Les beaucerons de l’apocalypse.
6.0 On va grossièrement dire que c’est un peu en dessous de Eldorado (2008) mais bien au-dessus des Géants (2011). Si ces films ne me laissent pas de trace impérissable, je suis chaque fois surpris par la qualité des réalisations de Bouli Lanners, qui semble avoir gardé le meilleur de son passage devant la caméra chez Délépine & Kervern. Ce nouveau film impressionne par l’humanisme qui le traverse, malgré l’aspect fin du monde, malgré l’impression qu’il y fait nuit en plein jour, malgré une complaisance dans l’excès de mines patibulaires. Surtout, j’ai la sensation que Lanners est arrivé à « maturité » dans sa dimension plastique, il semble vraiment avoir trouvé sa voie, son image à lui, quelque part entre Bruno Dumont & Alain Guiraudie – La Beauce un peu filmée comme la côté d’Opale de chez l’un ou le grand Causse de chez l’autre. Et puis il faut reconnaître que rendre une si petite intrigue (Deux chasseurs de primes sont engagés pour retrouver un téléphone au contenu compromettant) aussi grande, dans un espace qui se confine majoritairement dans des plaines grises, entrepôts délabrés ainsi qu’autour de la voie d’essai de l’aérotrain d’Orléans, désaffectée depuis belle lurette (La plus belle idée du film) offre an film une singularité géographique, d’abord, ainsi qu’une sensibilité bienvenue. Dommage que le film se perde (un peu trop à mon goût) dans une dimension spirituelle archi marquée tant il réussit si bien dans ses moments dépouillés et décalés. Le duo Lanners/Dupontel fonctionne bien. Le couple de SDF est merveilleux. Suzanne Clément et Philippe Rebbot (en Jésus) sont comme à leur habitude : Parfaits. Et les apparitions brèves de Lonsdale & Von Sydow terminent d’en faire une curiosité un peu improbable. La région Centre-Val de Loire a son western.