L’effrontée.
Première fois que je parle de tennis sur ce blog. Première fois, aussi, que je voie une finale en différé. Habituellement j’aurais seulement pensé à le faire car voir un match (de tennis comme de foot) en connaissant le résultat disons que j’y crois moyen, disons que ça détruit clairement quelque chose. Mais là il le fallait.
Parce que Ostapenko, déjà, coup de cœur / découverte / rayon de soleil absolu. Et parce que le tournoi féminin était passionnant cette année, imprévisible et vivant. Contrairement à la compétition masculine, un peu chiante, stéréotypée, bourrine – Sampras puis Nadal ont fait beaucoup de mal au tennis moderne. C’est dit. Ça ne m’a cela dit pas empêché de vibrer devant cette merveille d’affrontement Wawrinka/Murray en demi-finale.
Bref.
J’étais persuadé que Simona Halep allait survoler la rencontre puisqu’elle avait déjà joué une finale à Roland. J’étais certain, aussi, que Jelena Ostapenko allait, samedi, quitté brutalement le nuage sur lequel elle roucoulait depuis quinze jours. Rattrapée par l’enjeu et ce qu’il représente.
Et pourtant.
20 après l’épopée magnifique d’un quasi inconnu sur le circuit, Gustavo Kuerten, le tennis prouve qu’il peut toujours être surprenant. Il n’y a pas de coïncidence, Jelena Ostapenko (qui aura donc dominé Stosur, Wozniacki, Bacsincsky et Halep, rien que ça) est née pile poil le jour du sacre du brésilien. Il était alors 66e joueur mondial, il avait 20 ans, elle était 47e avant l’entame de ce RG 2017. Un tel alignement de planètes est rare.
La lettone a été incroyable. Limitée par son jeu « ça passe ou ça casse » (Autant de coups gagnants que de fautes directes : 54/54) elle a su rebondir, tout en insouciance et abnégation. A bloc sur chaque frappe, c’est elle qui faisait le match. Elle aurait pu l’offrir (A 6.4 3.0 balle de 4.0 ça sentait le roussi, lorsque la roumaine servait pour mener 4.1 dans le set décisif, aussi) mais elle l’a gagné.
Je suis ravi de revoir une telle énergie sur le circuit, cette fougue, cette insolence, cette désinhibition – Façon Michael Chang – ce vent de fraîcheur et ce magnifique sourire, qui manquent souvent au tennis moderne. Et puis cette natte. Ce revers. Et quelle puissance de feu dans chaque coup !