étrange escale autoroutière. Le tout ponctué par une bande-son idéale. Je suis pas loin d’y retourner.


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