Les quatre cents conneries.
5.0 Si je suis peu sensible au cinéma de Christophe Honoré je dois reconnaître qu’il dynamise chaque fois le matériau qu’il adapte, ici deux romans de la Comtesse de Ségur, en construisant « un film pour enfants » sans tomber dans le ringard attendu, d’une part car les gamins sont excellents, en ce sens qu’ils jouent comme sont des gamins de leur âge, mais aussi car le film brise quelques conventions, dans sa construction tout d’abord (La seconde partie arrive à poing nommé et rompt le tempo d’une première sur le point de se pantouflardiser) ainsi que dans son parti pris à priori casse–gueule de passer la quasi intégralité des séquences animalières (Sophie cumule les séquestrations / mises à mort de bestioles) en animation avec un trait aussi fin que schématique puisqu’il est l’œuvre de Benjamin Renner, celui qui s’était occupé du dessin du très beau film d’animation, Ernest et Célestine. Hors gosses, les deux personnages forts ce sont les deux « mamans » de Sophie. L’une en femme déprimée et mère dépassée est magnifique, déjà loin, déjà morte avant de mourir, en somme. L’autre en marâtre terrifiante parvient à être tout son contraire et séduire autrement, par sa dureté maladroite et pathétique. Golshifteh Farahani et Muriel Robin sont hyper bien choisies pour le coup. C’est donc une chouette relecture trufaldienne entre L’enfant sauvage et Les 400 coups. Honoré trouve son propre maniérisme, sa propre diction, parfois c’est un peu maladroit, comme ça pouvait aussi être le cas chez son maître, mais il y a une fraîcheur stimulante là-dedans qui le rend attachant. Et puis j’aime bien que le film soit ni franchement joyeux, ni franchement tragique, qu’il trouve un curieux équilibre notamment via ces deux parties franches, qui font tenir l’ensemble même si comme pour Les chansons d’amour il y a dix ans, je pense qu’il ne m’en restera pas grand-chose et je ne sais pas trop à quoi ça tient.
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