Le temps de mourir.
8.5 Ma première rencontre avec le cinéma de Schoendoerffer père. Je n’en attendais rien et c’est une merveille. L’intégralité du film se déroule sur quelques jours de Mai, en 1954, dans la jungle du Nord-Laos au sein d’une section franco-laotienne menacée par les troupes Viêt-Minh, peu avant la chute de Diên Biên Phu. Il s’agit donc moins d’un combat que d’un repli, les soldats sont perdus, usés, chaque jour nombreux d’entre eux agonisent, et l’objectif (rejoindre une colonne de renfort, qui entend-on à la radio qui crachote les informations, aurait été prise par l’ennemi) est aussi flou que l’ennemi qu’ils fuient, dont on ne verra jamais le visage. Débarrassé d’attributs romanesques, le film capte à merveille les gestes, l’action, cet état d’épuisement, la répétition des sentiers escarpés, les embuscades, les corps dans la boue, l’attente aussi. Le noir et blanc signé Raoul Coutard est sublime. Bruno Cremer incarne un adjudant téméraire, baroudeur volubile et expérimenté qui a jadis officié dans la Wehrmacht quand Jacques Perrin (Juste avant de camper Maxence chez Demy) est un lieutenant optimiste et doux rêveur. On sent que le film est tourné sur place, la forêt transpire de chaque plan, autant d’un point de vue pictural que sonore. Surtout, les conditions militaires de tournage ont été recrées sur plusieurs semaines, afin d’accentuer la fatigue et la souffrance des corps, la fatigue des acteurs eux-mêmes, ce qui ajoute un supplément de réalisme, qui devait être une priorité pour l’auteur, qui fut photographe de guerre en Indochine.