L’arroseur arrosé.
7.0 S’il est loin de faire partie de mes Spielberg préférés je lui reconnais une aisance narrative et des qualités rythmiques largement au-dessus de la moyenne. Mon problème avec Minority report et ça l’a toujours été est avant tout une gêne plastique. Je trouve le film assez laid, en fait. Loin du choc que constitua le sidérant La guerre des mondes, qui le suivra trois ans plus tard. On est davantage dans la veine AI, intelligence artificielle : Spielberg nous avait fait regretter Kubrick, là il est un peu dévoré par le matériau de Philip K. Dick. Certes ça ne l’empêche pas d’y insuffler sa personnalité, ses visions fulgurantes, son hallucinant mouvement, mais nettement moins que ça à quoi il nous a habitué et qu’il ait parvenu à reproduire dans sa sublime relecture de Tintin, qui faisait peur et qui s’avère être sa plus belle réussite depuis dix ans. Malgré tout, la profusion d’images pourrait être indigeste mais la mécanique est limpide. C’est un très beau thriller futuriste doublé d’un mélo archi noir qui gagne en densité chaque seconde et qui fonctionne toujours à merveille aujourd’hui, quinze ans après sa sortie. Ça m’a beaucoup plu de le revoir.